II

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C'était le moment où l'aube se dévoilait dans l'obscurité de la nuit. Personne, dans la ville, ne voyait ce moment. La nature s'éveillait, déployait toute son âme et, caressait le monde. Les oiseaux gazouillaient, une légère brise faisait chanter les feuilles et les branches des arbres. Le bruit des vagues était devenu plus doux, comme si la mer se reposait pendant ce laps de temps. L'océan quittait son noir glacial, pour retrouver les couleurs pâles et chaudes du ciel qui se lève. Pas loin de la plage se trouvait Noah. Il contemplait la nuit quitter cette partie du monde en embrassant une dernière fois le jour. Dans ses mains il y avait une tasse de café, qu'il buvait lentement et fixait, avec un regard presque vide, l'horizon. Quand le jour fût là, il prit la direction de sa maison. La route qui donnait sur la ville était déserte, le calme y résidait. Une boulangerie était déjà ouverte. L'odeur du pain et des viennoiseries se propageait dans l'air. Une personne habitant juste au-dessus, se réveillait lentement avec cette odeur qui lui rappelait son enfance. Son réveil fût doux, et il souriait. Dans le centre-ville certains commerces commençaient à ouvrir, se préparant tranquillement les commerçants buvaient leur café en fumant, ou non, une cigarette.
Dans la chambre de Rose, le silence était à son comble. Le noir y était presque complet, quelques rayons de soleil s'étaient infiltrés dans la chambre, recouvrant quelques parties de son corps. Un verre se brisa et sortit Rose de son sommeil. Elle n'avait pas sursauté, ses yeux s'étaient seulement ouverts tout d'un coup. Elle cligna des yeux, son corps ne voulait pas se mouvoir. Elle resta dans cette position plusieurs minutes. Quand son corps n'était plus affaibli par le manque de sommeil, elle chercha son paquet de cigarettes, qu'elle ne trouva pas. Alors avec paresse et mollesse elle ouvrit sa fenêtre et ses volets. La lumière du dehors agressa ses yeux. Pour échapper à ce faisceau lumineux elle se dirigea vers la cuisine pour se faire un café. L'odeur du café chaud la faisait sourire. Après s'être servie, elle retourna dans sa chambre et chercha de nouveau. Après quelques minutes elle les trouva sous un livre. Elle s'en alluma une et but son café en même temps en regardant la ville sous ses yeux. Dans ses yeux un certain désespoir se lisait. Les gens la grisaient. Elle retourna dans son lit en prenant son cendrier. Après avoir terminé sa cigarette et son café, elle attrapa un livre posé sur son chevet. C'était "À Rebours" de Karl Hyusmans, c'était un de ses romans préférés. Cet antihéros (Jean des Esseintes) la fascinait, dans ce roman rien ne s'y passait, cet homme voulait seulement vivre reculé du monde dans sa demeure à Fontenay-aux-Roses. Il évitait même ses deux domestiques. Malgré une fin qu'elle dépréciait totalement, ce roman était d'une beauté et d'une originalité qui lui plaisaient. La vieille dame entra dans la chambre subitement et déposa le plateau de Rose sur son bureau. Elle s'en alla en esquissant un sourire livide.
Dans la rue, l'ambiance était de plus en plus agitée. Alors elle décida d'aller prendre sa douche et de se préparer pour aller voir la mer. Avant cela, elle prit une moitié de sa tartine et but entièrement son jus d'orange et son café.

- Elle sera contente, dit-elle.

Elle alla dans sa salle de bain. Pendant qu'elle se douchait, la vieille dame entra dans la chambre pour débarrasser. À la vue du plateau, elle sourit, d'un réel sourire. Des larmes de joie coulaient le long de ses joues fripées, et elle se retira de la chambre en répandant, derrière elle, une vague de bonheur que Rose ressentit. Elle s'habilla après son moment de détente sous la douche. Elle avait une jolie robe couleur bleu pastel, avec des espadrilles blanches et un chapeau en paille. Elle n'oublia pas son petit sac et mît son paquet de cigarettes dedans. Il lui en restait seulement cinq. Elle décida d'aller en acheter en même temps que sa bouteille de vin. Après sa course, elle se dirigea vers la mer en empruntant la route qu'elle avait utilisé la veille. Elle ne pensait pas à Noah, elle avait encore oublier son visage. Elle se rappelait seulement de deux yeux d'un bleu qui lui rappelait celui de la mer. En se rapprochant de la plage, elle entendait la voix de l'océan qui l'appelait, qui demandait sa présence. Son cœur valsa, et fit naufrage dans les courbes de ses vagues. Arrivée sur la plage elle s'assit, ouvrit sa bouteille de vin et commença le dialogue avec sa belle et tendre amie. Pendant une demie-heure elle discutait avec la mer et écoutait ses plaintes et ses cris les plus déchirants. Mais son regard se porta sur une silhouette qu'elle croyait reconnaître. Lorsqu'elle fût proche d'elle, elle reconnu ses yeux et dit, d'une voix faible.

Triste est la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant