Chapitre 15: ... Qui est vite rattrapé par la réalité

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— Je crois que Sharon me déprime plus qu'autre chose donc oui, j'aurais bien besoin de la boisson « déprime » là tout de suite. »

Je m'attèle à la préparation avec beaucoup de concentration puis pose la tasse brûlante à côté de la mienne pour servir. Caleb est surpris du design de la grenouille et l'attrape du bout des doigts.

« Désolé, mais je n'avais que ça. En réalité, j'ai beaucoup beaucoup d'autres tasses, mais le voir boire dans une tasse ridicule est bien plus drôle. Donc, arrête de chipoter et bois puis dis-moi ce que tu en penses. »

Caleb, avec la plus grande des convictions, porte sa boisson aux lèvres après avoir donné un petit coup dans la mienne. Je garde la mienne entre les doigts pour me réchauffer. Lorsqu'il lève enfin le nez d'elle, il a une petite moustache blanche sur celle qu'il a déjà. J'éclate de rire tandis qu'il se joint à moi, amusé. Il nettoie son petit désastre et dit :

« Pas mauvais, pas mauvais. »

Je souris de plus belle puis m'installe à ses côtés. Caleb regarde dans le vide à présent, face contre cuisine tandis que je suis dans le sens contraire, deux éléments complémentaires. Soudain, il se retourne puis dit :

« Je suis désolé Liv'. »

Surprise, je le regarde, manquant de m'étouffer avec mon chocolat chaud.

« Désolé ? Mais pourquoi ?

— Pour tout ce qui va se passer à présent. Pour ce qui va se passer dans le futur, pour ce qui s'est passé avant. Pour tout ça. Sa voix se fait grave alors qu'il met fin à sa boisson. Tu vas être exposée sans que tu ne le demandes. »

Je pose ma main sur la sienne puis la serre légèrement.

« Tu n'as pas à excuser pour ça. C'est moi qui me suis lancée dans l'aventure. J'aurais pu refuser et retourner à Oxford, mais j'ai accepté. Je serais là pour t'aider avec Sharon. Du moins, jusqu'au 31 décembre. »

Un moment de silence s'installe peu à peu. Je retire ma main et suis le regard de Caleb. Il prend dans ses mains le vinyle et me l'agite sous les yeux.

« Je peux ?

— Tu peux. »

Il se lève et installe le tout dans l'appareil. Les premières notes s'élèvent de la face 1 du vinyle. Ce sont les accords de « Englishman in New York » de Sting. Je glousse tandis que Caleb me tend sa main.

« C'est ironique ? dis-je en posant ma tasse sur le comptoir.

— Pas du tout, juste un coup de chance. Il m'attire contre lui, main sur ma hanche et dans ma main. Je dois t'annoncer quelque chose.

— Parle alors !

— Vendredi soir, il y a une soirée pour célébrer ma première semaine en tant que PDG. Je dois amener une personne de mon cercle privé. »

Je reste statique en comprenant.

« Je suis la personne de ton cercle privé, c'est ça ?

— Exact. Tu tiendras le rôle d'assistante et le rôle de compagne. »

Il me fait tourner alors que je lui réponds :

« Ton père sera là ?

— Il sait la vérité, ne t'inquiète pas pour ça.

— Cela ne répond pas à ma question. »

Il soupire tout en continuant de danser, sous les airs jazzy qui sortent tout du long.

« Les médias, de grands actionnaires et ma famille seront là. Tu vas devenir une personne exposée dans deux jours. Cela veut aussi dire que Sharon peut pointer le bout de son nez à tout moment.

— Cela veut aussi dire que tu es séparé de ta femme. Elle ne pourra pas en parler avant de ta tromperie. »

Je me retrouve collée contre son torse, mon dos contre lui.

« Exactement Olivia... Exactement. Nous allons tuer la bête dans l'œuf vendredi soir. Brièvement, il affiche une mine soucieuse puis me repositionne correctement. »

Gênée, je baisse la tête. La chanson prend fin et je me sépare de lui.

« Nous avons dansé pour nous entraîner pour vendredi Olivia. Ne va pas te faire des idées ! Il attrape ses vêtements en les remettant élégamment. »

Il tapote sur son écran pour appeler Samuel puis s'attarde sur ma tasse que je n'ai pas entièrement bue. Il la finit d'un trait puis ajoute avant de sortir.

« Ah et Liv', demain matin, ramène-moi une tasse de ceci, il se reprend, – non –, pas une tasse, un Thermos fera l'affaire. J'écarquille les yeux tandis qu'il s'approche de la sortie. Bonne soirée Madame Lawford. »

Je reste sans voix et murmure « Bonne soirée Monsieur Barnes » alors qu'il est déjà sorti. Je croise les bras en frémissant puis marche vers le tourne-disque pour relancer la chanson.

I'm an Englishwoman in New York. Et mon patron vient de danser avec moi.

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now