Chapitre 8

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Me voilà devant cette façade de pierre rouge, que je connais par cœur. Ma maison. Pour être plus précise celle de mes parents. J'aperçois dans l'allée, non loin de la maison, la voiture de ma tante. Chose étrange, car elle ne vient plus depuis longtemps chez mes parents. Lorsqu'on se voit, c'est dans un bar ou dans mon appartement sur Lyon.

Je sens cette boule dans mon ventre, qui me suit depuis le début du trajet. J'ai peur. Cela peut paraître bizarre. J'ai peur de leurs réactions, de ce qui vont me dire car je veux en savoir plus sur mon adoption. Ce qui est normal. Je remarque la tête de ma mère derrière le rideau du salon, mon père se trouve juste derrière elle. Dés qu'ils s'aperçoivent que je les ai remarqués, ils font demi-tour brusquement.  Elle paraît si fatiguée, je ne l'ai jamais vu comme ça. Elle n'est pas maquillée, ni coiffée, même si j'ai du mal à l'apercevoir. Je ne sais pas si je me sens capable de les affronter, mais il le faut.

- Prête ? Me demande Bastien, ce qui me fait sortir de mes pensées.

Je ne lui réponds pas, mais lui prends la main comme signe affirmatif.  Nous nous avançons vers cette immense porte d'entrée qui me mène vers la vérité. La première chose que je remarque, plutôt que j'entends,  en arrivant au salon, c'est la chaîne d'information continue qui résonne dans la pièce. Une édition spéciale sur la sortie de prison d'un tueur en série, il a été incarcéré il y a une vingtaine d'années et il sort déjà. Ce qui me révolte ! Ils sont tous fixés sur l'écran de la télévision. Quand je dis tous, c'est-à-dire mes parents, et ma tante. Mais le sujet n'est pas cela, il faut que mes parents me disent la vérité. Et je suis déterminée pour.

- Ma chérie, désolée ! Me dit ma mère en me prenant dans ses bras.

- Pourquoi ? Pourquoi, vous m'avez pas dit la vérité ? Dis je les larmes aux yeux.

- Ce n'est pas aussi facile que l'on ne le pense. Interrompt ma tante. C'est fini Agnès,lui dit-elle en se tournant vers elle, il faut lui dire la vérité, c'est pour cela que je suis là. Bastien m'a prévenue Lilas. Alors je lui ai dit que je serais présente ce midi, ce qui a dû te surprendre en arrivant. Alors tous ensemble, on va te dire l'autre partie du secret.

De quoi parle t-elle ? Quelle autre partie ? Décidemment dans cette famille, ils aiment les secrets ! Et le pire c'est que tout le monde est au courant, sauf moi. La principale concernée. 

- Quelle autre partie ? Qu'est-ce que c'est encore cette histoire, "autre partie" pourquoi une ne suffisait pas ?

- Mince tu n'étais pas au courant ?

Je remarque mes parents les yeux au sol. Bastien se grattant la tête, ce qu'il fait toujours quand il a quelque chose à se reprocher. Seulement, ma tante me fixe droit dans les yeux. La seule qui assume. 

- Bien sûr que non... Comme depuis le début. Bon maintenant, c'est fini votre petit jeu... J'en ai marre, en plus vous êtes tous au courant. Non mais je rêve là. Même toi, tu savais, mais tu ne m'a rien dit. Dis-je en montrant Bastien du doigt.

- Désolée... Dit ma mère, en sortant de la pièce en larmes.

- Attends Agnès... 

Mon père n'attend pas une seconde pour la suivre dans le couloir. Ils fuient une fois de plus.

- Assis toi ma puce, je vais te la dire la vérité. Ça fait déjà un moment que je souhaite tous te dire, mais tes parents m'en ont empêché. C'est d'ailleurs pour ça qu'on ne se voit plus vraiment car je suis plus d'accords avec tous ça. C'est vrai qu'au début, j'étais pour ne pas te l'avouer pour mieux te protéger, mais maintenant il est temps. Surtout après se qui vient de ce passer. C'est vrai que tu as été adopté mais pas vraiment dans les règles de l'art, si on peut dire ça.

- Qu'est-ce que tu veux me dire par là ?

- Ce n'est pas facile Lilas, tu vas mal le prendre et je te comprendrais tout à fait. Il faut juste que tu me promettes de ne pas trop en vouloir à tes parents car ils t'aiment énormément et tu es un cadeau pour eux. Ta mère n'a jamais pu avoir d'enfants, ils ont essayé pendant de nombreuses années, sans succès. Ils ont même pensé faire appel à une mère porteuse mais cela est interdit en France. Alors, après plus de vingt ans d'essais, des procédures d'adoption. Ils ont un peu perdu la tête, surtout ta mère. Je ne la reconnaissais plus, elle avait perdu énormément de kilos, elle ne sortait plus, on aurait cru un zombie. Alors, c'est là qu'elle a eu cette idée vraiment absurde. Tes parents n'ont pas toujours vécu à Lyon, avant ils habitaient à Paris. Ton père était un agent immobilier très reconnu et avait donc de très bons contacts. Lilas, tu as été volée, par le meilleur ami de ton père, qui été pédiatre.

Volée ? J'ai été volée, c'est impossible ! Non non ce n'est pas vrai, ils me font un gag. J'ai l'impression que mon monde bascule. 

- Elle est où la caméra ?

- Mais non Lilas, c'est la vérité, je te le promets. Je sais que cela est dur à comprendre. Et ce n'est pas tout.

Alors là, je ne sais plus quoi penser, mes parents m'ont kidnappé, mais qu'est-ce qu'ils leur est arrivés, ils étaient temps désespérés... Mais mes "vrais" parents doivent être anéantis, perdre leur enfant comme ça. Je ne leur pardonnerai jamais d'avoir fait ça.

- Quoi, encore ? Je n'en peux plus, ma vie bascule en trois jours à peine. Et ils assument même pas, ils sont partis dehors ! Regarde les, ils sont incapable d'assumer. C'est des vrais lâches. 

Bastien me retient par le bras, mais je suis à deux doigts d'aller dehors. Leur dire toute la haine que j'ai à ce moment précis. 

- Je sais Lilas, mais c'est des parents tout de même, ils t'ont élevé. De plus, on sait qui est ton père, et ça ne va pas te plaire.

- C'est qui ?

- Ton père, c'est lui. 


Une dernière fois (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant