9- ca va doucement

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9- Ça va doucement

---------------------- Aissatou

J'essayais de m'habituer à mon nouveau quotidien en France, ma première semaine a été très difficile parce que j'étais perdu, j'avais du mal à suivre sur certaine chose. Je me retrouva pour la plupart du temps seule à la maison durant la journée. Papa dormait parce qu'il travaillait de nuit, il était toujours en décalage avec nous et Ousmane ne se levait pas avant 12h pour aller se laver et disparaître toute la journée. Tanti Fatou partait travailler, elle faisait femme de chambre à l'hôtel et les autres étaient à l'école.

Je me levais chaque matin sans but précis, je n'avais personne à visiter mes copines étaient sans doute en cours, ma tante au travail. Je commençais par prendre le balai volontairement et faire mon petit ménage, vaisselle, ça m'occupait le temps. Je restais aussi un moment devant la télévision, j'essayais de retrouver mes programmes. En même temps tout ça me reposait, je ne savais toujours pas qu'est ce que j'allais faire de ma vie. J'ai été contrainte d'arrêté l'école en classe de seconde, je n'étais pas une très bonne élève mais je faisais tout mon possible. Je ne me voyais pas reprendre les cours ça allait être trop handicapant pour moi. J'allais avoir bientôt 20 ans, j'étais en âge de travailler mais même pour ça je n'avais aucune expérience, pas de CV, je ne savais même pas comment m'y prendre. Il me fallait de l'aide pour ça, j'attendais le moment pour demander à mes copine de l'aide ou à Coumba la fille de Tanti Diaba.

J'avais pris l'habitude de ne rien faire ma dernière année au bled mais comme on vivait en communauté il y avait toujours du monde pour faire les tâches, mais chez moi j'étais seul de chez seul. Je vous jure j'avais perdu l'habitude d'être seule, ça ne me déplaisait pas mais ça faisait trop bizarre. J'ai pris le temps de revisiter notre appartement, je me suis attardée sur le salon parce que ça changé, il y avait des nouveaux canapé, nouvelle armoire, nouvelle décoration mon père a investit ici quand je n'étais pas la. Il y avait plein de photos des enfants à Tanti Fatou mais aussi une de mes deux frères, plus rien de moi ni de ma mère. J'ai ouvert les placards pour regarder par curiosité, il y avait un peu bazars des papiers par ci par la, encore des photos toujours les mêmes. Je faisais mon inspection de l'appartement, je me suis dirigée vers les placards du couloirs qui servait de fourre tout, il y avait tout et n'importe quoi mais j'ai retrouvé mes cours, des anciens vêtements à moi, j'ai refermé sans trop calculer maintenant que j'avais fini avec ça.

Je suis partie spontanément en cuisine, pour ouvrir les placards mais aussi frigo, je cherchais de quoi cuisiner. J'avais été contrainte à cuisiner au village mais à la fin j'aimais bien même si les ustensile étaient rudimentaire. Maintenant j'avais une vrai cuisine devant moi, même la gaziniere à changer, je n'ai pas trop mis de temps pour comprendre. J'hésitais, je me rappel à cuisiner pour nous (mes frères et moi) ou compter les autres aussi. J'ai sorti des cuisses de poulet du congélateur, je ne savais pas quoi faire encore mais j'aimais trop le poulet. J'ai pris ce qui se trouvait dans le frigo, il y n'avait même pas grand chose dedans, je ne savais même pas comment l'autre faisait pour cuisiner. Je me suis rabattu sur un yassa, il y avait que ça à faire.

J'avais pris l'initiative de m'occuper de la cuisine, c'était devenu ma routine chaque jour ou je resta à la maison, Tanti Fatou avait râler en disant que je gaspillais beaucoup en utilisant beaucoup trop de viande ou poulet, enfaite elle avait toujours son mot à dire car elle a pris le seum que j'avais investit sa cuisine. Pourtant tous mangeaient mes plats son frère et ses enfants les premiers même, sur ça mon père n'avait plus à redire. Hormis la cuisine que je faisais pour tous, je continua à ignorer une partie de ma famille celle de Tanti Fatou. J'étais toujours derrière mes frères à surveiller ce qu'ils faisaient.

J'ai pu rencontré mes copines, un week end  j'étais descendu chez Salimata. Elle était choquée de me revoir et même sa mère aussi, en tout cas on m'a bien accueillit et grâce à Salimata j'ai retrouvé toutes mes autres copines. J'ai eu le droit aux questions et tout, la plupart avait appris que j'étais parti me marier au bled, les nouvelles circulaient vite dans le quartier. J'ai dis seulement le nécessaire que j'avais été marié mais que ça n'avait pas marcher c'est pour ça que je suis revenue. Je ne voulais pas revenir dans les affreux détails qu'on m'a séquestré au village pour me marier de force à un homme violent qui profitait de moi chaque nuit, qui me battait à sa guise, qui m'a fait avorté avant l'heure par son acte barbare et que j'allais y passer. Tout ça je le garda au fond de moi, ce n'était pas de la honte, je restais traumatiser en vrai. Ne pas en parler était pour moi une défense mais les conséquences étaient la. Passer cette étape, mes copines m'assistaient en se renseignant pour moi, pour trouver une formation ou quelque chose du genre. Je ne les voyais que quelques week end.

Je passais le plus de mon temps avec Coumba ma cousine, la fille de Diaba. C'est elle qui me prenait en main sur tout, elle m'accompagnait pour m'acheter des vêtements, pour me coiffer, elle me remettait à la page en vrai. J'avoue quand quelques semaines j'étais métamorphosé, j'avais repris des formes même si je restais mince, j'avais bonne mine et je me trouvais de plus en plus belle. Coumba m'aidait aussi pour les démarches, c'est elle qui m'a retapé mon Cv et tout. Coumba avait 25 ans, j'en avais que 20 mais on s'entendait à merveille.

À la maison, c'était un autre chose je me sentais pas encore alaise dedans. Tanti Fatou me provoquait constamment je lui répondais toujours mais c'était sur un jour j'allais lui casser sa gueule. Elle commençait même à monter mon père.

Quand je lui demanda pour aller vivre chez Diaba.

-Tu vas faire quoi chez eux, tu as une maison ici. Tu ne bouges pas d'ici pour aller la bas. Venait me dire mon père sans appel.

Il refusa strictement que j'aille vivre chez Tanti Diaba. Pendant qu'à la maison, c'était moi et les autres, je ne parlais qu'à mes 2 frères et je faisais aucun effort pour les autres. C'est pendant ces jours qu'était venu Bouba pour me parler. Je ne le calculais même pas, il n'avait pas l'air méchant mais juste qu'il soit du même sang que l'autre ça me refroidissait.

-Pourquoi tu ne dis jamais bonjour. Me reproche t'il

-Fait ta vie et je fais la mienne. Lui répondis-je froidement

-Ce que tu fais la, c'est pas bien. Me moralise t'il

-C'est mon problème. Parlais-je sèchement.

-Tu crois tu peux rester à la maison et parler que à la moitié des personnes dedans. Me raisonnait t'il

-Ça fait quoi si je te parle pas, arrête de me soûler. L'envoyais-je balader une nouvelle fois.

Bouba m'énervait parce qu'il forçait toujours, il me suivait toujours du regard quand on était à la maison. Il me suppliait toujours pour faire ses gamelle comme si j'étais sa femme.

Je ne me voulais pas être méchante mais je n'arrivais pas à faire un pas vers les autres membres de notre foyer, j'avais le cœur endurcit et je n'étais pas prête à pardonner.

Aissatou Où les histoires vivent. Découvrez maintenant