Prologue: « Je suis gay. »

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Il était environ vingt heures. Jimin venait de finir son service au café dans lequel il travaillait et il s'apprêtait à rentrer chez lui. Il défit son tablier qu'il rangea dans le casier qui lui était dédié, salua ses collègues et passa la porte du petit bistrot. Aussitôt, l'air glacial l'assaillit, pénétrant ses vêtements et ébouriffant ses cheveux bruns. Il rentra presque instinctivement la tête dans ses épaules et enfoui ses mains tremblantes dans les poches de son manteau. Il se mit à marcher d'un pas rapide, maudissant le ciel pour cet hiver si rude. Il avança en songeant à la chaleur qui l'attendait chez lui près du feu ou encore au moelleux de son matelas et à la douceur de ses draps dans lesquels il aimait s'enrouler. Mais il pensait également à la décision qu'il avait pris ce jour là. Il allait enfin avouer à ses parents ce qu'il avait compris quelques mois plus tôt : il était homosexuel. La seule personne à être au courant était Taehyung, son meilleur ami à qui il en avait parlé le jour même. Ce dernier avait très bien prit la chose et cela avait rassuré le jeune homme qui s'était dis qu'il était temps d'arrêter de se cacher, que son orientation sexuelle n'était ni un problème ni une anomalie. Il aimait les hommes, et alors ? Sa peur d'être incompris et rejeté s'était alors amoindrie et il avait pris la décision d'enfin montrer aux gens qui il était vraiment. Mais malgré toute sa bonne volonté, ses certitudes disparaissaient un peu plus à chaque pas qui le rapprochait de la maison familiale. Comment allaient réagir ses parents ? Après tout, ils n'étaient pas comme Taehyung. Et s'ils le rejetaient ? Jimin ne pourrait pas le supporter. Mais supporterait-il de se cacher plus longtemps ? Sûrement pas. De toute façon, sa décision était prise, il allait leur dire. Ce fut donc chargé d'assurance et de bonne humeur qu'il franchit le seuil de la maison Park. A peine entré, il fut assaillit par une délicieuse odeur provenant de la cuisine et faisant gronder son estomac. Il se déchaussa et retira sa veste avant de se diriger vers la source de ce doux fumet. Il trouva sa mère debout devant l'évier, un tablier vert noué autour de son ventre. Elle faisait la vaisselle en chantonnant. Cette vision fit naître un sourire sur le visage de Jimin. Il s'approcha et lui claqua une bise sur la joue. Elle sursauta et se tourna vers lui, une expression de surprise peinte sur son doux visage :

‒Oh, c'est toi Jimin ? Tu m'as fais peur, je ne t'ai pas entendu rentrer.

‒Désolé, rigola-t-il

‒Pas grave.

Un lourd silence s'installa. Tous deux pensaient à la même chose et le savait, mais aucun n'osait ouvrir la bouche. Cependant, au bout de quelques secondes, Jimin craqua :

‒Où est-il ?

‒Jimin, tu sais bien qu'il rentre tard ce soir, comme tous les autres soirs d'ailleurs.

‒Et bien qu'il rentre tôt pour une fois, j'ai à vous parler.

Sans attendre la réaction de la femme, il couru à l'étage et, en quelques minutes, l'eau brûlante de la douche ruisselait sur son corps tandis qu'il frottait à en perdre haleine dans un effort désespéré pour faire disparaître l'odeur de café et l'amertume qui le rongeait. Il resta là, immobile, pendant plus d'une demi-heure.

* * *

Lorsqu'il quitta enfin la salle de bain fumante, des éclats de voix résonnaient dans la maison, lui indiquant que son père était rentré. Il s'approcha doucement et s'arrêta en haut de l'escalier pour écouter la conversation. Il savait que c'était mal mais, étrangement, il ne ressentait aucune once de culpabilité. Il put entendre son père crier :

‒Je rentre tard pour nourrir cette famille et lui garantir un toit !

‒Je sais bien, répondit madame Park d'une petite voix, je dis juste qu'il serait bien que tu accordes un peu plus de ton temps à ton fils. D'ailleurs, parle moins fort s'il te plaît, il pourrait t'entendre.

Les cris cessèrent et Jimin n'entendit plus rien. Il entreprit alors de descendre les escaliers en bois, se mettant dans des positions improbables pour être le plus discret possible. Malheureusement, le destin semblait contre lui. Arrivé aux dernières marches, l'une d'entre elles grinça et le bruit résonna dans la maison comme l'aurait fait un hurlement. Le jeune homme se stoppa net et jura dans sa barbe en entendant des pas s'approcher. Lorsque le visage de sa mère apparut, il afficha un sourire qui se voulait innocent, s'ébouriffa nerveusement les cheveux et dit :

‒Oh, euh... Salut maman. J'ai cru entendre papa rentrer.

Monsieur Park apparut à son tour, le visage sévère :

‒Je suis là effectivement, répondit-il d'une voix glaciale.

Un silence pesant s'installa. Jimin et son père se fixaient, les yeux dans les yeux tandis que la femme restait spectatrice, ayant peur d'intervenir. L'homme sortit le premier de son mutisme et déclara :

‒Le repas est prêt, à table.

Voyant que son fils ne bougeait pas, il haussa le ton :

‒Tout de suite !

Jimin obtempéra.

* * *

Personne ne parlait. Seul le bruit des couverts résonnait dans la pièce. Les deux hommes échangeaient des regards glaciaux tandis que la femme gardait les yeux résolument fixés sur le contenu de son assiette. Alors que Jimin, vaincu, commençait doucement à baisser les yeux, la voix grave de son père résonna dans la pièce :

‒Ta mère m'a dit que tu voulais nous parler.

Le jeune homme déglutit avec peine. Ça y est. C'était le moment.

‒En effet, répondit-il d'une voix mal assurée.

Le silence retomba. Jimin savait que ses parents attendaient qu'il parle mais aucun son n'arrivait à franchir la barrière de ses lèvres. Lorsque son père haussa le ton, il sursauta :

‒Et bien, vas-y ! Nous t'écoutons.

‒Je...Je..., bégaya le jeune homme.

Toute son assurance s'était définitivement envolée, remplacée par la peur et le doute. Devait-il vraiment leur dire ? Il se sentit lâche de ne pas oser parler à ses propres parents. « Lance-toi, pensa-t-il. » Il inspira un grand coup :

‒Je suis gay.

Il avait parlé tellement doucement qu'il se demanda si ils l'avaient entendu. Il comprit que c'était le cas lorsqu'il vit monsieur Park serrer les poings. Sa mère fit un pas vers lui, le sourire aux lèvres, prête à le serrer dans ses bras, mais son mari ne lui en laissa pas le temps. Il se plaça devant son fils et ses mots l'attaquèrent comme autant de coups de poignard.

‒Tu es une honte.

L'air siffla près de Jimin et la main de son père s'abattit sur sa joue.


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Voilà pour le début de mon Yoonmin. J'espère que ça vous plaît. Je ne sais pas encore combien il y aura de chapitre mais j'essaierais de poster régulièrement. Une fois par semaine minimum, deux si j'ai vraiment l'inspiration.

N'héstez pas à commenter pour me donner vos avis.

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