Les étoiles brilleront ce soir

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Thaïs :

Minuit. J'attrape ma tasse de thé, prête à aller au lit.

Du temps a passé depuis que j'avais quitté la France. Après mon année, je suis revenue pour passer mon bac.

Mireille avait raison. Tout le monde était encore là, à mon retour.

Sauf lui.

Et mon coeur qui était resté à New York, cette ville trop bruyante, trop exubérante, trop vivante.

Je savais que je devais y retourner. Par tout les moyens. Alors j'avais travaillé comme jamais, me construisant un dossier en béton pour être accepté dans le seul endroit où je voulais être.
Puis j'avais envoyé mon dossier pour la NYU. Et j'ai prié.

« Tu fuis un peu, nan ? m'avait demandé Eva, avant que je reparte. »

« Elle ne fuit pas Evy, avait rétorqué Mireille. Elle suit ses rêves. »

Elles avaient raisons. Les deux.

J'ai fuis Mathis. Et j'ai suivi mes rêves.

Du haut de mes vingt ans, j'ai de moins en moins le mal du pays. J'essaye de ne pas y penser.

Pourtant, cette nuit-là, je vois mon ordinateur allumé.

Je m'approche à pas de loup, pour ne pas réveiller Raphaël qui dort à côté.

J'hésite un instant, comme si j'étais prise en flagrant délit et puis je tape son nom.
Mathis Wangerdem.

En quelques instants, google me donne accès à des milliers de pages ayant plus ou moins un rapport avec lui. Je vais sur google image. Il n'a jamais eu Facebook, je le cherche donc avec désespoir parmi toutes les petites photos qui s'affichent.

Et je le vois. Il n'a pas beaucoup changé. Un énorme sourire accroché aux lèvres, des cheveux en bataille, un regard rieur.
Je le regarde un moment, perdue dans mes pensées.

Puis, je ferme mon ordinateur brusquement.
Je tente d'effacer son visage souriant de ma tête. Après toutes ces années, c'est fou qu'il me fasse toujours un quelconque effet.

J'en ai eu des exs, pourtant.

Désormais, je les croise dans les couloirs de l'uni' sans la moindre réaction.

Et puis, il y a Raphaël. Je l'ai rencontré alors qu'il venait d'arriver de Séoul. Je lui ai fait visiter l'uni.

Je l'ai tout de suite apprécié. Sa douceur, sa gentillesse, son adorable accent, sa beauté, son humour.

Je l'aime. Sincèrement.

Mais c'est vrai. Ce n'est pas pareil qu'avec Mathis.

Ce n'est jamais pareil.

Thaïs :

La toile est bleue. Du bleu anthracite, du bleu nuit, du bleu pétrole, du bleu noir. Et au centre, on peut voir des étoiles. Et une lune.
Je m'approche de la peinture et je la contemple attentivement.

Si on observe bien, on pouvait voir que les bleus se fondent pour former un visage. C'est magnifique. Alors que je m'approchait encore un peu plus, j'ai entendu un rire. Je me tourne brusquement et je tombe nez à nez avec un visage que je ne connaissais que trop bien.

C'est le tableau qui est sur le flyer que m'a montré Mireille ce matin, en débarquant chez moi pour m'arracher de force à mon lit et me traîner ici.

Il est sublime, ce tableau. Je le regarde si attentivement que je suis terriblement proche de la toile.

- Faites attention mademoiselle, vous allez mettre ton nez dans la peinture !

Les étoiles ne brilleront pas ce soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant