Maddie

Chapitre 72 - Vivre heureux

Rachel s'assit sur la chaise du bureau de Maddie et la fit tourner.

— Comment tu vas, là ?

— Bien, dit-elle du bout des lèvres alors que Rachel fronçait des sourcils. Non, Chel', vraiment ! Ces journées passées seule m'ont fait beaucoup de bien.

Rachel attrapa un stylo sur le bureau et commença à jouer avec.

— Super ! Maintenant, on va pouvoir profiter ensemble des vacances ! Il faut, parce qu'à partir de la rentrée, on sera bien trop loin l'une de l'autre pour se voir régulièrement.

Rachel exagéra une moue triste et fit éclater de rire son amie.

— Tu as raison, profitons de l'été ! renchérit Maddie. Et après, on se verra pendant les vacances quand on reviendra ici voir nos familles.

— Tu te rends compte qu'on ne remettra plus les pieds au lycée ? réalisa Rachel en triturant le stylo. Peut-être dans dix ans, pour la réunion des anciens élèves.

— Ça ne me dérange pas plus que ça, lâcha Maddie en se dirigeant vers la fenêtre.

Elle y appuya son front et regarda au loin. Elle soupira.

— La remise des diplômes était parfaite. Je n'ai jamais passé une journée avec autant d'amour et de bonheur autour de moi.

— Pareil, marmonna Rachel en mâchonnant le stylo. Ma famille était surexcitée.

Le silence retomba. Le seul bruit était le masticage de Rachel, remplacé par son rire.

— Dommage que tu n'aies pas vu la tronche de Sally quand elle est passée chez moi avec Cassie, et que je lui ai dit que j'allais faire la fête chez Tone avec toi ! J'ai cru qu'elle allait s'étrangler.

Rachel se pencha vers Maddie, les yeux brillants.

— Cassie m'a dit que personne n'était venu à la soirée qu'a organisée Sally après la remise des diplômes ! Plus personne ne la croit, maintenant !

— Son masque est tombé en fin d'année, murmura Maddie.

— De quoi ? demanda Rachel, le bouchon dans la bouche et tournant la chaise à toute vitesse.

Maddie s'approcha et bloqua le pied du siège pour l'immobiliser.

— Chel' ! Tu vas t'étouffer avec ce bouchon à gigoter comme ça ! Je disais que tout le monde a vu le vrai visage de cette chère ex-capitaine des Venus.

— Ouais, fit Rachel en déposant le stylo et son bouchon sur le bureau. Tout le monde l'a mauvaise contre elle ! J'espère que tu la croiseras le moins possible à Felice.

— Sincèrement, je m'en fiche. Je ne laisserai pas cette fille me gâcher encore la vie et encore moins mes études.

— Oh, elle va se faire petite, je pense. Tu sais que sa mère a dû faire jouer ses relations pour la faire entrer là-bas. Son dossier n'était pas assez bon ! Enfin, bon, mais pas excellent. Pas comme toi.

Rachel cherchait un nouvel objet sur le bureau de Maddie pour s'occuper les mains. Elle tomba sur une lettre dépliée avec le cachet de l'université de Felice.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, curieuse, en saisissant la feuille.

— Oh, ça ? fit Maddie d'un ton détaché. Une demande de rencontre par le responsable des admissions.

— Je peux ? s'enquit Rachel en se mettant à lire sans attendre de réponse à sa question.

Maddie sourit. Ce n'était pas confidentiel, sinon elle aurait déjà caché la lettre dans sa boite en fer sous son lit, comme elle le faisait avec tout ce qui était secret depuis qu'elle était petite.

— Mademoiselle Harrington, blablabla, lit Rachel à voix haute. Nous sommes ravis de prendre connaissance de votre choix et d'apprendre que votre décision se porte sur notre université. Blablabla. Vu votre excellent dossier, le responsable des admissions, Monsieur Adner, souhaiterait vous rencontrer, blablabla. Veuillez nous confirmer votre présence, blablabla. Mais c'est génial !

Elle prit Maddie dans ses bras.

— Waouh, juste waouh ! répéta Rachel, impressionnée. Ton dossier les a marqués au point que le responsable veuille te rencontrer ! Chapeau ma belle ! Pour fêter ça, tu vas mettre de côté ton auto-analyse et ta plume d'écrivain et on va rejoindre ton cher et tendre Anthony qui s'ennuie de toi et, surtout, on sort prendre le soleil.

— Quelle plume ? demanda Maddie, intriguée.

Elle n'avait pas parlé à Rachel de son défouloir, comment le savait-elle ? Après un rapide coup d'œil sur son bureau, Maddie remarqua que les feuilles chargées d'écriture étaient apparentes.

Avec sa curiosité naturelle et sa manie de toucher à tout, Rachel les avait aperçues. Maddie se mit à rire en sermonnant son amie du doigt. Rachel se précipita vers la porte en faisant semblant de s'enfuir.

— Allez, allez, s'écria-t-elle, petit bain de soleil !

Elle dévala les escaliers en interpellant Joanna.

— Hein, c'est vrai, Madame Harrington que Maddie a vraiment besoin de prendre l'air !

Joanna rit devant l'enthousiasme de Rachel.

— Effectivement Mademoiselle Duncan, cela ne lui ferait pas de mal. Allez les filles, dehors, zou !

Maddie passa déposer un baiser sur la joue de sa mère et courut après Rachel pour la rattraper.

Dehors, le soleil brillait dans un ciel sans nuages, l'air était doux et chaud. L'odeur de l'herbe coupée et le parfum frais des fleurs embaumaient l'atmosphère. Rachel sautillait sur place, ses cheveux voletant autour de ses épaules.

Maddie ferma les yeux quelques secondes, le temps de prendre une grande inspiration. Un sourire épanoui illumina son visage. Au coin de la rue, elle reconnut le 4X4 qui s'approchait et fit de grands signes au conducteur. Anthony klaxonna et, passant la tête par la fenêtre, lui hurla qu'il l'aimait. Maddie rit et, derrière Rachel, se mit à courir aussi vite qu'elle le pouvait dans sa direction.

C'était ça le bonheur, tout simplement.