Un Cœur en Or | Newt Scamander

13| Dougal à la rescousse (1)

Newt faisait les cent pas dans sa valise.

Il avait tout essayé pour ne pas avoir à y penser. Tout essayé pour ne pas avoir à prendre conscience que sa décision pourrait bouleverser la vie entière d'une personne. Tout essayé pour se convaincre qu'il ne devait pas faire ça.

Mais après avoir passé sa journée à nourrir toutes ses créatures, nettoyer leurs enclos en s'appliquant le plus possible et travailler autant qu'il ne le put sur son livre, il avait dû se rendre à l'évidence, il ne pouvait plus repousser le moment décisif de sa décision. Son dos le faisant souffrir le martyr et ses mains légèrement calleuses, pleines de terres, il finit par s'asseoir sur une petite chaise en bois qui traînait près du nid des Occamy.

Les petites créatures bleutées piaillaient joyeusement alors que Dougal leur fournissait toutes sortes d'insectes à manger, prenant encore très sérieusement son rôle de baby-sitter.

Newt observa la scène pendant quelques secondes, trouvant du réconfort dans une scène familière, avant de se recentrer sur son problème, qui n'était pas tellement un problème. Il voyait plus cela comme une décision irréfléchie, probablement dangereuse et irrémédiablement absurde. Une décision qui finirait probablement par lui apporter des ennuis mais une décision qu'il savait pertinemment le rendrait infiniment plus heureux.

Après tout, le repas qu'il avait passé en compagnie de Catherine avait été, et de loin, le plus agréable qu'il avait eu depuis longtemps. Et il savait qu'une fois sa mémoire revenue, elle serait ravie à l'idée d'en savoir plus sur les créatures dans sa valise. Et lui, il mourrait d'envie de partager sa passion avec quelqu'un. Même si cela était une moldue.

De plus, il ne pouvait s'empêcher de penser que cette situation n'était pas une coïncidence. Tous les deux, sur le même bateau. Elle, qui lui confie vouloir vivre une aventure. Et quoi de plus aventureux que de découvrir un univers totalement différent du sien. Un univers que Newt pourrait lui montrer, si seulement elle se souvenait. Et si elle venait à accepter de partager son temps avec lui. Peut-être était-ce trop demander mais il ne le saurait pas avant d'avoir essayé.

Cependant, un problème se posait à lui. Comment faire pour que Catherine récupère la mémoire ? Il savait que la concoction qu'il avait fait avec le démonzemerveille provoquait une amnésie. Cependant, il savait aussi que l'effet avait souvent tendance à être plus efficace sur les mauvais souvenirs que les bons et ce petit détail contenait tout l'espoir de Newt.

Il savait que Catherine avait aimé ce qu'elle avait découvert lors de sa courte plongée dans son monde, et il espérait sincèrement que la vue de l'Obscurus, le soir de leur séparation, et la peur que cela avait entraîné chez elle n'avait pas détruit tous les bons souvenirs qu'elle avait de leur temps ensemble.

Newt souffla de frustration. Le problème le plus épineux qui se présentait à lui était la manière de lui faire recouvrer la mémoire. De toute évidence, leur rencontre n'avait strictement rien fait pour aider. Peut-être pouvait-il la faire transplaner de nouveau ; après tout cela avait été sa première expérience magique, cela avait dû lui laisser une forte impression. Cependant, elle n'avait pas eu l'air de beaucoup apprécier ce moyen de transport qui avait eu l'air de la rendre malade. Il devait trouver quelque chose de plus fort. Ou bien...

Le regard de Newt se figea sur son Demiguise, maintenant observant, comme une mère attentionnée, les bébés Occamy.

Dougal.

Pourquoi Newt n'y avait-il pas pensé avant ! La personne- ou du moins créature- magique avec laquelle Catherine s'était attachée le plus avait été Dougal. Cela ne pouvait être que son meilleur souvenir. Et si sa mémoire ne lui revenait pas avec Dougal, alors rien ne le ferait. Cette pensée mit Newt mal à l'aise, il ne voulait pas penser à l'idée qu'elle ne puisse jamais se souvenir.

Observant son demiguise avec une énergie nouvelle, Newt se mit à réfléchir à la meilleure manière d'amener Catherine et lui à se rencontrer.

