4. Haine

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Dakota et Ambre s'embrassaient langoureusement, pressés l'un contre l'autre, et à en juger par leur étreinte, ce n'était sûrement pas la première fois qu'ils le faisaient. Des larmes de tristesse montèrent aux yeux d'Angélique, qui se sentit horriblement trahie. Jamais elle n'avait ressenti un tel sentiment, pas même lorsqu'elle avait appris que son père avait de multiples maîtresses. Elle porta sa main à sa bouche en écarquillant les yeux.

Sous le choc, elle tituba en arrière, et retomba pesamment sur le banc. Les deux autres personnes ne l'entendirent pas, toutes occupées à leur passion, sans penser qu'elle puisse les avoir vues. La blonde eut soudain l'impression de suffoquer, serrée dans son corset et engoncée dans sa lourde jupe. Elle devait absolument sortir d'ici ! Le bruit de leurs baisers lui était intolérable, lui donnait envie de tourner de l'œil. Elle enfouit son visage dans ses mains, serrant les dents pour retenir ses larmes. Mais malgré elle, un hoquet de douleur lui échappa. Aussitôt, les baisers cessèrent. Des pas se rapprochèrent d'elle, mais la blonde ne bougea pas. Elle ne devait surtout pas laisser éclater sa colère. Elle s'efforça de respirer calmement, de canaliser sa rage pour essayer de la contrôler. Une main se posa doucement sur son épaule, et elle reconnut le parfum doucereux d'Ambre. Alors, elle feignit d'émerger d'un sommeil léger. Doucement, elle bougea son épaule, puis releva son visage vers les deux personnes. Rien n'indiquait que dix secondes auparavant, elles étaient occupées à s'embrasser passionnément. Au contraire, elles se tenaient légèrement écartées, comme le voulait la bienséance, et Dakota posait sur Angélique un regard inquiet :

« - Allez-vous bien, mademoiselle ? »

Quel hypocrite ! Comment pouvait-il oser demander cela, alors qu'il venait de la trahir sans vergogne ?! Soudain, elle prit conscience qu'elle avait exactement le même comportement avec Iris, Ambre, et toutes les autres personnes de sa connaissance. Elle aussi était hypocrite, dissimulait ses émotions pour mieux persifler ensuite. Elle eut envie de vomir, et sentit le sang de se retirer de son visage. Aussitôt, Ambre s'assit à ses côtés, prenant ses mains dans les siennes :

« - Mon Dieu, Angélique ! Vous êtes toute pâle ! Que vous arrive-t-il ? »

La blonde aurait volontiers craché à la figure de cette fille de parvenus qui osait embrasser... L'homme qu'elle aimait. Oui, elle était amoureuse de Dakota. Elle l'aimait de tout son cœur, alors qu'elle s'était jurée d'être totalement irréprochable et que les hommes n'auraient jamais d'emprise sur elle. A ce constat, elle sentit son coeur se déchirer douloureusement, mais elle réussit, grâce à un terrible effort sur elle-même, à étirer un faible sourire :

« - Ce n'est rien... Un moment de faiblesse. Je suis venue ici pour être au calme, et... J'ai dû m'assoupir. Et vous ?

- Oh, je faisais visiter à Monsieur Ellison notre serre, car il en avait entendu parler. »

Angélique opina en serrant les dents. Quelle hypocrite, elle aussi ! Elle étouffait, elle devait absolument partir loin d'ici ! La jeune femme se releva, mais chancela et faillit tomber. Aussitôt, Dakota la rattrapa par la taille, et ordonna :

« - Mademoiselle Spencer-Brown ? Allez chercher son attelage, je vous prie. Il vaudrait mieux qu'elle rentre chez elle.

- Oui, j'y vais. »

Ambre disparut dans un froufroutement de tissu. Dès qu'elle fut partie, il serra Angélique contre lui, lui caressant le visage avec une inquiétude qu'elle savait feinte :

« - Bon sang, vous êtes si pâle...

- Je sais. »

Son ton était sec, et il eut un sourire :

Jamais cela n'aurait dû aller aussi loin... (Amour Sucré)Where stories live. Discover now