— Vous savez quoi ? Je ne veux pas savoir. Ce que vous faites de votre vie ne m'intéresse pas. Je veux seulement que vous compreniez une chose. Ici, ce n'est pas la Maison-Blanche. C'est mon cabinet et c'est moi le patron. Par conséquent, tant que je le serai, mes consignes seront respectées à la lettre. Alors quand je vous donne rendez-vous à neuf heures, vous devez être là à neuf heures. Pas avant, pas après. Me suis-je bien fait comprendre ?

— Oui monsieur. Ou préférez-vous que je vous appelle maître Steward ?

Maître  conviendra, avait-il lancé d'un air hautain. Maintenant, puis-je vous mettre à l'essai ? Non que ce rappel à l'ordre me déplaise, mais j'ai un rendez-vous urgent dans vingt minutes et vous m'en avez déjà fait perdre trois, en plus des cinq minutes de retard que vous avez.

Dès cet instant, Cassandra avait compris qu'entre ce type et elle, le courant n'allait pas passer du tout. Mais elle était restée malgré tout, supportant ses sautes d'humeur et son sarcasme. Hélas, voilà où ils en étaient arrivés. Après six longs mois de calvaire, Cassandra arrivait à saturation. Aujourd'hui avait été le jour de trop. Peter Steward avait osé la défier, et elle avait craqué. C'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Cassandra inspira un grand coup d'air frais en se remémorant la scène. Elle avait du mal à réaliser que cela s'était produit une heure auparavant. 

Flashback :

The Steward Cabinet,

Washington 

7:30 Am

Le téléphone de Cassandra se mit à sonner dans la salle informatique. C'était Peter Steward.

— Où êtes-vous ? 

— À la photocopieuse, pourquoi ? 

— Je vous veux dans mon bureau immédiatement !

Cassandra n'eut même pas le temps de contester qu'il avait raccroché. Choquée par son audace, elle prit sur elle et se rendit tout de même dans son bureau. Elle ne pouvait pas se permettre de désobéir.

— Que voulez-vous ? demanda-t-elle en entrant dans le bureau.

Il la dévisagea bizarrement puis se leva.

— Saviez-vous que Serena serait absente ?

— Oui. Pourquoi ?

— Vous le faites exprès ou vous êtes totalement idiote ? 

— Pardon, je ne comprends pas...

— Si Serena n'est pas là, à votre avis, qui est censée faire son travail ?

— Je l'ignore, mais je me suis portée volontaire pour faire quelques-unes de ses tâches essentielles en plus des miennes qui me pèsent déjà assez. Je ne vais pas m'en plaindre car c'est ma collègue de travail et je l'apprécie beaucoup.  De plus, je suis sûre qu'elle me rendrait le même service.

— Bien, cela est tout à votre honneur. Maintenant, qu'attendez-vous pour commencer ? lâcha-t-il sans état d'âme. 

— Comment ? répondit-elle outrée. C'est ce que je suis en train de faire ! Je suis arrivée ici à six heures, j'ai rangé vos affaires, répondu aux appels, noté vos rendez-vous dans votre agenda. J'ai fait l'essentiel.

— En êtes-vous sûre ? 

— Oui, bien sûr que je le suis.

— Vous n'avez pas oublié quelque chose ? 

— Quoi donc ? 

— Le café que je prends à sept heures pile. Il est sept heures trente et je n'ai toujours rien ! pesta-t-il en jetant un coup d'œil à la Rolex en or accrochée à son poignet.

Bien que ce petit détail semblait futile aux yeux de Cassandra, l'air fermé et énervé de son patron lui laissait entendre qu'il était plus que sérieux.

— D'abord, je n'étais pas censée le savoir... commença-t-elle. Ensuite,  je...

Elle ne put terminer sa phrase qu'il lui avait tourné le dos et conversait tranquillement au téléphone. Ce manque de respect la laissa sans voix. Comment pouvait-il faire comme si elle n'existait pas ? N'avait-il pas une once d'âme de politesse ? Lorsqu'il eut fini sa conversation, il raccrocha et lui fit face à nouveau.

