11. First night

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Une Erin surexcitée, en pleine conversation téléphonique, vient m'ouvrir brusquement. Elle me fait signe d'entrer, l'air soulagé de me voir sur le pas de la porte, puis retourne immédiatement d'où elle vient. 

En traversant l'entrée de la maison, je l'entends s'agacer au téléphone :

- On avait dit vingt heures ! 

Son interlocuteur doit se confondre en excuses : en raccrochant, sa voix est redescendue d'un ton. 

Elle se tourne immédiatement vers moi, l'air excédé :

- Ce putain de traiteur est en retard. Viens, on a du boulot.

Jusqu'à présent concentrée sur elle, je n'avais pas remarqué le luxueux salon dans lequel je me trouve. Je n'ai jamais eu l'occasion de mettre les pieds dans une telle pièce, de près ou de loin. Très haut de plafond, il est décoré dans des tons gris et beige. Au fond à gauche, dans une immense cuisine ouverte en laqué blanc, des employés s'activent. 

Le plus incroyable, dans cette pièce, ce sont les deux escaliers ouverts, de part et d'autre du fond de la pièce, qui donnent chacun sur un côté de l'étage. Entre les deux, de grandes vitres ouvragées donnent sur un grand parc. Un piano à queue noir trône au centre de la pièce. D'immenses canapés beiges ont été repoussés contre les murs. Un grand buffet est dressé vers le fond, près des escaliers. Le problème d'Erin, c'est que pour l'instant, il est vide. 

Elle fait soudain claquer ses doigts devant mes yeux, interrompant là ma contemplation émerveillée, et m'ordonne sur un ton sans appel :

- Mélanie, s'il te plaît, bouge toi !

En la suivant jusqu'à la cuisine, je lui glisse doucement :

- Quand tu disais que c'était immense, tu ne plaisantais pas... 

-  Non. Chuck a les moyens d'être génial. Tiens, prend cette vaisselle et dispose la sur le buffet. 

Je prends le plateau de coupes en cristal qu'elle me tend et lui demande en rigolant :

- Ça fait partie du job, ça ?

Elle me rétorque d'une voix tendue :

- Quand il y a des soirées comme ça, oui. Et n'oublie pas ce que je t'ai dit : discrétion et professionnalisme. On n'est les amies de personne, ici.

Je lui réponds très sérieusement : 

- Oui, OK, bien sûr. 

Je tourne les talons jusqu'au buffet, et j'essaie de m'appliquer pour disposer les verres. Je ne veux pas être une source de stress supplémentaire, et encore moins la "stagiaire boulet" qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu. Elle est extrêmement tendue par rapport à cet après-midi, et je me demande si c'est uniquement le retard du traiteur qui la met dans cet état. 

Je suis interrompue dans ma tâche par l'un des serveurs. Il est en train de disposer des bouteilles et divers cocktails sur le buffet. Il me fait un clin d'œil :

- Première soirée ? 

Je le trouve tout de suite sympathique : son sourire enfantin est communicatif, il a de petites fossettes et une bouille de nounours. 

Je souris : 

- Ça se voit tant que ça ?

- Alors... non seulement je ne t'ai jamais croisée nulle part, mais en plus tu n'as pas l'air habituée à disposer des verres. 

Merde, qu'est-ce qui ne va pas avec mes verres ?

S'amusant de mon air surpris, il retourne toutes les coupes le pied vers le haut tout en m'expliquant :

Alive - Tome 1 - Edité aux éditions HLabOnde histórias criam vida. Descubra agora