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        De nouveau au salon avec Stefano et ses cousins, Ludmila ne tarda pas avant de dire à Stefano qu'elle devait aller aux toilettes.

Elle s'y rua, ferma la porte à clé et déballa précipitamment le mot :

< On sait tous les deux très bien qu'on doit parler seuls et calmement.
Rejoins moi sur la plage, à 1h00.
- Federico >

Ludmila baissa alors la main.Elle afficha un sourire cachant de la douleur et rit silencieusement, n'en croyant pas ses yeux. Non parce qu'elle était heureuse, ou quoi que ce soit d'autre; mais plutôt parce que elle découvrait un côté de lui qui ne lui plaisait pas. Combien de fois devait-elle lui rappeler qu'elle était avec son cousin ?

— Tu es un sacré numéro Federico..., murmura-t-elle.

Un sacré numéro, séducteur, chanteur et un sacré acteur aussi, oui; il mentait tout comme il respirait.

Elle avait relu le mot au moins une dizaine de fois, les sourcils froncés et la colère croissante maintenant, au fil des lectures. Même si il n'y avait plus aucune chance de réconciliation entre eux, elle ne savait pas quelle était la meilleure chose à faire.

Le rejoindre et lui remettre les idées claires ? En valait-il la peine ? Méritait-il cette attention ? se demandait-elle.

Ludmila avait plus qu'assez de raisons pour ne pas le rejoindre et le percevoir comme une simple expérience très mal terminée du passé. Il sortait avec la fille avec qui il avait été infidèle envers elle, il n'avait pas attendu longtemps après son départ pour coucher avec elle, alors qu'il était soi-disant accablé, et malgré tout cela, il clamait avoir été honnête et avait le culot de dire qu'il l'aimait.

Incroyable.

Et par-dessus tout, c'était assez risqué.

Elle enfouit le mot au plus profond de sa poche et s'adossa au mur en croisant les bras et en laissant sortir un soupir.

Il y avait assez de problèmes avec Stefano, et Ludmila ne voulait pas empirer la situation. Elle préférait garder Stefano auprès d'elle, et ne rien clarifier avec Federico, que de le perdre et d'essayer de comprendre Federico.
D'un autre côté, elle devait avouer qu'elle avait peur. Elle ne voulait pas que les paroles de grand-mère Silvia, dites la veille, soient vraies ou, du moins, le deviennent.

" Si tu ne lui dis pas la vérité, tes yeux le feront à ta place. Tu as beau clamer aimer Stefano [...] mais tu sembles être très attachée à Federico. "

Federico a toujours eu une sorte d'emprise sur elle. Il a toujours su comment la déstabiliser et l'envoûter. Avec l'expérience et le temps, elle avait arrêté d'essayer de lutter contre. Parce qu'elle savait que c'était tout bonnement impossible.

Après tout, c'est lui qui lui avait fait sentir de la culpabilité pour la toute première fois, au studio. C'est lui qui provoquait son changement quand il était près d'elle alors qu'elle avait prévu de mettre en oeuvre un plan machiavélique. C'est lui, le premier, qui voulait l'aider à régler ses problèmes avec sa mère et c'est lui qui a permis sa retrouvaille avec son père après des années. C'est lui le seul qui avait véritablement tenté de la comprendre, de se mettre à sa place. C'est lui qui l'avait acceptée comme elle était malgré la difficulté qui venait avec, malgré le challenge que ça représentait et malgré ce que penseraient ou diraient les autres. C'est lui qui lui avait accordé du temps, et de l'importance, et de l'attention, et c'est lui qui...

Ses pensées s'arrêtèrent là. L'envie soudaine de pleurer lui vint. C'est de lui qu'elle était tombée amoureuse. Il était revenu au studio, et lui avait donné une photo de lui dédicacée, et c'est là que son monde s'était chamboulé, à son insu; sans qu'elle réalise quoi que ce soit et ait le temps de s'en défendre.

RetrouvaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant