Il respire fortement, comme si le simple fait de se remémorer cela, lui brûlait la peau. Je suis complètement perdue, et soudainement je me retrouve à avoir de la compassion pour Alban. Mais pas seulement. Il me paraît si sincère, que me coeur est prêt à s'ouvrir devant ses yeux sombres.

- Je voyais toutes les scènes se jouer devant mes yeux, enfermés dans un placard, près du lit, où se passaient le plus clairs de ses ébats. Je n'étais qu'un gamin, mais il fallait à tout prix qu'elle me cache. D'après elle, certains pouvaient être méchants, il m'explique, ne perdant à aucun moment le fil de l'histoire. L'homme qui venait souvent la voir, s'appelait Jack. C'était quelqu'un de particulier pour elle. Son visage s'illuminait quand il passait la porte de sa chambre. Mais seulement l'instant de quelques minutes, il soupire. Celui ci disparaissait instantanément quand cet homme la tapait violemment, en essayant de lui voler les parties les plus précieuses de son âmes.

Il s'arrête, les lèvres tremblantes.

- J'aurais aimé l'aider, mais je n'étais qu'un gamin, et je lui avais promis de rester dans notre cachette, comme disait Marina. Marina, quel beau prénom elle portait, hein ? me sourit-il, faiblement.

Je lui rends son sourire, pauvrement, essayant de tout reconstituer dans ma tête. Et plus les informations s'alignent, et plus je commence à comprendre des choses, quant à son comportement brute et infecte.

- Cet homme, Jack, qui lui disait souvent qu'il l'aimait, en la battant ensuite ; a commencé à se faire plus pressant. Je ne sais pas exactement ce qu'il lui voulait, mais j'ai finis par comprendre qu'il s'agissait de mon géniteur. Il y a quelques années plus tôt, il grogne, en se passant rapidement la main sur le visage.

Un grimace de dégoût apparaît sur son visage, dont les traits sont accablés par la colère des souvenirs. Soudainement, un larme coule le long de sa joue. Il la chasse avec tellement de force, que j'en reste bouche bée. Ses mains ne reviennent pas se heurter aux miennes. Non. Au lieu de ça, il les cache derrière son dos, pour réprimer ses tremblements.

- Puis, au bout d'un certain temps, lorsque j'ai atteint l'âge de cinq ans, Jack n'est plus revenu. Ma mère a pleuré pendant des jours, un hommes qui ne cessait jamais de la battre, à la moindre occasion, à la moindre excuse. C'est insensé ! Mais elle l'aimait, autant que lui voulait bien lui faire croire, peste t-il.

Son regard fixe subitement, un point derrière moi, en évitant soigneusement le mien. J'aperçois brutalement, un morceau du masque d'Alban se fissurer devant mes yeux. Une larme coule le long de ma joue, sans que je puisse me rattraper. Heureusement, Alban ne s'en aperçoit pas.

- Ma mère s'est fait traiter de tout les noms, de tout les adjectifs possibles. Nous sortions très peu dans la rue, à cause des passants qui jugeaient sans cesse ma mère. Mais heureusement, Marina était forte. Elle a arrêté son travail, pour faire des petits ménages à domicile, essayant tant bien que mal de me payer mon école. (Il se pince les lèvres, mal à l'aise). J'aimais profondément ma mère, Lucie. Elle était formidable, malgré son côté un peu déjanté. (Il baisse le regard sur ses pieds, en triturant ses doigts). Elle est morte, il y a quelques années. Ce sont ces gens contre qui elle s'est battue, qui l'ont tué, qui l'ont achevé.

Je ne sais plus quoi dire. Je peux comprendre son comportement avec moi, maintenant. J'ai vu dans certains de mes cours de psychologie, que les enfants répétaient systématiquement ce que leurs parents faisaient, ou disaient. Ça devient une habitude, un automatisme pour eux. Surtout, quand l'enfant est jeune. Ça doit être le cas d'Alban. En voyant ces scènes de brutalité, il n'a pu qu'imprimer les choses, ne sachant pas vraiment qualifier le mauvais du bon, dans ces gestes vu au quotidien.

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