2091 (10 novembre, 17h50)

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Laurent et Maeko parcourent les allées du magasin.

Chips, conserves, pâtes, farine...

Papiers de toilette, de mouchoir, de dessin, de maths...

Crayons feutres, à mine, de couleurs, à encre, surligneurs...

Chapeaux de fête, d'été, de Noël, de baignade... De Noël ! Et des chapeaux rouges et blancs de plus dans le panier, au milieu des guirlandes, des décorations de sapin et de cadeaux !

Les deux jeunes accourent à la caisse. Mais la caissière, elle, ne suit pas leur rapidité, et exécute chacun de ses mouvements à la lenteur d'une tortue sur les somnifères.

- Dépêchez, madame ! la presse Maeko.

Les articles sont passés, l'argent, remis, les achats, rangés, ils filent au magasin suivant.

- 17h52, Lau' ! Tout ferme à 18h, on se grouille !

- Je sais, me le rappelle pas une autre fois... grogne son frère.

C'est à la course qu'ils passent la porte du vendeur de vêtements.

- Combien, les vêtements d'hiver ?

Là encore, comme dans tous les autres bâtiments où ils sont allés, le caissier se trouve abasourdi devant leur demande.

- D'hiver ?

- Oui, d'hiver. Vite.

- Euh... Là-bas, à 95% de rabais.

Trimbalant leurs lourds sacs partout, ils empoignent sept tuques, sept vestes, sept foulards et reviennent à la caisse aussi rapidement qu'ils en sortent peu longtemps après.

- 17h58 ! Merde, merde, merde...

- Bonjour, monsieur ! Vous avez des déguisements de Père N...

- C'est fermé, gamins.

L'homme, un grand et vieux barbu, se tient droit devant eux et les toise d'un regard sévère. Son ton bourru ne laisse rien présager de bon.

- Dans une minute seulement, m'sieur... Laissez-nous acheter ce qu'on a de besoin et...

- Pas sur ma montre. Qui sont vos parents ? Vos faces de morveux me disent quelque chose...

Sur la défensive, Laurent répond :

- C'est pas d'vos affaires.

- Couin... Camélia Couin. Dans votre famille, elle ?

Ils opinent en silence.

- Je suis le très fier père de Newan Hall. Vous le détruirez pas, bordel.

Sa voix tangue vers le grave et le menaçant. Mr Hall s'avance lentement vers les deux enfants.

- Il a construit sa vie sur ces élections-là... Mon Newan offre à toute la population de ce pays le repos qu'ils n'ont jamais eu, le confort qu'ils méritent et la paix qu'ils ont tant souhaitée. Z'allez pas démolir tout cet idylle, sinon...

Il fait un pas vers eux.

- Sinon, c'est moi, là, qui va tous vous démolir. Que des cancres, vous aut' !

Laurent et Maeko, qui étaient restés bouche bée jusque là, sortent peu à peu de cette transe terrifiée et prennent la poudre d'escampette.




William Sr fait les cent pas - dans un espace restreint de deux mètres carrés.

Projet ROù les histoires vivent. Découvrez maintenant