Chapitre 2 : The lonely

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La jeune fille observa sa mère discrètement. Anciennement mannequin, Ellie devait reconnaître à contrecœur qu'Helen Merill était encore magnifique pour son âge. Elle avait, tout comme sa fille, de longs cheveux bruns qui lui arrivaient juste au-dessus de la poitrine. Cependant les siens étaient si brillants et fins qu'on avait souvent l'impression qu'elle sortait tout droit d'une publicité pour shampoing. Leur visage était assez ressemblant, même si les yeux d'Ellie étaient d'un bleu saisissant, puisqu'elle avait hérité du regard de son paternel. Quant à la taille, Helen était beaucoup plus grande qu'Ellie à son âge, ce qui expliquait pourquoi elle avait pu prétendre à travailler dans le mannequinat pendant toutes ses années de jeunesse.

— Pourquoi tu ne vas pas au lycée ?

On entendait aucun reproche dans sa voix, comme si la réponse ne la concernait pas vraiment.

— Ça fait un mois aujourd'hui qu'on a enterré mamie, lâcha Ellie sans réellement s'en rendre compte.

— Oh, c'est vrai.

— Je pensais... Aller sur la tombe.

— Tu veux que je vienne avec toi ?

Ellie releva son regard vers sa mère sans cacher son étonnement. Avait-elle bien entendue ?

— Tu veux venir avec moi ? L'interrogea-t-elle, surprise.

— Oui, et je suis sûre que ton père aimerait venir aussi.

— Sérieusement ?

— Il s'agit de sa mère, répondit Helen.

La jeune fille reposa sa cuillère dans son bol de céréales, encaissant le coup. Peut-être que la mort de Betty les avait affectés plus qu'elle ne le pensait, songea-t-elle.

— Je vais l'appeler tout de suite, reprit sa mère en se relevant de sa chaise pour rejoindre le salon, Daniel doit être en pause déjeuner à cette heure-là. On pourrait y aller tous les trois.

— Euh... D'accord, bégaya Ellie.

Helen Merill sortit de la cuisine, laissant la jeune fille complètement hébétée sur sa chaise.

***

Ruben Greggs attrapa l'assiette qu'un employé du réfectoire venait de poser sur le comptoir devant lui. Le plat fumant était composé d'une purée de brocoli et d'une viande non identifiée. Le garçon posa l'assiette sur son plateau en retenant une grimace de dégout quand l'odeur de la nourriture monta à ses narines.

— Merci, répondit-il au sourire compatissant de l'employé avant de prendre son plateau de ses deux mains pour rejoindre le réfectoire.

D'un coup d'œil circulaire, Ruben chercha une place libre, si possible à la table la plus éloignée du brouhaha qui retentissait dans l'immense self de son lycée.

Il avança à travers les tables, son plateau entre les mains, et se dirigea vers le fond de la pièce. Encore une fois, il allait manger seul. A sa gauche, son regard croisa celui de Gautier qui déjeunait avec ses amis. Rapidement, il détourna son regard.

Depuis leur baiser échangé lundi, Ruben avait envoyé plusieurs messages au garçon pour lui demander une explication. Gautier n'avait jamais répondu. Il l'avait même complètement évité toute la journée de la veille.

Le garçon s'installa à une table du fond, à côté d'une bande de seconde. En réalité, Ruben n'avait jamais eu beaucoup d'amis ici. Quelques connaissances, bien sûr, mais qui ne l'étaient pas assez pour partager son repas du midi. Les choses avaient changé lorsqu'il était sorti avec Gautier Lantez. Le garçon était très populaire dans ce lycée du cinquième arrondissement de Paris, au cœur du quartier latin. Ayant intégré une classe littéraire, Gautier avait depuis son année de première la même classe d'une quinzaine d'élèves avec qui il était très ami. Ruben les avait appréciés dès le début, impressionné par la bonne entente qui régnait dans leur petit groupe. Après sa rupture avec Gautier, Ruben avait renoué avec la solitude qui ne l'avait pas quittée de toutes ses années de lycée. D'ailleurs, depuis qu'il s'était affiché ouvertement comme homosexuel, ses relations ne s'étaient pas arrangées avec les autres garçons qui étaient désormais persuadés qu'il ne leur adressait la parole que pour leur sauter dessus.

NantisOnde histórias criam vida. Descubra agora