La sultane oubliée

Chapitre 13

Lorsque Jafar repris ses fonctions, il remarqua que la sultane n'était plus.
Un soir, il décida d'aller à sa rencontre.
Il allait faire une horrible découverte...
Cette dernière était en fait retenue prisonnière dans une tour du palais. Elle qui était habituée à la chaleur et la beauté de ses riches appartements, n'avait plus qu'un misérable lit ! Une froide et lourde chaîne retenait sa cheville gauche. Tous les jours, des gardes venaient la fouetter ! Bien entendu, ces derniers étaient sous les ordres d'un certain Mustapha... Elle n'était nourrie que de pain rassis et d'eau... Des lambeaux lui servaient désormais de vêtements... Imran et Schérazade n'étaient pas en reste. Les pauvres jumeaux avaient été jetés en cachot. Ce même soir, elle décida de rédiger une lettre à Jasmine. Cette missive disait :

Ma très chère fille,

Lorsque tu liras cette lettre, je serais sûrement décédée. Sans doute te poses-tu des questions à mon sujet... Ton père te répondra sûrement en évoquant une longue et pénible maladie...Saches qu'il n'en est rien ! Tout d'abord, permets-moi de te donner un conseil : n'acceptes jamais un mariage arrangé ! Ne commets pas la même erreur que moi avec ton père... Nous étions fiancés depuis notre naissance. On me le cacha jusqu'à mes quatorze ans... Sous la pression familiale, je fus contrainte d'accepter cet hymen... Ce qui se passa par la suite me montra que jamais je n'aurais dû agir ainsi... Il s'avèra que ton père était un individu violent, égocentrique, et dôté d'une bêtise inégalable ! Jamais il ne me montra un seul signe d'amour ! Au contraire, il me battait au sang, et me dénigrais ! Seul Jafar me fit découvrir le véritable amour... Nous avons certes commis un royal péché... Mais contrairement à ton père, il était intentionné, charmant, et de la plus grande intelligence ! De notre union est né ton demi frère Imran et ta demi-soeur Schérazade... Nous vivions très heureux durant deux années... Jusqu'à ce que ton père découvre leur parfaite ressemblance  avec leur véritable géniteur... Il m'a depuis lors répudiée... Je n'ais par ailleurs plus jamais revu mon cher vizir... Que sont devenus tes pauvres frères et soeurs ? J'espère les revoir une dernière fois... Je suis gravement tombée malade depuis mon emprisonnement... Il me semble ne plus en avoir pour très longtemps, ma pauvre enfant... Saches que je t'aime depuis le jour de ta conception ! Pardonnes-moi pour mon adultère ! Ne te laisses-pas manipuler par ton père ou ses semblables... Ainsi, je mourrais la conscience apaisée...

Avec toute mon affection et mon amour,

Ta maman qui t'aime plus que tout.
                                                    Majida

Elle venait tout juste de finir sa lettre, quand un garde ouvrit la porte de sa prison. Après un sursaut, elle découvrit avec bonheur la présence de Jafar...
"-Ma rose des sables, fit Jafar en la prenant dans ses bras, que t'ont-ils fait ? Lui demanda-t-il, inquiet à la vue de ses innombrables blessures.
-Ceci est maintenant mon quotidien, mon cher, répondit Majida en larmes.
-C'est scandaleux ! Qui plus est à une personne comme toi ! Aucun mot n'est assez fort pour signifier ma fureur envers ton mari !
-Chut, ne parles pas si fort, il pourrait..."
Un malaise empêcha la pauvre sultane déchue de finir sa phrase. Jafar la coucha dans son lit et fit immédiatement appeler un médecin. Ce dernier fit recouvrir la conscience à Majida, et lui donna un médicament, qu'elle ingéra tout de suite.
Après qu'il eut pris congé du médecin, Jafar découvrit la lettre de sa dulcinée, et la lut. Lorsqu'il eut finit de la lire, il alla voir Majida.
"-Ma bien-aimée, quelle touchante lettre as-tu écrit, lui dit-il, en lui prenant la main, les larmes aux yeux.
-Je te remercie, mon rubis, fit Majida, promets-la de faire en sorte que ma bien chère Jasmine la lise quand elle sera en âge de le faire. Saches-que je veillerais sur toi et nous tous pour l'éternité", dit-elle en l'embrassant.
Ce baiser marqua son dernier souffle et ses dernières paroles. Elle venait de mourir !