Chapitre 8 : You and I

Depuis le début
                                    

— Parce qu'avant, je n'avais rien à perdre, répondit-elle, Maintenant, si.

Anna n'entendit plus rien au bout du fil et elle continua en parlant moins fort, de peur que Noah se soit réveillé dans la pièce d'à côté.

— Je l'aime trop, si tu savais. Quand je ne l'avais pas, c'était supportable comme sentiment, mais maintenant que je l'ai, la possibilité de le perdre m'angoisse à un point. C'est horrible.

— Pourquoi tu le perdrais ?

— Mais regarde-moi Ruben ! S'exclama-t-elle, bien qu'elle essayât toujours de chuchoter, Tout le monde se demande ce que je fais avec lui !

— Non, la coupa-t-il, Pas moi. Tu es brillante, drôle, courageuse, sérieuse. Tu as subi des coups durs depuis ces derniers mois, mais tu n'es pas devenue comme l'autre folle d'Ellie Lefevre qui vient brailler sur tous les toits avec ses tentatives de suicide pour qu'on la remarque. T'es forte Anna et, putain, je te jure que tu as un charme de fou alors arrête de te dévaloriser comme ça !

— Mais...

— Il n'y a pas de « mais » qui tienne ! S'il est avec toi, c'est parce que tu lui plais alors maintenant arrête de pleurnicher et fais-moi le plaisir de retourner dans son lit illico presto ! Non mais qu'est-ce que tu fous dans la salle de bains ? Tu viens de passer ta première nuit avec lui, ça fait des mois que tu en rêves ! Pourquoi tu ne te donnes pas le droit de profiter du réveil plutôt que de t'angoisser comme ça pour rien ?

Anna esquissa un sourire à travers le téléphone. Ruben était vraiment convaincant quand il le voulait.

— Merci, murmura-t-elle du bout des lèvres.

— Mais tu n'as toujours pas raccroché là ? L'entendit-elle s'énerver, Éteins-moi ce téléphone tout de suite !

Sa meilleure amie pouffa de rire et Ruben continua, consterné :

— Tu te fous de moi ? Éteins-le, je te dis !

— Oui, c'est bon ! Déclara-t-elle en coupant la communication.

Anna reposa son téléphone sur le carrelage et laissa sa tête retomber sur le mur derrière elle tandis qu'elle prit une grande inspiration. Ruben avait raison. Il fallait vraiment qu'elle arrête de s'angoisser comme ça sans raison.

Sur cette conviction, elle se releva du sol, se planta devant le miroir de la salle de bains et attrapa sa touffe de cheveux. Récupérant un élastique qu'elle avait laissé hier soir sur le bord du lavabo, Anna les attacha en un chignon. Puis elle passa ses mains sous l'eau froide, s'en aspergea le visage, avant de faire couler un fin filet d'eau entre ses lèvres pour boire.

Une fois calmée, la jeune fille sortit de la salle de bains et reposa son téléphone sur le bureau. Elle rejoignit le lit dans lequel Noah était toujours plongé dans un sommeil profond et se renfonça sous les couvertures.

Le mouvement fit réagir Noah qui se remit sur le dos, laissant à la jeune fille le loisir d'observer son torse nu. Timidement, elle glissa son doigt le long de sa poitrine et remarqua qu'il était plus fin qu'elle ne l'avait imaginé. Sur son torse qui se soulevait à s'abaissait au rythme de sa respiration, Anna pu presque deviner ses cotes sous sa peau basanée. Étrange, songea-t-elle, Il avait pourtant repris le sport depuis le plâtre qu'il avait porté cet hiver.

Un raclement de gorge s'échappa de ses lèvres et Anna remarqua qu'il venait juste d'ouvrir les yeux, perdu entre un début de réveil et un sommeil qui semblait vouloir s'éterniser. Noah referma ses paupières, étira son dos endoloris, et reprit conscience peu à peu. Son visage se tourna vers Anna alors que ses yeux se rouvrirent pour la deuxième fois et il murmura, la voix pâteuse :

NantisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant