II - D'Eau, de Sang et de Glace - Le Chemin des Âmes

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 Les flammes s'élevaient, hautes et claires sur la ligne d'horizon. Le voilier filait sur l'océan noir, semant derrière lui une traînée de bois en feu et de reflets chatoyants sur les vagues.

Dans le ciel, les aurores boréales dansaient avec une froide volupté, invitant l'âme du défunt à les suivre.

Cependant, l'âme de Findan Skjaldarn ne monterait pas jusqu'au dôme étoilé, mais il rejoindrait le dieu-requin au fond des océans. Nul prêtre de Sorren, maîtresse des tempêtes et habituellement favorite des Scandians, dans le clan Skjaldarn. Les descendants du fougueux Skjald lui préféraient leur étrange légende des fonds marins. Findan, dirigeant du clan Skjaldarn et navigateur réputé de l'Île de Skjald, s'en allait rejoindre ses ancêtres sous les vagues noires.

Tanaël Skjaldarn offrit une prière silencieuse au dieu aveugle des profondeurs, lui demandant d'accepter l'âme de son père dans son royaume sombre et froid, au côté du reste de sa famille. * Un jour, son tour viendrait de rejoindre ses ancêtres dans les abysses, chevauchant les flammes jusqu'à ce que son corps se décompose et que son âme se dissolve dans les vagues. Mais d'autres tâches l'attendaient avant que ce jour arrive, elle et ses frères aînés.

Le profil de Saorn, le plus âgé, était découpé par la lueur de la torche funéraire qu'il tenait encore à la main. Sa barbe habituellement noire était illuminée de reflets dorés et des ombres rouges dansaient dans les creux de son visage. Les funérailles de Findan, son père, marquaient aussi son ascension au statut de Seigneur de Givrebrise, le fort des Skjaldarn, perché sur son bloc de pierre au milieu de l'eau. Tout comme son père, Saorn avait voué sa vie à l'océan. Findan avait l'habitude de mener lui-même toutes les expéditions à travers les mers et d'emmener Saorn avec lui dès son plus jeune âge, imprimant en lui son caractère et son sens du devoir.

Leiren, le deuxième fils de Findan, ne partageait pas ces caractéristiques. Sa réputation se basait sur les nombreuses anecdotes que les Scandians voisins répandaient. Ainsi, tout le monde avait entendu parler de la fois où il avait tenté de pêcher le dieu-requin et avait échoué son embarcation sur un lit de sable. On connaissait aussi son goût pour les vêtements extravagants et les fêtes somptueuses. Parfois, Tanaël se demandait s'il tenait ce comportement de leur mère, qu'elle n'avait que très peu connue.

Il se tenait en retrait sur glace, ses longs cheveux sombres emmêlés par sa chevauchée depuis le sud de l'Île plus tôt dans la journée. Il avait revêtu pour l'occasion un manteau de fourrure anthracite bordé de plumes argentées qui scintillaient à la lueur des torches.

Les Skjaldarn étant le plus petit clan du royaume de Scandia, les Martelsen formaient la majorité des invités. Tous avaient répondu présent à la nouvelle de la mort de leur plus proche allié. Alisa Martelsen, la femme de Saorn et mère de leurs trois enfants, se tenait silencieusement au côté de son mari. Abvarn, son grand frère, restait en un retrait pudique. Lui et Saorn avaient grandi ensemble, prenant exemple dans l'amitié de leurs pères. Cependant Moldin, le plus jeune et le fiancé de Tanaël, se rapprochait plus de Leiren du fait de ses différences flagrantes avec ses aînés. Là où Abvarn et Alisa avaient appris à se battre et à régner, Moldin préférait la poésie et la musique. Certes, il avait eu le même enseignement que le reste de sa fratrie, mais il n'avait jamais fait preuve de zèle durant ses leçons, et passait plus clair de son temps à errer dans la campagne, rêvant des héros et des créatures qui la peuplaient jadis.

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