Chapitre treize

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   Je la voyais, devant moi, me quittant peu à peu. Je n'avais aucune envie de pleurer. Je restais juste auprès d'elle, pour les derniers instants qui lui restaient. Elle allait me laisser seule. Elle allait s'en aller aussi brutalement que je l'avais connue.

   - Approche...

   Sa voix se cassait. Je me penchais.

   - Je n'ai pas laissé... assez de temps... à Maximilien pour... pour...

   Elle inspira un grand coup. Elle s'accrochait à moi, à mes vêtements.

   - ...pour t'expliquer son plan. Il... Il a utilisé la suggestion sur tes proches... Il les a hypnotisés pour te forcer à t'exiler. Il...

   Sa main se crispait.

   - Du calme, chuchotai-je.

   - Il savait que ta grand-mère habitait à Paris... Il voulait te transformer pour que vous soyez liés à jamais. Sauf que ta nature d'Immortelle a tout fichu en l'air...

   Ses yeux s'humidifièrent. Les miens aussi.

   - Merci de l'avoir tué.

   - C'était la moindre des choses...

   Elle sourit.

   - Où se trouve ta tribu ? Que je...

   - Tu n'auras pas à le faire... Elles le sauront dès... dès que l'instant sera venu.

   - Mais comment ?

   Elle me fit un clin d'œil très faible.

   - Ne t'en fais pas pour ça.

   Je lui soutenais la tête.

   - Le cuivre nuit aux Chasseresses comme l'argent nuit... aux vampires. L'inconvénient, pour le cuivre, c'est... qu'il se propage moins... rapidement que... l'argent, qui tue les vampires... sur le coup, comme tu as pu le constater...

   J'acquiesçai.

   - Va retrouver Eliott... Dis lui que tu l'aimes... Va retrouver ta famille... Eden... Ils ne sont plus sous l'emprise de la suggestion, vu que Maximilien est mort... Je suis certaine que... tu leur manques, Sienna.

   Elle savait des choses sur moi. Comment pouvait-elle savoir ?

   - Maximilien m'a donné... beaucoup d'informations... pour te retrouver. Il t'a traqué, surveillé jour et nuit... Surtout que manipuler... plusieurs personnes en même temps était très risqué... Maximilien aurait pu devenir fou... Au sens propre... du terme. Mais...

   Je dois vraiment être expressive pour qu’il réponde aux questions que je ne prononçais pas. Elle ferma les yeux et les rouvrit aussitôt.

   - Mais il était... déjà... fou... fou d'amour... pour toi.

   - Tais-toi, dis-je doucement. Economise tes forces.

   Elle hocha difficilement la tête.

   Il y eut un grand silence.

   - Merci... Merci d'être restée pour moi, murmura-t-elle.

   Ce fut les derniers mots que sa voix prononça.

   Je laissais son corps s'étendre sur le trottoir.

   J'admirais son corps pâle. Sa beauté stupéfiante était devenue tragique. Elle dormait, désormais, et ce pour toujours. Je caressai ses cheveux et lui embrassai son front. Je vis devant mes yeux son corps se désintégré en une fine poussière d'or, qui s'envolait dans la brise légère. Un vent nostalgique.

EnergieWhere stories live. Discover now