Chapitre 8: Tâche marron sur chemise blanche

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— Madame Lawford ! Je viens vous chercher ! dit l'homme, en me suivant de près. »

Je m'arrête, surprise, comme sait-il mon nom lui ?

« Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon nom ? »

Il toussote puis dit d'une voix claire :

« Je suis le chauffeur de Monsieur Barnes. Il m'a dit de venir vous chercher pour vous briefer sur votre journée. Je m'appelle Samuel et je suis ravi de vous rencontrer. Il tend sa main pour me saluer. Je la lui rends méfiante.

— Comment avez-vous su que j'étais ici ? Ce n'est pas une de mes habitudes de venir à Central Park.

— Disons que je vous ai un peu suivi. Je me recule, effrayée. Ne vous inquiétez pas ! J'aurais dû vous approcher pour vous ramener chez Monsieur au moment de votre sortie, mais quelqu'un m'a retenu. Ce n'est que lorsque vous vous êtes pris en pleine figure cette femme que j'ai décidé de vous aborder. »

L'explication de Samuel semble sincère et nous ressentons tous deux une immense gêne.

« Je suppose que je dois vous suivre, n'est-ce pas ? dis-je, en me positionnant aux côtés du chauffeur qui hoche la tête. Il avance et je le suis à trace. »

Nous marchons à travers les allées puis rejoignons la voiture noire qui nous attend dehors. Il est 7h50 et les routes sont déjà blindées de voitures. La Grosse Pomme est un cœur qui ne s'arrête jamais et dont le sang est fait de tôles sur roues, d'os et de chair. Je monte dans le véhicule alors que Samuel se penche pour m'ouvrir la porte, en rentrant, je le remercie et remarque une chemise blanche qui m'attend sur le siège passager. C'est de la pure sorcellerie.

« Merci pour la chemise Samuel.

— Ce n'est rien Madame Lawford.

— Appelez-moi Olivia. Nous allons être amenés à nous côtoyer quotidiennement, et ce, jusqu'au 31.

— Bien Olivia. Nous devrions arriver dans quelque temps. »

J'enfile ma chemise en faisant attention à bien me tourner pour que le chauffeur ne soit pas déconcentré par ma poitrine. Vous connaissez les hommes, hein.

Mon regard observe à travers la fenêtre le paysage new-yorkais. De grandes bâtisses semblent gratter le ciel, toucher les étoiles, tout en étant recouvertes par d'étranges fentes vitrées qui s'allument tour à tour. Sur les trottoirs, ce sont toujours les mêmes mouvements migratoires. Les hommes d'affaires, même s'il est tôt, courent dans les sens, téléphone vissé à l'oreille, attaché de case presque vide. C'est sans doute pour se faire un style plus professionnel. Certaines femmes sont là, mais elles sont plutôt en groupe de deux, trois personnes, à rire. Elles sont toutes des copiés collées de Carrie Bradshaw, wonders women modernes sur talons hauts avec comme arme leur travail et la longueur de leur salaire qui en ferait pâlir plus d'un. Et puis, mais c'est plus rare, il y a de jeunes femmes et de jeunes hommes qui arrivent pour la première fois à New York, la ville de tous les possibles, les rêves pleins la tête et la forte impression de désillusion.

Évidemment, il y a un fleuve de voiture qui claironne en rythme. Ils font comme les Français, mais en ne les insultant que par la pensée, peut-être. Le mystère restera entier.

Nous sommes dans Upper East Side tout à coup. Les rangées d'immeubles de luxe se font tout le long de chaque rue, agrémentée d'arbres et de voitures plus chères les unes que les autres. Il y a de vieilles dames qui sont avec leurs chiens purs race, plus chers qu'une maison et qui se baladent fièrement. Ça n'empêche pas que quand des canidés poussent leur petite pêche, ce sont des employés de maison qui nettoient à la place de la maîtresse. Ça démontre bien la puissance, la luxure et la richesse que porte Upper East Side en son sein.

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now