Chapitre 1 : Début maudit

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20 Novembre 1940. Colette à 18 ans aujourd'hui. La majorité dit-on.
Pourtant, depuis le début de la guerre Colette se sentait déjà bien plus majeur et mature que bon nombre d'adultes.
La guerre, les restrictions, la peur, le froid, la faim... C'était toute sa jeunesse. C'était ce qui l'avait forgé.
Colette faisait partit des "terroristes" comme les allemands les appellent.
Ces terroristes d'un autre genre ne sont en fait qu'une bande organisée de résistant.
Ce n'est pas les plus actifs à vrai dire, il y a bien sûr les services de Paris et de Lyon, bien plus en avance sur eux.
Ce n'est pas le courage qui manque pourtant à cette triste troupe de joyeux bretons désireux de protéger leur pays.

Edmond et Françoise, parents pauvres de Colette leur fille unique, ont tout fait depuis le début de cette satanée guerre pour défendre les valeurs aux quelles ils sont attachés.
Mais, à ce moment là, il ne savait pas encore le prix qu'ils allaient payer.

Au soir du 20 Novembre, masure de la famille de Colette, aucun gâteau d'anniversaire de prévus (restriction oblige), pas de fête, ni de voisin invité (faute au couvre feu)...
Seulement un baiser claqué sur sa joue par sa mère et ses quelque mots :

"Colette, te voilà grande maintenant. N'oublie pas que tu as été ma petite fille chérie et que tu le restera toujours. Joyeux anniversaire mon trésor, désolée de te le souhaiter dans ces conditions. Tu verra, la libération est proche, garde espoir ma fille."

Colette répondit par un sourire discret mais qui mettait sa jolie bouche et ses belles dents blanches en valeurs. Malgré un corps très menu Colette restait belle, elle prenait soin d'elle et faisait attention à son image. C'est sa mère qui lui avait toujours enseigné que malgré la pauvreté et l'indigence il faut toujours rester digne. Car quand on a pas le sou, il nous reste l'honneur.

Une demie bûche brûlait dans la cheminée et son père y faisait face, fumant une pipe sans trop de tabac.
Il semblait perdu dans ses pensées. Comme toujours finalement. Ah quel rêveur celui là, se disait toujours Colette, il rêve pour oublier la réalité, mais il sait très bien que demain il retournera travailler, qu'il reviendra fourbu et crotté puis ... qu'il repartira dans ses songes.

C'était sa vie. Certes c'était triste et grisonnant, comme le ciel de sa Bretagne. Mais c'était comme ça, elle n'y pouvait rien. Mis à part les quelques actions de résistances qu'elle faisait avec sa mère ou son père elle ne sortait pas beaucoup. Il y à quelque temps déjà qu'elle n'allait plus à l'école. C'est dommage, elle aurait bien voulu continuer ses études. Mais après le certificat tout etait devenu beaucoup trop cher.
Ses parents avaient donc convenu qu'elle resterai aider à la maison le temps que la situation s'améliore.

On entendit tambouriner à la porte. Ce n'était pas un léger toc toc comme un voisin qui veut vous demander un service, non c'était des vrais coups, des coups de géants, un acharnement contre la lourde porte en chêne.
C'est son père qui alla ouvrir. Trois allemands et monsieur Villenin, le maire du village, un sacré gripsou celui là...
"Rassemblez des affaires pour trois jours, ces messieurs vous amenes avec eux." Lança t-il au pauvre Edmond.
Tout juste sortit de ses pensées et n'ayant pas encore compris le sens de tout ça c'est sa mère qui continua
"Mais pourquoi ? Nous n'avons rien fait ! Vous ne pouvez pas, vous n'avez pas le droit."
Avec un fort accent allemand le plus grand des trois s'avanca vers la femme, bien sûr le brave homme de père de Colette essaya de s'interposer mais il fut vite mis à terre par un coup de poing d'un autre. Colette poussa un hurlement strident et s'agenouilla aux côtés de son faible père, le visage en sang.
L'allemand se tenait face à sa mère, la pauvre femme était toute pâle. Elle ne comprenait pas; lui, essayait de l'intimider.
Soudain, prise de panique, elle se mit à pleurer et balbutia quelque paroles
"Prenez nous, mais pas notre fille. Prenez moi si vous voulez. Allez, vous dis-je ! Je suis coupable mais pas la petite"
Elle ne pu en dire plus que l'allemand lui assena un gros coup au visage et elle s'effondra, sous les yeux remplis de larmes de sa fille.

Le prix de la Liberté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant