Encore une heure

18 3 0
                                    

J'aurais aimé que la mort soit une amie, pour qu'on puisse discuter, pour qu'on puisse marchander. Pour que je puisse faire quelque chose. 

Le mot " agir " a été remplacé par "attendre ". Les jours passant à coup de " ça va aller, on pense à toi ".

Se succèdent la tristesse et la colère, qui parfois dansent ensemble, si bien qu'on ne les différencie plus. Elles sont si étroitement mêlées que s'en est injuste.

Le temps défile, me jetant à la figure de " si tu avais su ". Si j'avais su, peut-être que tout aurais été différent. Ce peut-être me tue, me tue chaque seconde.

Être forte c'est trop dur. J'ai tout simplement tout mon être qui me hurle que tout mon bonheur vient d'être fracassé et que je n'ai pas le choix. Je dois garder la tête haute, le regard droit, le sourire aux lèvres, mais pas trop. Pilotage automatique enclenché.

Mon fils ne me reconnait plus. Il appelle son papa et je n'ai pas le coeur de dire tout haut ce qui me vrille le crâne. Il est trop petit, il ne comprendra pas. Cet enfant que j'appelais notre bébé est devenu mon bébé.

Trésor, quand tu lui ressembleras, je pleurerai tellement.

Ma vie n'a été qu'une succession de moment de bonheur. Pourquoi est ce qu'on m'a laissé y croire pour me le reprendre ? Comment est-il possible que ça s'arrête ainsi ? Comment peut-on laisser faire ça ?

Personne ne peut comprendre parce que personne ne le connaissait aussi bien que moi. Mots banals pour tant d'amour, ça me déchire de ne pas trouver des lettres qui formeraient des mots assez puissants pour chacun puisse comprendre que je ne suis plus que du néant. " Je t'aime " qui est pourtant si beau me parait ridicule, désuet, sans saveur. C'était plus que ça, beaucoup plus.

J'en veux aux médecins, à mon enfant, à mes parents, à mes voisins, j'en veux au monde entier. Ils n'ont rien fait, ils n'ont rien pu faire. C'est allé si vite qu'on pourrait presque en rire. Comment un homme qui a tant vécu peut-il disparaitre en une fraction de seconde ?

Je n'ai jamais supplié personne. Je n'ai jamais prié. Mais bon sang, s'il existe un Dieu quelque part, quel que soit son nom, je suis prête à y croire, rien que pour une dernière soirée.

Juste encore un soir.


You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Dec 04, 2016 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

The songs tell storiesWhere stories live. Discover now