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Deux jours après avoir reçu cette lettre, un garçon passa d'un pas rapide les portes coulissantes de l'hôpital Pierre Martin. Sans hésitation, il se précipita vers le bureau d'accueil et demanda:

« Je suis venu voir Eva Chosnel. »

Quand ces mots sortirent de sa bouche, son cœur tambourinait dans sa poitrine. C'était l'instant de vérité.

« Chambre 310, deuxième étage sur la droite, annonça infirmière. »

Matt ne s'était pas trompé ! Elle était bien là !

Sans plus attendre, il se dirigea vers l'ascenseur. Pendant que celui-ci le menait vers les étages supérieurs, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui lui avait pris: qu'est-ce qu'il foutait là, pourquoi n'était-il pas en cours de maths? Vu son niveau scolaire et sa menace de redoublement, ce n'était clairement pas le moment de sécher ni de courir après une inconnue!

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et le garçon mit ses questions de côté tandis qu'il s'avançait dans le couloir. Il était venu jusqu'ici, il ne pouvait pas abandonner. Comme le lui avait si bien appris cette fille, il fallait qu'il aille au bout de ses projets. Si près du but, il allait enfin savoir qui se cachait derrière toutes ces lettres et ces conseils anonymes depuis plus d'un mois.

Quand il arriva devant la porte 310, il resta un instant, la main sur la poignée, le cœur s'emballant. Puis il pris une grande inspiration et, en même temps qu'il expirait, abaissa la poignée.

Depuis son lit d'hôpital, enveloppée dans ses draps blancs, Eva abaissa le livre qu'elle avait entre les mains, surprise d'être interrompue à cette heure-ci ; les médecins étaient censés passer dans une heure et demie.

Quand elle leva les yeux vers la porte désormais grande ouverte, elle ne reconnut pas tout de suite la silhouette qui se tenait dans le cadre; un garçon, indéniablement, pas spécialement grand mais carré d'épaules, aux cheveux noirs coiffés en brosse. Mais, quand son cerveau aligna ses neurones pour enfin mettre un nom sur ce visage qui lui paraissait vaguement familier, elle en resta bouche bée.

« Matt... »

Le livre qu'elle tenait encore vaguement entre les mains glissa du lit pour atterrir sur le sol sans pour autant que l'un des deux adolescents n'esquisse le moindre geste.

« Tu es venu... ajouta finalement la malade.

— Pourquoi en aurait-il autrement?

— Tu pouvais très bien ne pas en avoir envie.

— Mais ce n'était pas le cas.

— Tu pouvais ne pas réussir à me trouver.

— Mais je l'ai fait.

— Oui, à vrai dire je me demande bien comment t'y es arrivé...

— Ce sera pour une prochaine fois.

— Tu aurais très bien pu ne pas arriver à temps.

— Comment ça ?

— Tu aurais pu me trouver morte, Matt. »

Until The ApocalypseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant