Le théorème des coeurs brisés

Pierre Corneille

"Quand on a tout perdu, on n'a plus rien à craindre." Pierre Corneille

Gabriel a pensé à ça aussi quand Ariane est partie. Parce qu'Ariane est tout pour lui. Il l'aime d'un amour éperdu, c'est bien pour ça qu'il est perdu à cette heure ci.

Gabriel est allongé parterre, il est concentré sur les défauts que son plafond a. Il est un peu bizarre Gabriel, l'amour l'a rendu fou. Mais ça il ne s'en rend pas compte.

Aujourd'hui, il est assez calme, il faut dire qu'il ne mange plus beaucoup et que ses crises de larmes l'affaiblissent énormément. Et puis, ne parlons pas du sang qu'il perd lors de ses dérapages. Les dérapages sont de plus en plus nombreux et ça préoccupe les parents de Gabriel.

Gabriel était jusqu'à ce qu'Ariane parte, un garçon gentil, sans histoire et encore moins avec des troubles psychologiques. Les parents de Gabriel s'inquiètent car il fait des trous dans son mur à force de s'y taper la tête. Sans compter toutes les cicatrices qui sont présentes sur son corps squelettique. Et puis tous ces repas sautés ou vomis. Sans parler de l'alcool qu'il consomme de plus en plus.

"Pourquoi es-tu si triste Gabriel ?"

Il s'est posé la question cent fois et puis il s'est rappelé. Il s'est souvenu des mots qu'Ariane avait prononcés.

"J'ai rencontré un garçon Gab, je suis tellement désolée."

Pour oublier cette terrible phrase, il cogne sa tête. Il s'arrête que quand le sang commence à inonder son front. Il s'estime soulagé après avoir défoncer son crâne.

Gabriel est toujours allongé mais la voix d'Ariane résonne dans sa tête. Il panique, il sait que la voix de sa douce a le même effet que le chant des sirènes dans l'Odyssée. Il tente de résister mais il sait aussi que sa voix l'assassine. Cela ne veut pas dire qu'il n'aime pas la voix d'Ariane, bien au contraire, c'est la plus belle mélodie pour lui. Ses doigts se crispent, sa mâchoire se resserre. Alors qu'il commence à suffoquer, il laisse sa tête partir dans le mur.

Une fois, puis deux... Et il ne compte même plus tant son rythme est rapide. Mais il sait qu'il y a été assez fort, le sang vient se mêler à ses larmes.

Il retourne à sa position allongée et ferme les yeux. Le sourire de sa jolie Ariane envoûtant son esprit noir. Il pense à la douceur de ses cheveux, il peut encore les sentir sous ses mains tremblantes.

Gabriel cesse de penser et continue de sombrer.

Après tout, échouer, c'est son domaine.