Libéralisme : libérons l'altruisme !

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Samedi 21 janvier 2017 sera la journée internationale de lutte contre les traités de libre-échange.

3 millions de citoyens européens se sont emparés d'une pétition contre ces traités alors que celle-ci circulait dans la clandestinité des réseaux sociaux. 300 millions d'européens ignorent tout de ces traités rédigés dans le secret de la Commission Européenne et des amis des multinationales qui vont impacter gravement nos vies.

Et vous, vous en êtes où ?

Depuis des décennies, le monde se globalise dans un système de pensée unique libérale où la doctrine du libre-échange s'impose à tous dans un brouhaha hystérique qui dépossède les citoyens des moyens de comprendre le monde et d'agir sur lui.

Le TAFTA, le CETA, le TISA, le TTIP. Encore des acronymes pour cacher.
Du coup, c'est aux citoyens d'enquêter, de creuser, d'analyser, de réagir et d'agir !

Ce sont des traités de libre-échange. Leur objectif est donc de faire tomber tous les obstacles à la concurrence et au commerce. Que n'importe qui sur cette planète puisse vendre n'importe quoi à n'importe qui n'importe où ailleurs : biens ou services, même publics - tout doit être ouvert à la concurrence agressive de tous les pays, même les OGM, le pétrole de sables bitumineux, les produits faits par des enfants ou vendus par des dictatures, les animaux dopés aux produits toxiques... C'est l'arrêt de mort du principe de précaution et de la primauté de l'intérêt collectif sur le profit privé, quitte à démanteler les services sociaux, de santé, d'éducation ou de sécurité.

Eh oui : les libéraux pensent que l'harmonie adviendra si l'on supprime toutes les règles car les consommateurs choisiront toujours les meilleurs produits puisqu'ils auront accès à toutes les informations pour choisir rationnellement. Qu'une main invisible, en somme, viendra ajuster les égoïsmes de chacun en une belle symbiose de l'intérêt colletif. Ce n'est pas moi qui le dis : ce sont leurs croyances et celles des fondateurs de cette école de pensée (Adam Smith, David Ricardo, pour ne citer que les précurseurs de ce dogme ; puisqu'il faut bien parler de dogme quand c'est pure conception de l'esprit, contredit par la réalité et défendu mordicus aux dépens de toute contradiction ou alternative). Oui, ils règnent par le dogme, la croyance, le fanatisme économique.

Bref, le libre-échange serait la  panacée car l'Homme est libre, intelligent et rationnel. Hum !

Sauf que les multinationales se paient de superbes campagnes de publicité qu'elles matraquent partout et qu'elles mettent en concurrence les travailleurs de tous pays pour dépenser toujours moins d'argent afin d'augmenter les profits des actionnaires. Ainsi, les consommateurs des pays développés enrichissent des actionnaires déjà riches en achetant des produits moins chers car produits dans l'irrespect des travailleurs et de l'environnement. Le tout causant au passage l'écroulement des économies développées et la casse de l'emploi local, donc la hausse du chômage et de la pauvreté. Sauf que ces multinationales ont des armées de juristes et d'experts à leur solde pour assiéger nos décideurs au quotidien et les plier à leurs volontés.

Certes, dans 50 ans, quand nous serons aussi pauvres que des chinois et aussi maltraités, les règles seront les mêmes pour tous. Mais il sera trop tard pour espérer vivre sur notre planète dévastée et on aura sacrifié un siècle de progrès social et autant de générations d'humains. L'an passé, c'est dès le mois d'août que l'Homme avait achevé de consommer les ressources produites par la Terre pourr attaquer les réserves ; et chaque année ce jour du dépassement arrive plus tôt.

Le prix est lourd pour une telle mascarade hypocrite. Les seuls à s'enrichir de ce système sont les multinationales et leurs actionnaires. Qui divisent pour mieux régner, satisfaites que les miséreux de tous pays se fassent la guerre pour leur plus grand profit financier.

Oxfam vient de publier sa dernière enquête : désormais, les 7 personnes les plus riches de notre planète possèdent à elles seules autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l'humanité. 7 multimilliardaires qui confisquent les ressources de notre monde pèsent autant que 3 500 000 000 d'humains pauvres et exploités par ce système. Acceptable ? Je ne crois pas.

Et je ne suis pas le seul.

A ATTAC, association où je m'investis, nous pensons qu'il n'est pas tolérable que quelques uns, par cupidité et ruse, s'accaparent toutes les richesses et compromettent notre avenir en rendant le quotidien de milliards de gens impossible. Depuis près de 20 ans, cette association présente dans près de 40 pays au travers de plus de 150 groupes milite pour informer et résister à cette tyrannie de l'argent au bénéfice de quelques uns, notamment en luttant contre la finance prédatrice, outil principal et acteur important du désordre mondial : transactions boursières à haute fréquence qui hystérisent les marchés et gangrènent l'économie réelle, évasion fiscale qui appauvrit illégitiement les citoyens en privant les Etats de leur capacité d'action, investissement dans de grands projets industriels exploitant les ressources fossiles et agravant donc le réchaufement climatique et ses conséquences ou alimentant des bulles spéculatives dangereuses, notamment des projets immobiliers démentiels qui attaquent directement la biodiversité et la capacité de la planète à encaisser nos exactions.

Réunions d'information, tractage, projections-débats, actions non-violentes de protestation publique, pétition, production et diffusion d'analyses à charge : nous multiplions les fronts pour alerter et saisir les citoyens, pour beaucoup ignorants et passifs, dépossédés de leur jugement.

Chaque mois, nous nous réunissons par milliers à travers tout le pays pour échanger des informations, des analyses, et concevoir des outils d'éducation populaire ou d'action militante. Régulièrement, nous descendons dans la rue pour informer, discuter, aider à réfléchir et agir.

Le collectif STOPTAFTA agglomère de nombreuses associations pour mutualiser les ressources et les forces des différents réseaux : https://www.collectifstoptafta.org.

Samedi 21 janvier 2017 sera donc une lutte internationale contre cette dictature de l'économie des puissants, ces multinationales et leurs argentiers qui sont plus riches et plus puissants que des Etats entiers.

Pourquoi lutter s'ils sont si puissants ? Parce qu'ils sont puissants, justement !

Que faire : s'informer auprès des réseaux contestataires : ATTAC, Bastamag, Politis, Les économistes atterrés, Les indignés, Le collectif Roosevelt...
Et diffuser l'information dans ses propres réseaux.

A quoi bon ? Des actions de plus en plus ambitieuses, de plus en plus visibles, de plus en plus efficaces. La pétition a permis de constater les forces vives, le collectif stoptafta propose un autre outil : le cetacheck. C'est un moyen de devenir lobbyiste à notre tour et d'interpeller les parlementaires de tous bords et de tous pays de l'UE pour montrer notre opposition et les décider à voter contre ces traités le mois prochain. Près de la moitié de nos élus sont prêts à s'opposer : on peut gagner cette bataille en augmentant la pression citoyenne !

https://stop-ttip.org/fr/cetacheck/

Et pour démarcher plus directement nos propres députés, rdv : https://www.contexte.com/article/elections-europeennes-2014/les-74-deputes-europeens-francais_25011.html

Moi j'en serai, comme j'en suis depuis toujours dans ma tête, comme j'en suis enfin sur le terrain depuis un an.

Journal d'un militant.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant