Chapitre quinze

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   - Oh mon Dieu ! s’écria-t-il.

   Il me prit dans ses bras et les referma autour de moi comme un étau.

   - Ne me refais plus jamais ça…

   J’étais encore sous le choc de voir mon père. Depuis quand a-t-il été libérer ? Et pourquoi ? Il passa un bras autour de mes épaules et m’entraîna à l’intérieur. Il y avait maman, avec Morgan sur ses genoux, le regard terne, presque vitreux, Raphaël, une tasse de café entre ses mains, la mine abattue. En voyant entrer mon père, ils levèrent la tête, et faillirent s’évanouir sur place en me voyant.

   Lentement, Raphaël se leva, laissant sa tasse de café froid sur la table. Il se planta en face de moi et me gifla. De petites perles d’eau salée roulèrent sur ses joues.

   - Tu n’avais pas le droit de me faire ça, dit-il calmement.

   - Je sais.

   Il m’attira à lui et je me blottis contre son torse.

   - Tu m’as manqué, pauvre folle.

   - Toi aussi.

   Nous nous séparâmes après une longue accolade. Puis c’est ma mère, qui donna Morgan à mon père et qui me prit dans ses bras, en sanglotant.

   - Pardon… Pardon… Je suis désolée… J’ai… J’ai lu ta lettre… Je… Je ne sais pas ce que j’ai fais pour tu nous quittes… Oh mon Dieu…

   - C’est fini, maman. Je ne vous quitterai plus.

   Un long silence régna sur la pièce.

   Ma mère se jeta sur le téléphone et composa, toute tremblante, le numéro d’Eden, pour lui annoncer mon retour. Elle se ramena quelques minutes plus tard avec Eliott, et ils jouèrent admirablement bien la comédie. Ce devait être de famille…

   Je chuchotai à Eden :

   - Il faudra bien leur expliquer ce qui s’est passé.

   - Ce n’est pas déjà fait ?

   - Je ne parle pas de ça.

   Elle comprit de suite.

   - Paris ne te réussit pas… Tu as perdu la boule ou quoi ? On ne peut pas, l’Assemblée ne serait pas d’accord.

   - La quoi ?

   Il fallait s’en aller.

   - Dis-moi, Eden, tu n’avais pas un de ces jolis foulards que tu mets si souvent dans ta voiture ?

   - Mais non…

   Je lui assénai un coup de coude dans les côtes.

   - Aïe ! Si, je crois que j’en ai un, tout compte fait…

   - Vous ferez ça après, les filles ! s’écria ma mère.

   - Ça ne prendra que deux minutes !

   Elle sourit.

   - D’accord. Mais essaye de ne pas disparaître, cette fois.

   Je souris, crispée.

   Eden et moi sortions.

   - On ne peut pas leur mentir.

   Elle me fit dos.

   - J’ai essayé de dire à celle qui était ma meilleure amie, Elisabeth, quelle était ma véritable nature. Elle l’a bien pris, ne l’a révélé à personne. Elle savait mon secret. On vivait comme ça. Sauf qu’elle culpabilisait. Elle a sombré dans une obsession malsaine, qui prend tout mortel au courant de l’existence de notre monde : elle voulait à tout prix devenir Immortelle. Elle s’est fait passée pour une folle, une mendiante, une voyante… Elle en est même devenue une criminelle. Elle était considérée comme déséquilibrée, perturbée. On en est même allé jusqu’à l’accuser de souffrir de lycanthropie, tellement son comportement était étrange. Je l’ai caché, et cela pendant cinq ans. Cinq longues années dans la démence totale. Je sais comment on transforme un mortel en Immortelle, mais je refusais à chaque fois. Elle me suppliait, me menaçait. J’ai finie par la dénoncer. J’ai risqué la potence. Mais j’y ai échappé, parce que j’avais un excellent avocat.

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