Avant la fin

Mercredi

Mercredi, 23h02
J - 4

Peter s'allongea aux côtés de Violet, un peu essoufflé d'avoir gravi la coline aussi vite. Il l'avait fait inconsciemment, mais il savait qu'il était en retard et que Violet l'attendait. Et il ne voulait pas la faire attendre.
Il ne la connaissais que depuis quelques jours à peine, mais il avait l'impression qu'ils étaient amis depuis toujours. Entre son travail vain et inutile qui lui coûtait tout son temps, et les appels désespérés de sa famille, elle était sa seule source de réconfort.

— Salut Peter navré.
— Salut Violet.

Le garçon se tourna vers, et leurs regards se croisèrent. Il resta un instant plongé dans ses yeux bruns, puis il soupira.

— C'était quoi ce soupir ?
— Un soupir comme des milliers d'autres personnes doivent en pousser en pensant à l'astéroïde.
— Oh. Je pensais que t'allais sortir un truc du style "T'as de beaux yeux tu sais ?"
— J'y ai pensé un instant, lui répondit-il en rigolant.

En vérité aucuns mots n'auraient pu exprimer ce qu'il avait pensé. Ça ne servirait à rien de lui dire évidemment. Ils ne leur restaient qu'à peine quatre jours à vivre, alors à bon jouer à ça ? Il était à côté d'elle en ce moment et cela lui suffisait.

— Peter ?
— Hm ?
— Tu crois en la vie après la mort ?

Il laissa passer quelque secondes avant de lui répondre.

— Tu demandes à un scientifique pur et dur s'il croit à tout ça ?
— J'imagine que c'est ta façon de dire non...
— C'est juste que je trouve ça idiot. Même en dehors de toute considération logiques et scientifiques, je ne vois pas l'intérêt d'une vie après la mort. La mort c'est la fin, la fin d'un grand et long cycle. Alors pourquoi une fois le cycle finit, il y aurait une entité ou je ne sais quoi qui t'accueillerai en disant "surprise, en fait ce n'était que le début, t'en as encore pour un sacré bout de temps" ?
— Mouais. Ça ne te rassurerais pas de savoir que ce n'est pas la toute fin ?
— Non, je crois même que ça me ferait flipper. T'imagines un lieu avec toutes les personnes décédées du monde entier ? Même Hitler et compagnie ?

Violet éclata de rire.

— C'est vrai. Je n'y aurais jamais réfléchi comme ça. Moi ce n'est pas le fait de mourir qui me fait peur, pas comme mon père. C'est le fait qu'absolument tout ce qu'on connaît va disparaître. Tout.
— C'est vrai. Plus de villes, de routes...
— Plus de pizza, de livres...
— Plus de cours, plus rien à apprendre...
— Plus d'arts, plus de musées...
— Plus de nature, d'océan, de montagnes...
— Plus rien. Rien du tout. Plus qu'un espace vide rempli de débris, l'espace avec quelques grains de poussière de Terre.