Mardi

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Mardi, 21h46
J - 5

Ce fut Peter qui arriva sur la colline en premier cette fois. L'absence de Violet le perturba un instant, puis il se trouva égoïste. Elle devait être avec sa famille, évidemment. Après tout, c'était sûrement leurs derniers moments ensemble.

Il soupira. Il ne pouvait pas en dire de même pour lui. Sa famille, ou du moins ce qu'il en restait, était à Seattle. Lorsqu'il avait postulé pour ce stage, il n'avait pas pensé qu'il devrait partir seul, en laissant sa mère et sa petite sœur derrière lui. Mais quand il avait été accepté, elles l'avaient évidemment poussé vers la Floride. Il rêvait depuis petit d'être astronaute, il ne pouvait pas abandonner comme ça.

Alors il était parti. Et à peine trois mois plus tard, la nouvelle était tombée. L'astéroïde. Dès qu'il l'avait su, il avait voulu rentrer chez lui, mais on ne l'avait pas laisser faire. Tous les cerveaux de la planète devaient aider, et malgré son inexpérience, ils l'avaient gardé.

Le jeune avait eu l'impression d'abandonner sa famille, mais sa sœur lui avait assuré que c'était son devoir, qu'il devait "sauver le monde"... C'est pour elles qu'il était resté, pour tenter quelque chose.

Il était comme tous les autres, à se raccrocher à un infime espoir. Mais pas pour lui-même, pour sa famille. Et même si cet espoir s'étiolait de jour en jour, il s'accrochait.

- Salut, Peter navré.

La voix de Violet le sortie soudainement de ses pensées.

- Salut.

Elle s'allongea près de lui, comme ils avaient pris l'habitude de le faire ces deux derniers soirs.

- Je suis contente de te voir. Tu es plus ou moins ma seule source de réconfort...
- Pourtant je n'ai aucune bonne nouvelle à t'annoncer...
- Oh ça je m'en doute ! On va tous crever dimanche prochain, je le sais. Mais ce qui me rend folle, c'est ma famille. Rose espère qu'on va s'en sortir, grâce à l'abri antiatomique, pff... Et mes parents la confortent dans cette idée, parce qu'au fond ils veulent le croire aussi.

Elle fit une pause.

- Mais je suis la seule à rester réaliste, reprit-elle. On va tous mourir, et puis c'est tout. Et au lieu de profiter un minimum de la vie, ils font des réserves de conserves, et achète des vêtements chauds !

Peter laissa passer un instant, avant de lui répondre.

- Peut-être qu'ils ont besoin d'un minimum d'espoir pour vivre justement. Peut-être que sans ça, ils se laisseraient simplement mourir...

Avant la finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant