Le pendule de Huygens [Tome 1] : La synchronisation des balanciers

XXIII - Sésame ouvre-toi

Hôtel Francard - Paris
Mercredi, 09 avril 1884

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J'appelai Roseline et lui donnai mon petit mot à destination de Jeanne. J'y avais noté ceci :

« Roseline te contera en grande partie toutes nos aventures. Je viendrai t'expliquer en personne le reste demain. Nous sommes rentrés il y a peu, et je suis fatiguée.

Louise Langlois »

Ma femme de chambre se saisit du papier et me dit.

- Madame Louise, vous pouvez compter sur moi. Je pars de ce pas.

Je la regardai filer avec le sourire. En envoyant Roseline là-bas, j'étais sûre de ne pas l'avoir dans les pattes avant un bon bout de temps.

A présent direction le bureau du mari de Louise pour espérer y trouver des réponses. Mais lesquels ? En montant les marches de l'escalier de marbre j'émettais mes premières hypothèses : à mon avis mon « tendre » époux faisait de la contrebande et avait voulu doubler tout le monde. Ce qu'il avait probablement réussi à faire, sauf, qu'il voguait à présent vers la Cochinchine pour se faire oublier. Quel couard !!!

Une fois à l'étage, en poussant la porte, je fus surprise de trouver Adelin installé au bureau d'Anatole. Je ne pus m'empêcher de penser à notre petite scène de tout à l'heure. Peut-être voulait-il garder un œil sur moi ? Etre sûr que je ne cacherais rien de mes découvertes, ou pire, que je ne ferais rien disparaitre. La confiance régnait !

Enfin passons. Je lui fis néanmoins un petit sourire et démarrai mes recherches en me dirigeant directement vers le meuble classeur, qui se trouvait entre les deux fenêtres surplombant le jardin. Juste dans le dos d'Adelin je démarrai mes fouilles, sauf que pour l'ouvrir, je m'aperçus vite qu'il me fallait une clé. Je glissai alors mes mains machinalement au-dessus du meuble. Mais rien. Je me retournai vers Adelin et regardai par-dessus son épaule pour voir, si elle ne trainait pas sur le bureau.

Je devais reconnaitre que je marchais sur des œufs avec lui. Je ne savais pas si je pouvais solliciter son aide pour trouver mon précieux sésame, je n'osais pas lui parler pour ne pas le déranger, notre relation était si fragile qu'elle pouvait se rompre à tout instant.

Moins j'en disais, moins je risquais de me compromettre. Mais au final c'était ridicule car, je n'arrivais pas débusquer cette clé. Je me décidai à changer de site de fouille, en gardant bien en tête que, dès que le bureau serait libre, je chercherais dessus cette maudite clé.

Je m'approchais d'une des deux bibliothèques dressées de chaque côté de la cheminée pour en parcourir ses rayons. Il y avait une collection incroyable d'Atlas. Je reconnus les reliures des six volumes de la France Illustrée par Matle Brun ou encore les huit tomes de la géographie universelle. Une autre étagère était consacrée aux cartes maritimes alors que sa voisine du dessus abritait une série d'atlas coloniaux.

Dans un autre contexte je me serais assise sur les voltaires installés devant la cheminée, avec un de ces livres pour le feuilleter et en découvrir leurs cartes fascinantes.

Mais à la place je regardai l'autre rayonnage qui lui, était consacré à l'histoire, notamment celle écrite par Victor Duruy. C'était une mine d'informations. Il y avait tous les volumes de l'histoire populaire de France. Je lus sur la tranche des livres du même auteur, les périodes auxquelles il faisait référence, le moyen-âge, les romains ... A mon époque future, cette bibliothèque aurait été un vrai trésor pour les collectionneurs.

Tandis que je continuai mon exploration, mon regard fut attiré par une boite sur l'étagère, posée juste à côté de revues politiques. Elle était en acajou ornée d'une gravure en étain représentant une scène de banquet. Juste en dessous du couvercle que j'essayai d'ouvrir sans réussite, il y avait une serrure, vide. Evidemment... ! Je regardai autour de la boite. Rien ! Quelle manie de tout fermer à clé et de ne pas les laisser dessus ! En même temps c'était l'idée, sinon pourquoi avoir une clé.