✯ Chapitre 25 ✯

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On se croirait à nos débuts. Levi vient voir nos entraînements, et s'en va lorsque nous regagnons les vestiaires. Il répond tout de même à mes messages, mais pas à mes appels.

— Retenez les portes, merci...hé, salut voisin !

Sally, les bras chargés de bouquins se faufile dans la cabine de l'ascenseur.

— Dure journée ?! Demande-t-elle.

— Pas plus dure que celle d'hier.

Je suis d'humeur morose, elle semble le remarquer et choisit d'opter pour le silence jusqu'à notre étage. Je dépose mon sac de course au sol et cherche mon trousseau de clés. Elles sont au fond de ma poche, mais mon esprit est si accaparé par Levi que je n'arrive  pas à mettre la main dessus. Une petite main chaude frôle la mienne, me faisant sursauter.

— Désolée pour l'intrusion...mais tu semblais avoir besoin d'aide.

Je la regarde, sans vraiment la voir. Comme lors de la soirée, où le regard de Levi me passait au travers. Sally sourit timidement et ouvre la porte de mon appartement. Ses livres reposent au sol devant sa porte close. Je remarque une étiquette autocollante, où il est inscrit « visiteur », collé sur son chemisier.

— Trevor, m'interpelle Sally au moment où je m'apprête à entrer dans mon appart. Je comptais me préparer à dîner, tu pourrais te joindre à moi...

Je n'ai pas spécialement envie de compagnie. Mais le regard implorant de Sally me pousse à répondre positivement à son invitation. Son appartement sent comme dans les bibliothèques, les livres. Un nombre incalculable d'ouvrages jonchent sol et toutes surfaces planes.

— Désolée...je n'ai pas eu le temps de ranger, s'excuse-t-elle en ramassant quelques livres sur notre passage.

Je laisse mon regard vagabonder, et apprécie sa décoration, style atelier. Sally m'invite à m'installer sur un gros divan couleur crème. Elle revient prestement avec le verre d'eau que je lui ai demandé, et nous restons un moment avant qu'elle ne reprenne la parole.

— Vous reprenez les matchs quand ?!

— Dans une semaine.

Je réponds machinalement, tout en n'arrivant pas à détacher mon regard de l'étiquette collée sur sa poitrine. Elle le remarque, la décolle et la roule en boule.

— J'ai toujours eu horreur de ses étiquettes, lance-t-elle en s'installant auprès de moi.

Je ne trouve rien à lui dire. Moi-même je n'en suis pas fan.

— Je pense que l'on devrait remettre ça, dis-je en me levant. Je ne suis pas de bonne compagnie ce soir...

— J'arrive peut être à mieux masquer mes sentiments, mais je suis tout aussi bouleversée que toi...et avoir de la compagnie, bonne ou mauvaise, me permettrais de me sentir moins seule.

La gaieté que j'ai entendu dans sa voix, son sourire...n'était qu'une feinte. Je hoche la tête et la laisse me traîner jusqu'à la cuisine. Je suis curieux de savoir qu'est-ce qui a entaché sa gaieté habituelle...et me focaliser sur Sally m'empêchera, peut-être, de trop me morfondre sur moi-même.

— Ma mère...elle est hospitalisée dans une espèce de centre de repos psychiatrique, m'annonce-t-elle alors que j'essore la salade.

Elle garde la tête baissée, fixant du regard la barquette de tomates cerise devant elle.

— De son temps, ma mère était une très bonne écrivaine, continue-t-elle. Sa plus grande série, un thriller sur un tueur en série, est devenue un best-seller dès le premier tome. Petite, j'aimais me glisser dans son bureau et essayer de comprendre ses gribouillis et divers schémas. C'est d'elle que me vient cet engouement pour la littérature...mon père lui me voit plus dans une filière « qui a de l'avenir ».

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