Chapitre 12: Grand café et mauvais goût

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Toute cette histoire à cause d'une fille, non, mais je vous jure...

Ça n'empêche que Caleb a merdé et que Sharon a sans doute de bonnes raisons pour vouloir l'enfoncer six pieds sous terre.

J'entre silencieusement, en croisant les doigts pour qu'il ne soit pas au téléphone. Et évidemment, il y est. D'ailleurs, mais ça vous ne pouvez pas le voir, il me lance un regard plus noir que le charbon et balaie sa main pour que je ferme la porte.

« Oui, évidemment. Il ya un bruit dans le combiné. Je ne vous paie pas pour que vous ne foutiez rien ! Le bruit reprend. Non, non ! J'en ai rien à battre ! Je veux le meilleur avocat de tout New York, pas un imbécile qui ne sait même pas différencier un divorce d'une affaire d'adoption illégale ! La voix se fait plus fort. Bien. Vous êtes un abruti. Je vais chercher un autre avocat, merci de votre inefficacité Maître Georges. Il retire son oreille du téléphone, alors que le fameux Maître Georges parle encore, et raccroche. Il jette son téléphone sur le bureau, visiblement énervé. »

Nous restons sans rien dire pendant plusieurs secondes avant qu'il ne s'adresse enfin à moi.

« Que veux-tu Lawford ? Ce n'est vraiment pas le moment... »

Je toussote puis me rapproche de lui qui est avachi et complètement désemparé.

« Je, euh... Je venais pour te dire qu'il ne restait plus que toi. Madame Clarke et Monsieur Ingram viennent de partir. Je te souhaite une bonne fin de soirée... Gênée, je replace ma mèche et finalement recule. »

Il me contemple étrangement un instant puis mon patron se lève, attrape son téléphone, enfile son vêtement et boit d'un trait le fond de whisky qui lui reste dans son verre, verre que je n'avais même pas remarqué d'ailleurs.

« Je te ramène. Il toussote à son tour puis se rapproche de moi, des clefs dans les mains. C'est ce qu'un petit copain fait, non ?

— Si tu l'as déjà fait avec Sharon, je pense que oui, c'est ce que fait un petit copain correct. J'époussette une peluche sur son épaule puis souris.

— À vrai dire, je n'ai jamais vraiment fait ce genre de choses avec elle.

— Vraiment ?

— C'était toujours un chauffeur qui nous raccompagnait. Aujourd'hui, je veux tenter quelque chose de nouveau. En plus, ce sera plus réaliste. Il fait très simplet en disant ceci. »

J'éclate de rire malgré moi et une petite larme glisse le long de ma joue. Larme qu'il écrase immédiatement à l'aide de son pouce.

« Ça y est, je fais pleurer madame ! Il exagère ses mouvements et ouvre la porte de façon théâtrale. Si madame veut bien prendre la peine de sortir pour que je la ramène, de mon plein gré, dans son petit taudis... »

Nous rions ensemble tandis que nous sortons. Des agents de sécurité font les gros yeux lorsque nous passons à côté d'eux. Nous pénétrons, tel un seul homme, dans l'ascenseur. Plus que vingt étages pour reprendre son calme et reprendre mon rôle d'assistante dévouée que je suis.

« Tu sais Caleb, tu ne vas pas être déçu du voyage dans Brooklyn, c'est pittoresque...

— Tu sais Olivia, tu n'es sans doute jamais allée aux quatre coins du monde donc tu ne peux pas savoir tout ce que j'ai vu. »

Il se rapproche dangereusement, plus qu'à quelques centimètres de moi. Je recule, par habitude et pour respecter ma dignité.

« C'est vrai que je n'ai pas une montagne d'argent à ma disposition, je m'en souviens maintenant ! Je claque des doigts, Eurêka ! »

Il ricane et la porte s'ouvre dans un moment inopportun. Sur le pas, il n'y a qu'un seul homme qui paraît légèrement surpris de notre position. Caleb est bien trop proche de moi et je suis presque plaquée à la paroi. Je sens la gêne englober tout l'espace quand je mets enfin un nom sur la personne qui vient d'arriver. Jeremiah Kowalski et son sublime attaché-case en cuir véritable.

« Bonsoir Monsieur Barnes, j'espère que vous avez passé une bonne journée. Il fait exprès de m'éviter, comme si je n'existais pas.

— Bonsoir Jeremiah. C'est une journée qui se passe si vous voyez ce que je veux dire... Il cligne de l'œil, malicieusement.

— Je vois que vous vous amusiez bien avec... Il laisse mon nom en suspension, alors qu'il le sait pertinemment.

— Olivia. Olivia Lawford. Je suis une des assistants de Monsieur le PDG, interviens-je, un peu énervée. Je déteste ce directeur général et l'avoir en face de moi, ça me donne des relents de marées basses, si vous voyez ce que je veux dire par là.

— Olivia Lawford... Il roule le r et me dévisage sous le regard interrogateur de Caleb Barnes. Intéressant... »

À cet instant, j'ai très envie d'arriver à notre étage pour pouvoir quitter cette atmosphère malsaine. Mes prières sont exaucées lorsque nous arrivons au premier étage libérateur.

« Bien, il est temps pour moi de vous laisser, bonne soirée Monsieur Barnes et Madame... Ses petits yeux pervers me sondent au moment où il sort. »

Un frisson me parcourt l'échine et je commence à grelotter sous le coup de cette petite expérience. Barnes ne semble pas avoir vu mon malaise. Je souffle de soulagement tandis que la porte se ferme une ultime fois pour enfin atteindre le parking.

À présent, nous avançons dans le dédale des voitures, plus chères les unes que les autres, mes talons frappant le béton dans cet espace résonant.

« Nous sommes presque arrivés, dit-il en brisant le bruit de mes chaussures. Il dégaine ses clefs et appuie sur le bouton pour ouvrir sa voiture. Nous y sommes, entre Oli –... Oh putain de merde. »

Je reste bouche bée devant la vue qui s'offre à moi.

Une voiture taguée de signes obscènes et d'insultes en tout genre.

« Sharon ?

Sharon. »

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant