#6 Birds

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Il tirait une nouvelle fois sur sa cigarette, regardant la neige tomber sur sa main livide, il retraçait sa veine du bout des doigts. Il regardait aussi ses ongles devenues violets, et cassés. Il jeta son mégot à travers la rue déserte, il le regarda s'écraser au sol dans un bruit sourd. Il se disait souvent qu'on pouvait se faire écraser aussi facilement qu'un mégot jeté depuis une fenêtre. Et il trouvait ça triste, comme s'il ne restait que des cendres de notre âme à la fin de notre vie. D'une certaine manière, il aimait embellir les choses, leurs donner une autre vie. Mais c'est pas si facile. Il ne bougeait jamais de «chez lui», il regardait le monde démarrer à l'aube, avec les hommes de hautes sociétés affairés, la mallette dans la main ou sous le bras, les femmes mises en avantage dans leurs vêtements de secrétaire, il trouvait ça stéréotypé et pathétique également. Il voyait la neige couvrir le paysage sans pouvoir sortir et la toucher. Il était fou, et l'existence n'avait aucune importance pour lui, puisqu'il était inlassablement et éternellement enfermé dans cette foutu pièce aux lumières tamisées, à la peinture blanche, aux barreaux à la fenêtre, au lit aux couvertures et aux draps de la même couleur que les murs, à la table de chevet emplit de médicaments en tout genre, il vivait dans cet asile depuis bientôt une année entière, et il n'en pouvait plus. Sa folie avait beau être approuvée par son entourage, sa famille, les médecins, lui et autres personnels, il voulait sortir, pouvoir toucher la neige directement depuis l'extérieur, et non pas à travers les barreaux de sa cellule. Il ne se rappelait même plus comment il avait fait pour dissuader les autres de le laisser fumer. Néanmoins il adorait voir, en été tout du moins, voir les oiseaux et les entendre faire raisonner leur mélodie dans sa cellule, il aimait les voir s'envoler. Il adorait les voir profiter de la vie comme il n'a jamais pu le faire, juste à cause d'un stupide acte ayant réduit son existence à ses quatre murs. Enfermé, c'est tout ce qu'il était et rien d'autre. Il n'était plus un fardeau, même un spectre serait trop humble pour lui. Il avait fait l'erreur de parler des voix dans sa tête, de ses tourments, de son stresse, son anxiété éternelle. Ils l'avaient enfermé, sans avoir pensés que son état aurait pu s'aggraver. Il voulait être aussi libre que les oisillons. Et il le sera, peu importe les actes qu'il doit commettre pour sortir de cet enfer.

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