Chapitre 3: Gagnant ou perdant?

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« Non merci, si Barnes se rend compte que je ne suis pas à mon poste et que je te délègue du travail, je serais virée donc non. Merci. Elle tape à vitesse de la lumière sur le cadran du téléphone et décroche pour demander des informations. »

Dory et Dave sont dans le même état, même si Dave est pratiquement à la fin. Il tremble tellement qu'il ne doit pas se sentir très bien, mais je ne peux absolument rien faire. Quant à Dory, elle en est à un point où ses nerfs sont en train de lâcher. Elle hurle dans le combiné et martèle son clavier avec fureur.

J'ai l'impression d'être en pleine apocalypse. Chacun de mes confrères transpire à grosses gouttes et ils sont fatigués. Six heures que nous travaillons sans prendre de pause. C'est inhumain.

Au moment où je me rassois sur mon siège et recommence à écrire des mails, une voix dans les haut-parleurs résonne dans la pièce. Haut-parleurs qui ne sont pratiquement jamais utilisés par ailleurs.

« Madame Jones, avez-vous fini ? »

Dory lève la tête vers son micro et répond, fatiguée :

« Non Monsieur, je n'ai pas encore fini. »

« Quand comptez-vous me rendre vos dossiers ? »

Elle rend remue ses dossiers pour les compter et répond, mal à l'aise :

« Deux heures Monsieur. »

« Puisque vous êtes lente, j'espère pour vous que les résultats que vous allez me rendre sont excellents. »

Je pâlis quand le frétillement des haut-parleurs cesse, Dory est pratiquement, pour ne pas dire, livide. Elle souffle un bon coup et reprend aussi vite qu'elle peut.

Dave se lève d'un bond, attrape à la hâte son paquet et en fait tomber un qui s'ouvre. Je me penche pour l'attraper et le lui redonner, mais il me repousse. Il le place entre les dossiers et s'avance rapidement vers le grand bureau puis y entre.

Mes yeux ont du mal à se concentrer sur la boîte mail. Il fait excessivement chaud malgré le mois de décembre, je tire sur mon col de pull et replace une mèche derrière mon oreille. L'atmosphère est invivable et le fait qu'il soit 16h30 me fait sourire. Enfin, plus qu'une heure avant libération.

Dave ressort, le visage défait. Il se rassoit et se presse le visage avec les mains. Ses joues sont rouge écarlate et, tout comme moi, il doit avoir mal à la main. On ne doit pas être loin d'une tendinite générale. Je prends ma chaise et la tourne vers lui :

« Ça va ? demandai-je, gentiment.

— Parce que tu crois que ça va ? Mais t'as bien vu ! Même pas une journée qu'il est là et c'est déjà un tyran... J'en viens même à regretter les remarques sexistes et machos de son père. Je tapote sa main doucement et réponds :

— Il va falloir tenir Dave, quoi qu'il en coûte. Je crois en toi comme tu crois en moi. »

Il se reprend lentement et me sourit tendrement :

« Merci Liv'. »

Je lui souris en retour puis commence à me retourner pour rejoindre ma place avant d'ajouter :

« Je suppose qu'avec toutes ses émotions, notre dîner rituel est annulé... »

En effet, tous les lundis, nous nous réunissons, tous les quatre, pour un dîner dans un petit restaurant de notre choix. Chaque semaine, on tourne, première semaine du mois, c'est le premier arrivé qui paie, donc Dave. Évidemment, je paie en quatrième semaine, juste avant la paie.

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now