25. Subterfuge

Depuis le début
                                    

Charles serra les dents, secoué de frissons, au bord de l'évanouissement. Associée au poison, la vive angoisse qu'il ressentait le malmenait.

S'il avait perdu Victoire, s'il avait perdu les plans par une simple erreur d'inattention...

Le Mercenaire se mit à courir, bien qu'il ait l'impression de défaillir à chaque foulée. Lorsqu'il déboucha dans la rue de son oncle, il n'entendait plus rien d'autre que les battements chaotiques de son cœur et le souffle effréné de sa respiration.

Il monta quatre à quatre les marches de l'escalier, sa main posée sur la crosse de son pistolet.

Son ventre se tordit lorsqu'il fit irruption dans la chambre vide.

Sa gorge se noua quand il nota le regard emplit de déception et de haine que son oncle posait sur lui, appuyé contre le chambranle de la fenêtre.

— Où est-elle ? tonna le noble.

— Je ne sais...

— Tu me déçois tellement. Je n'aurai jamais dû te donner cet antidote. Je savais bien que tu me trahirais ! Je l'ai toujours su !

— Mon oncle, je ne...

— Je repose ma question. Où est-elle ?

— Je ne sais pas ! Je suis désolé, je ne songeais plus au fait qu'elle pourrait...

— Pourquoi être venu jusqu'ici, pourquoi toute cette mascarade alors que tu n'as jamais ambitionné de m'aider ?

— Je ne vous ai pas trahi ! Je ne vous ai jamais trahi, j'ai toujours œuvré pour...

— Vas-tu me tuer, Charles ? Est-ce pour cela que tu tiens cette arme dans ta main ?

Le Mercenaire avisa le pistolet qu'il avait inconsciemment sorti. Il le rangea avec un soupir.

— Vous êtes fou, mon oncle.

— Tu avais une mission ! Une seule ! aboya-t-il.

Charles sentit son pouls accélérer. Il serait si facile de tuer Dragan, de retrouver Victoire et de s'enfuir. Si cela s'était produit il y a encore quelques semaines, il aurait sans doute dégainé. Au lieu de cela, il planta son regard dans celui, glacial, de son oncle.

— Je m'engage à vous la ramener.

Il regagna la rue en courant, conscient que la tâche allait s'avérer difficile. Avec les millions d'habitants que contenait Londres, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Seule la chance lui permettrait de retrouver la jeune fille.

S'il n'avait pas été définitivement brouillé avec sa guilde, il aurait sans doute fait appel à des Mercenaires et à leur vaste réseau d'informateurs pour l'aider. Mais il ne pouvait compter que sur lui-même, puisqu'il était toujours menacé de mort par son propre ordre.

En réprimant la douleur qui irradiait de tout son corps transi de fièvre, il se força à réfléchir. Ses sentiments pour Victoire venaient également interférer dans ses pensées. Il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir de l'avoir laissé seule. L'imaginer errant dans Londres et le fuyant le mortifiait. Et s'il lui arrivait malheur ? Il prit une profonde inspiration. S'il gardait à l'esprit que Victoire n'était qu'un contrat, il parviendrait à ne pas se laisser submerger.

Un pacte, un nom sur un bout de papier. De tout les Mercenaires, Charles était incontestablement le plus doué. Il le savait, et cela l'avait rassuré plus d'une fois. De plus, il mettait un point d'honneur à connaître toutes ses victimes. À connaître leurs faiblesses, mais aussi leurs forces afin de ne pas les sous-estimer. Il avait passé assez de temps avec Victoire, il la reconnaîtrait entre mille. Entre mille, pas entre des millions. Mais c'était déjà cela.

Engrenages Pourpres [Terminé - En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant