Chapitre 3: Gagnant ou perdant?

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« Je sais que Merry se faisait une joie de payer, mais tu comprends... Il regarde tour à tour cette dernière et Dory puis revient vers moi, le visage défait. L'arrivée de tu sais qui et sa mise en défi met du stress partout dans Mediatics. Même le mec de la cafetière...

— Celui qui reste 80 % de son temps à côté d'elle ? Pierce Logan ?

— Oui, il m'accorde la raison d'un geste de la main, Pierce ! Comment tu connais son prénom toi ? Je m'apprête à lui répondre, mais il me stoppe immédiatement. Non, non, en fait je ne veux pas savoir le pourquoi du comment... Il s'arrête puis reprend après un moment de réflexion. Eh bien, il doit, lui aussi, suer à grosses gouttes actuellement. Je te laisse deviner la raison Sherlock.

— Nous sommes en sureffectif et il n'en fout pas une. On réduit les coûts et on obtient de plus gros contrats, bien plus juteux. Ingénieux, mais assez rapide et qui fait baisser le moral des troupes. Un mal pour un bien en soi.

— Tu as tout compris. Dave se tourne vers son écran et sans y décrocher, il ajoute : on remettra ça à plus tard, j'ai encore des mails à répondre.

— Walters Company ?

— Une vraie plaie si tu veux tout savoir. Il pouffe puis clôt la conversation quand ses doigts commencent à taper sur le clavier. »

Je retourne à mon travail et me lance dans la lecture et écriture des courriers électroniques quand un appelle mon attention. Je l'ouvre avec étonnement.

« Madame Lawford,

Vous serez priée d'annoncer ce soir à la dernière qui me rendra son travail qu'elle est renvoyée. Il n'y a que les meilleurs et les plus productifs qui travaillent avec moi. Si vous refusez, ce qui serait fort dommage, c'est votre place qui s'envole. Considérez ça comme un avant-goût de la vie en entreprise que je vais vous faire vivre. Faites le bon choix Olivia.

Gagnant ou perdant ?

C. Barnes »

Je blêmis une énième fois et relève la tête vers la persienne. Une partie du store vénitien s'entrouvre, le visage de Barnes Junior derrière le trou qu'il a créé. Il me regarde réagir à son message.

L'avenir de la coalition se joue sur la personne qui arrivera dernière et si j'avais le courage de céder ma place pour que Dory ou Merry soit encore en course. Mon cœur me dit de ne pas détruire la vie professionnelle d'un de mes camarades, question d'éthique, mais ma raison me hurle que si je le fais, je serais obligée de retourner dans la campagne anglaise à aider papa à revendre des journaux dans les troquets autour d'Oxford. Je n'ai pas fait des études à Londres qui ont coûté un bras et ne me suis pas éloignée de ma famille pour revenir 6 mois plus tard, virée parce que je n'ai pas eu le courage de dire à une des mes amies qu'elle était virée.

Si c'est Merry, elle retrouvera vite du travail par son physique et ses qualités de dactylographie tandis que Dory resplendira par ses qualités d'oratrice. Je ne m'inquiète pas pour elles.

Il me reste moins d'une heure pour me décider de mon avenir. Retour en Europe ou suite de l'aventure outre-Atlantique.

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Il est 17h30, l'heure où nous pouvons partir. Dave se prépare en silence, avec un stylo, je tapote mon menton. Merry et Dory sont à égalité, plus qu'un seul dossier sur leurs piles respectives. La tension est à son comble et je redoute ce moment depuis trois quarts d'heure.

Merry jette des regards de truand à Dory qui est rouge de chaud. C'est un vrai combat de titan qui les oppose.

Je compte les secondes et prie pour qu'elles durent une éternité. Je n'ai pas envie de faire ce que l'on me demande.

La jolie Merry se lève d'un coup d'un seul, attrape ses dossiers et fait un marathon sur talons sans tomber puis toque à la porte. Elle rentre immédiatement et Dory tire une tête de trois mètres de long. Elle a perdu sans même savoir ce qui était en jeu.

Je sais maintenant à qui je vais devoir offrir ma place ou annoncer son licenciement express.

Alors que Victoria Beckham sort en poussant un petit bruit de soulagement, Dory rentre à son tour, dépose et ressort immédiatement.

C'est maintenant ou jamais.

« Dory ? Je peux te parler ? »

Dory se dirige vers moi en quelques grandes enjambées et me dévisage.

« Alors ?

— Je ne sais pas vraiment comment te le dire, je me tripote les doigts de stress, j'ai reçu un message de Barnes, il n'y a une heure environ... Et...

— Accouche merde ! J'ai besoin de pisser là ! Dory s'énerve alors je commence à avoir peur de sa réaction.

— Monsieur Barnes m'a chargé de dire à la dernière personne qui rendrait ce qu'il a demandé qu'elle était...

— Virée. J'ouvre ma bouche en o et écarquille les yeux. Cesse de jouer la comédie, je sais ce que Barnes t'a envoyé. Et je sais même que tu as choisi ta carrière à ton amie et tu vois ça ? Eh bien, c'est honteux de ta part. Je ne te croyais pas comme ça ma chère Olivia. Le travail et l'ambition avant la famille et les amis. Voilà ce qui te mènera à ta perte ma grande. Je t'aurai prévenue. Sur ce, va agréablement te faire foutre Olivia Lawford. Elle retourne vers sa place, éteint son écran, attrape ses affaires et sort en trombe du bureau, sous le regard de Merry, Dave et moi. »

Merry se tourne vers moi, main sur le cœur, blessée. Elle est clairement choquée de ce qu'elle vient de voir.

« Comment as-tu pu faire quelque chose comme ça à Dory ? C'est notre amie ! »

Je bafouille un petit « Je n'avais pas le choix. » qui fait presque pitié tandis qu'elle et Dave sortent, en colère.

« C'était moi ou elle, murmuré-je, lorsque la double porte se ferme entièrement. »

Je tombe lourdement sur ma chaise et m'appuie, les mains sur le crâne, coudes contre le plateau en verre. Je suis dépitée de ma fin de journée désastreuse.

« Bienvenue dans la vraie vie d'entreprise Olivia. Elle n'est pas faite pour se faire des amis et encore moins fraterniser avec eux. Les pas de Monsieur Barnes se rapprochent de moi, je me place droite et regarde mon patron qui a le visage fermé. Non, elle est dure et cruelle alors vous pouvez vous féliciter de votre acte. Il vous forgera pour obtenir la place que vous méritez ou que vous pensez mériter. Et n'oubliez jamais ceci Olivia, vous réussissez, vous grimpez, vous vous plantez, vous plongez. Bonne soirée Madame Lawford, demain est un autre jour. Il repart dans son bureau et referme la porte derrière lui. »

J'ai compris. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Rien qu'une pourrait me coûter ma place et ma crédibilité.

J'attrape mon manteau et mes affaires puis sors. Un arrêt au Starbucks s'impose. Un deuxième chocolat chaud avec de la chantilly aussi.

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now