Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]

Chapitre 10: Il y a Caleb et il y a Olivia

D'un coup d'un seul, je prends conscience de ce que j'aurais dû poser en toute première question. Maintenant, elle me brûle les lèvres.

« Ce n'est pas entièrement faux, je te l'accorde. Bien, à mon tour. Qu'est-ce qui t'a amené à venir à New York ? Londres est aussi une belle ville, non ? »

Je me frotte le menton, l'air pensif. Il n'y a pas que lui qui doit cacher des choses et, dans un sens, cela nous met à égalité, mais... Ce qui est arrivé à Londres restera à Londres, que ça lui plaise ou non.

« En un court résumé, j'ai travaillé dans un endroit qui payait au lance-pierres et j'ai toujours eu l'envie de découvrir le monde. »

En fait, la réalité est toute autre et n'a rien à voir avec mon travail, oh non.

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Il y a plus d'un an auparavant, durant les vacances d'été

« Alors Livi, qu'as-tu prévu pour ces vacances ? Des livres, des fiches de révisions et du chocolat chaud ?

Assise sur l'herbe, ma meilleure amie a une cigarette coincée entre les lèvres. Elle a une telle grâce lorsqu'elle pose son tabac sur la bouche et qu'elle souffle la fumée que de nombreux passants, majoritairement masculins, s'arrêtent pour l'observer, avec tentation.

Ses cheveux auburn se balancent au gré du vent, ses yeux bleus fermés pour apprécier le soleil qui l'inonde et sa cigarette qui fume.

Je replace mes lunettes sur mon nez, des lunettes de soleil achetées à moitié prix sur un site internet, et m'allonge, le regard tiré vers le ciel. À mes côtés, un sac en bandoulière en cuir, des affaires de cours dedans, et une paire de chaussures bon marché.

« Tu sais Riley, il n'y a rien de mal à réviser durant les vacances, c'est même un gage de réussite !

— Un gage de retirage de vie oui ! Elle prend une voix inquisitrice et lève le doigt au ciel. Tu ne profites même pas de ta jeunesse !

— Je profiterais après, quand tout ce merdier scolaire aura pris fin... »

Riley Cordell se repositionne sur ses genoux, un petit air excédé et condescendant collé sur le visage.

« Qu'est-ce tu peux être rabat-joie toi... Rappelle-moi de ne plus jamais te poser une question...

— Tu sais Riley, je suis juste réaliste, rien de plus, rien de moins.

— Tu es aussi réaliste que moi je suis yougoslave. Ce qui revient à 0 %, si tu te poses la question. »

Je me replace sur mon derrière, bras enroulés autour de mes genoux tandis que mon amie se tord de rire. Tout le monde nous regarde étrangement. Voilà bien un truc que je déteste, c'est d'être au centre de l'attention.

« Tout le monde n'est pas Riley Cordell, chérie. Je n'ai pas ton aisance naturelle et ton aura d'aspirateur à mec.

— Jolie métaphore sur l'aspirateur, j'apprécie. Elle replace sa cigarette sur ses lèvres et aspire une longue bouffée avant de tout recracher dans l'air. Ça n'empêche que cet été est le nôtre, nous devons nous éclater comme il se doit ! Riley se relève d'un coup, jette sa clope sur le tapis d'herbe et l'écrase avec sa chaussure. Ce soir, Phœbe organise une fête... »

Je la coupe immédiatement et me lève à mon tour en replaçant mon sac sur mon épaule.

« Amuse-toi si tu veux, je n'y irai pas. Ce n'est même pas négociable. »

Riley a une mine boudeuse lorsque nous commençons à partir. Mon amie se tourne vers moi avec de grands yeux de cocker.

« Même pas en rêve Riley, tu iras seule.

— Bien, si madame ne veut pas daigner se présenter, grand bien lui fasse. Je te souhaite bon courage dans ta vie chiante et morne. »

Riley Cordell s'éloigne, de plus en plus loin, jusqu'à devenir un point noir dans ma vision.

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C'est la dernière fois que je l'ai vu. Elle a disparu le soir de la soirée. Personne ne l'a revue et les enquêteurs ont fait leur affaire pour finalement conclure sur un non-lieu, comme quoi elle avait prévu de partir sans prévenir personne.

Jamais on ne la retrouvera et je me jette la faute, encore. Si j'avais été là, peut-être qu'elle serait encore là. C'est pour cette raison que je suis partie. Pas pour une vieille histoire d'amour, pas pour un problème familial, pas pour un travail, mais par une faute.

C'est assez déprimant n'est-ce pas ?

« C'est à mon tour non ? Bien... Qu'est-ce que tu as fait à Sharon pour que tu aies à divorcer et que j'ai joué le rôle de la petite copine ?

— Nous ne nous aimions plus.

— Je pense que cela va plus loin que ça. »

Caleb craque ses doigts un à un puis énonce le plus simplement du monde :

« Je l'ai trompé. Le soir précédant l'entrée en bourse, elle m'a annoncé sa volonté et le fait qu'elle allait révéler mes petits secrets.

— Attends, tu l'as trompé ? Mais tu es inconscient !

— Je te le répète, nous ne nous aimions plus, et j'avais besoin de renouvellement. Sauf que Sharon sait beaucoup de choses et elle pourrait tout révéler si je ne lui montre pas avec qui je l'ai trompé.

— En gros, je joue le rôle de la fille avec qui tu l'as trompé, intentionnellement. Et pourquoi tu n'as pas demandé à la fille directement ? Je me lève et fais les cent pas, tout comme mon patron tout à l'heure.

— Le problème, c'est que cette fille, je ne la connais pas. »

Je m'arrête un instant puis écarquille les yeux.

« Comment ça, tu ne la connais pas ? Tu as couché avec elle, tu es censé la connaître !

— J'étais complètement bourré le soir de mon adultère, je ne me souviens de rien d'elle... Seulement qu'elle avait les cheveux châtains clairs comme les tiens, et c'est tout.

— Et c'est tout ?

— Et c'est tout.

— Génial ! Tout bonnement génial. Je prends un air ironique tandis que je prends ma veste et mon sac. »

Caleb, étrangement, fait de même et nous enfilons nos affaires en même temps. Alors que je m'apprête à sortir de la pièce, je sens la main de mon patron dans le creux de mon dos. Je me retire immédiatement.

« Ne prends pas la confiance, je ne suis pas réellement ta nouvelle petite amie, comme tu aimes si bien le rappeler.

— Ma chère Olivia, il va falloir t'y habituer. Caleb sourit puis sort, sans m'attendre, comme à chaque fois. Je fais un petit bruit et il ajoute. Arrête de grommeler, je ne suis pas un si mauvais petit copain quand même. »

On verra ça mon vieux, on verra ça.