Chapitre 5

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Assise à la table de la cafétéria, je mélangeais distraitement dans une tasse de lait chaud en regardant la cour du Sanctuaire en pleine effervescence. Il était 7h.
Ma nuit s'était relativement bien déroulée. Alors que je me pensais incapable de tombée endormie, les émotions subies sur la journée ont eu raison de moi. Negan était venu me rejoindre dans le grand lit double après avoir terminer son verre. J'avais fait semblant de ne pas me réveiller quand les ressorts du matelas s'étaient mis à grincer légèrement. Il m'avait observer un long moment, silencieux. Je sentais son regard pesé sur moi et j'avais eu le simple réflex de serré mes bras autour de moi, comme si ça suffirait pour me protéger. Negan avait surement comprit que je le sentais me regarder alors il s'est contenté de s'allonger en prenant soin de ne pas me toucher pour finalement s'endormir.
Au petit matin, il n'était déjà plus là. Son bras droit, un certain Simon, était venu frapper à la porte peu après mon réveil pour m'apporter une tenue de rechange et prendre mes vieux vêtements.
Une fois habillée, Simon m'avait conduite à la cafétéria et après s'être assuré que j'avais ce qu'il me fallait, il m'avait laissée en précisant que Negan ne tarderait pas.
Je pris ma tasse entre mes mains et bus une gorgée de lait. Le liquide chaud me procura un sentiment de bien-être. Ce goût si familier et oublier en même temps me rappelait mon ancienne vie. Avant toute cette merde. Sauf qu'à ce moment là je buvais mon lait à la table de ma cuisine en chahutant avec mon frère de 2 ans mon aîné. Notre mère préparait des œufs, du bacon ou des pancakes en chantonnant et notre père lisait son journal assit à côté de moi, buvant son café noir dont la seule odeur me gardait éveillée.
Je soupira en effaçant ces souvenirs de ma mémoire. Y penser me rendait triste et cette vie n'était plus la mienne.
La salle était presque vide, comme la veille. Mais à quelle heure ils mangeaient, ces Sauveurs? Il n'était que 7h... mais vu le mouvement dans la cour, ils étaient tous réveillés. Sauf si ils étaient plus que je le pensais. Après tout, je n'étais là que depuis 24h...
La porte de la salle s'ouvrit soudainement, me faisant sursauter. Je me tourna vers elle et vis Negan se diriger d'un bon pas vers moi, son éternelle batte appuyée sur son épaule. Il arriva à la table et s'assit face à moi, posant Lucille sur l'appui de fenêtre. Mon ennemi m'adressa un sourire satisfait en me détaillant attentivement.

- Cette tenue te va à merveille, chaton, me complimenta t il en jouant avec une de mes mèches dorée.
- Je préférais mes anciens fringues, répliquais je en écartant sa main avec irritation.

Il rit et appela un de ses hommes à qui il commanda une tasse de café corcé. Les vêtements qu'il avait sélectionné pour moi étaient plutôt simple: un débardeur blanc légèrement décolleté, un jean sombre, une paire de bottines noires et une veste en cuir pas toute neuve. Peut-être que c'était son moyen de montrer à ses hommes que je lui "appartenais"? Allez savoir. Quoi qu'il en soit, c'était confortable.

- J'espère que tu t'es bien reposé! S'exclama t il en me regardant à nouveau. Ce soir, on a du boulot.
- Mais je pensais que tu voulais tester mes aptitudes au combat, lui fis je remarquer, les sourcils froncés.
- J'ai changer d'avis, répondit il simplement, la voix soudain grave. On a quelques trucs à régler avec un autre camp.
- Que s'est-il passé? M'enquis je.

Negan me dévisagea, méfiant. Il devait se dire que je m'intéressais un peu trop à la vie du camp, soudainement. Mais en réalité, je voulais juste être mise au courant. Au point où j'en étais, je pouvais bien me poser des questions.
Après une longue hésitation le chef des Sauveurs finit par m'expliquer, une colère retenue gonflant sa voix:

- Un autre camp a attaqué un de mes poste de garde. Ces fils de pute ont tué une trentaine de mes hommes. Et quand on a riposté, ils ont encore tué d'autre hommes à moi. Alors ce soir, on va régler nos comptes avec eux...
- Tu vas les tué? Murmurais je. Comme ceux de mon camp?

Même si ma phrase se voulait simplement interrogative, elle possédait une intonation accusatrice et haineuse. Negan le remarqua aisément et esquissa un sourire, ne manquant pas de se moqué de moi à nouveau:

- Pourquoi les tuerais je, Elena? Ils pourraient m'être utiles. Ils ont un camp d'après quelques uns de mes hommes que j'ai envoyé en repérage. Ton camp à toi n'avait rien à m'offrir. Vous n'étiez que des gosses, votre camp se composait de tentes et votre chef, ton copain, donc, ne semblait pas prêt à coopérer. Alors on vous a massacré.
- Tu n'es vraiment qu'un putain de monstre, Negan, grognais je en l'affrontant du regard.

Son sourire se figea et il me montra un index menaçant.

- Eh, doucement poupée! Je suis pas d'humeur, m'informa t il.

Je ne répliqua pas, ne le quittant pas des yeux.
Apres ce duel de regard intense, mon ennemi finit par reprendre sa batte et se leva, un sourire moqueur aux coins des lèvres.

- Tu viens, Elena? Me demanda t il en m'indiquant la porte de sortie.
- Où ça? M'étonnais je.
- Je vais te montrer quelque chose.

Je soupira en me levant, délaissant ma table et ma tasse encore à moitié pleine. Le remarquant, je la finis rapidement et récolta cette éternelle moustache blanche due à ma boisson.
Negan la vit à son tour et retain mon geste avant que je ne puisse l'essuyer. Surprise, je fronça les sourcils.

- Laisse moi faire, dit il en m'attirant contre lui.

Ça résonna comme un ordre à mes oreilles alors je me contenta de le fixer pendant qu'il capturait mon menton dans sa main gantée. De son autre main, il essuya la fine couche de lait au dessus de ma lèvre supérieur avec son index avant de le porter à sa propre bouche et de me faire un de ses sourires qui le caractérisaient presque.
On resta dans cette position étrange pour des ennemis quelques instants durant lesquels on ne se quitta pas des yeux.
Je repéra sa main qui sa rapprochait ostensiblement de l'arrière de ma tête, menaçant de rapprocher son visage du mien.
Je le repoussa alors et me dirigea tranquillement vers la porte.
Le sentant étonné par cette subite dérobade, je me tourna vers lui et lui souris, narquoise, avant de lâcher un ironique:

- Tu viens? Je pensais que tu devais me montrer quelque chose, Negan.

Je le vis baisser la tête pour dissimuler son sourire amusé, avant qu'il ne me lance un regard plein de défit.

- Bien, Elena, lacha t il en reprenant sa batte. Allons y.

Il me rejoignit et me jeta un ultime regard avant de pousser la porte de la cafétéria pour que nous sortions ensemble.
Malgré moi, je me sentais heureuse. Heureuse d'avoir réussi à le surprendre, ne serait ce qu'un tout petit instant. Une victoire dérisoire, mais une victoire tout de même...

A coeur ouvertWhere stories live. Discover now