Il pourrait essayer d'amener Catherine ici, dans sa valise, mais cela s'avérerait probablement difficile. Aucune femme sensée ne le suivrait dans sa cabine alors qu'elle était seule, et encore plus sans qu'il ait une bonne raison pour la faire entrer. Une autre manière serait d'amener sa valise à l'extérieur et de la convaincre d'entrer à l'intérieur, tâche déjà difficile en soi, sans, en plus, que personne ne les voit. Impossible.

Newt secoua la tête. Il restait toujours une autre solution mais il n'était pas confortable à l'idée de la tenter. Amener Dougal directement à Catherine, dans sa cabine. C'était une idée folle mais hélas, la meilleure qu'il avait.

Newt prit quelques secondes pour visualiser la scène avant de se lever et de se préparer. Une journée entière à récurer et travailler l'avait laissé avec de la terre sur les mains et le visage. Il se nettoya le plus rapidement qu'il le put avant de se rhabiller.

Une fois son manteau sur le dos, il regarda l'heure : déjà 21 heures. Il n'avait pas mangé et se demanda si Catherine avait remarqué son absence dans la salle à manger. Cachant sa baguette dans l'une de ses poches, il se précipita vers Dougal, qui le regarda d'un air calme.

— Dougal, je vais avoir besoin de ton aide.

Le singe pencha la tête sur le côté pour observer le sorcier avant de prendre la main que celui-ci lui tendait. Sur ses deux pattes arrière, il marcha à ses côtés jusqu'à sortir dans la cabine de Newt.

— Maintenant serait le bon moment pour te rendre invisible.

Dougal regarda Newt d'un air perdu et celui-ci ajouta :

— Nous allons rendre visite à une amie.

Newt n'eut pas besoin d'en dire plus. Le demiguise prit une expression enjouée avant de disparaître et d'avancer, ouvrant la porte de la cabine de Newt, et s'élançant dans le couloir. Newt sourit inconsciemment. En voilà un qui était tombé éperdument sous le charme de Catherine.

Une fois dans le couloir, Newt se dirigea avec appréhension vers le couloir réservé aux femmes en priant pour que la femme de la dernière fois ne soit pas là à tenir la garde. Ses yeux toujours en mouvement, à la recherche d'un signe de celle-ci, il ne remarquait pas les regards déconcertés des autres passagers qui passaient près de lui et observait avec incrédulité un homme, la main tendue dans l'air, comme s'il tenait la main d'un enfant.

Les pas du sorcier l'amenèrent rapidement devant la porte de la cabine de Catherine, et Newt le cœur battant, se retrouva pétrifié. Le souffle court, il hésitait sur la marche à suivre : frapper à la porte ? Entrer ? Faire marche arrière ?

Dougal pris la décision à sa place et tenta d'ouvrir la porte. Celle-ci étant fermée à clé, le demiguise désormais visible, sortit la baguette de la poche de Newt et la mit dans la main du sorcier, faisant un geste de la tête vers la serrure. Newt leva un sourcil amusé avant d'obtempérer. Il préférait cependant ne pas penser à ce qu'il faisait : pénétrer sans y être invité dans la cabine d'une femme qu'il connaissait à peine. Pouvait-il finir en prison pour cela ?

Par la barbe de Merlin, il était vital qu'elle se souvienne de lui.

Le demiguise ouvrit la porte et s'avança dans l'obscurité qui régnait dans la cabine. Catherine devait dormir. Newt s'approcha du demiguise et celui-ci se retourna, ses grands yeux sages se montrant réprobateur. Newt eut l'impression d'être un enfant se faisant réprimander par ses parents.

— Oui, bien sûr, je vais attendre ici.

Légèrement embarrassé, le sorcier se gratta la nuque avant de reculer. C'était une meilleure idée. Il valait mieux qu'il ne soit pas là quand Catherine se réveillerait pour trouver deux intrus dans sa chambre ; si elle n'avait affaire qu'à un animal inoffensif, cela serait plus sûr.

Le demiguise pénétra dans la cabine avant de fermer la porte derrière lui et Newt se retrouva les bras ballants dans le couloir. Pickett, sur son épaule, en profita pour faire un petit bruit qui ressemblait fort à un rire et Newt répondit :

— Je ne comptais pas vraiment entrer, je-.

Pickett secoua aussitôt la tête avant de retourner se cacher sous le col de Newt, laissant le sorcier seul, le regard plein d'espoir figé sur la porte de la cabine.

Il n'espérait qu'une chose : que cette idée insensée fonctionne.