— Vous êtes toujours là ? Ce café ne va pas se faire tout seul.

— Excusez-moi mais je ne m'abaisserai pas à une telle tâche.

— Et pourquoi donc ?

— Parce que je suis la fille du président et non votre bonne à tout faire !

C'était la première fois qu'elle utilisait la position de son père pour se défendre. C'était vantard certes, mais ce type l'avait poussée à bout et il méritait que quelqu'un le fasse redescendre sur Terre. Il vint se placer face à elle.

— Écoutez-moi bien. Vous êtes peut-être la fille ou la princesse de je ne  sais qui, mais ici, dans mon cabinet, vous êtes mon assistante. Donc ma subordonnée, maintenant, soit vous m'obéissez soit vous foutez le camp d'ici. Compris ?

— Vous voulez jouer ? Très bien, regardez. Elle s'avança vers son bureau et balança tout son contenu sur le sol. Je me barre d'ici, j'en ai plus qu'assez de vous ! Allez-vous payer les services d'une servante pour vous apporter votre fichu café ! Mais ce ne sera pas moi. Je m'en vais, ciao ! Hasta la vista ! Au revoir ! Je vous laisse avec votre aigreur, votre froideur, votre méchanceté gratuite et votre mépris. Vous êtes l'homme le plus détestable, arrogant, orgueilleux, asocial que je n'ai jamais eu l'occasion de croiser dans ma putain de vie de merde !

Durant la totalité de son discours, il était resté de marbre, égal à lui-même. Les mains dans les poches et le visage impassible, n'exprimant aucune émotion. Cassandra s'était dirigée vers la sortie et s'apprêtait à franchir le pas de la porte quand il dit :

— Sachez que si vous franchissez cette porte, vous ne remettrez plus un seul pied dans mon cabinet.

— Mais qui vous dit que j'ai envie de remettre les pieds dans ce fichu cabinet ? Je suis la fille du président des États-Unis d'Amérique ! Mon père est au-dessus de tout et de tout le monde. Je peux tout avoir d'un claquement de doigts, tout ! Vous verrez, il me trouvera une place dans un cabinet aussi réputé que le vôtre, si ce n'est plus !

— Votre père est peut-être au-dessus de tout, mais pas de la loi mademoiselle. Et moi et la loi, c'est une autre histoire. C'est ma seconde vie, si vous l'ignorez.

— Je n'ai pas besoin de le deviner. Vu l'être sans cœur que vous êtes, ça pue à des kilomètres que...

— Quoi ? demanda-t-il en lui attrapant brutalement le bras.

C'était la première fois qu'il la touchait. Dans la seconde qui suivit, sorti de nulle part, le garde du corps de Cassandra apparut comme par magie.

— Lâchez-la immédiatement ! ordonna-t-il.

Ryan n'eut même pas besoin de se répéter. L'avocat lâcha Cassandra non sans lui lancer un regard glacial.

— Sortez immédiatement de mon cabinet et que je ne vous y vois plus. Vous êtes virée.

— Vous plaisantez ? Vous me virez ? Mais ne vous donnez pas cette peine, c'est moi qui démissionne.

— Non, mademoiselle. Chez Steward Cabinet, personne ne démissionne. Je vire. Même si vous vouliez partir de votre plein gré, je serais en droit de vous en empêcher puisqu'une clause le stipule dans le contrat de travail que je viens de rompre à l'instant.

Cassandra trébucha, choquée de l'apprendre. Mais virée ou pas, elle ne souhaitait plus jamais remettre les pieds dans ce cabinet dirigé par ce fou. Elle en sortit en vitesse, la tête haute, sans imaginer une seconde les répercussions que cela pourrait engendrer.  

La Fille Du Président Et L'avocat Where stories live. Discover now