Les étoiles sont cachées par les nuages

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« And that's when I know it's over. As soon as you start thinking aboutthe beginning, it's the end. »

Junot Díaz, This Is How You Lose Her

Présent, Mathis :

Je chasse les souvenirs de ma tête. Les gouttes de pluie s'écrasent sur mes lunettes.

Je fixe Thaïs. Elle a cesser de pleurer. Elle ne me regarde plus, elle a la tête tournée vers le fond de la rue.

Elle va partir. Je le devine.

J'ouvre la bouche pour dire quelque chose. Pour la retenir, peut-être. Pour lui dire que ça ne peut pas se finir comme ça, que je la veux dans mes bras, pour débattre à propos de musique, pour parler de n'importe quoi, pour l'embrasser ou dessiner son beau sourire. Mais pas un son ne dépasse mes lèvres.

Mon coeur bat à la chamade. Elle se tourne vers moi. Elle me sourit tristement.

– Bon, soupire-t-elle. Il n'y a plus rien à dire, j'imagine.

Elle hésite. J'hésite.

Et soudain, elle s'approche de moi. Elle m'attrape par la nuque et m'embrasse. Ça dure qu'un quart de secondes.

Elle recule brusquement. Je me demande quelques instants si je n'ai pas rêvé ce baiser.

– Je pars, murmure-t-elle.

Je n'ai pas immédiatement compris ce qu'elle avait voulu dire par là.

Sur le moment, je hoche la tête. Elle s'éloigne. Sa parka rouge resplendit dans la grisaille de la ville. C'est un point rouge qui s'éloigne. J'hésite quelques instants.

Et puis, je tourne les talons à mon tour.

Thaïs :

– Maman, il faut que je réponde à Jolene, ma mère d'accueil.

Ma mère sourit.

– Oui, chérie. J'ai laissé l'adresse mail sur la table.

– Alors, tu veux vraiment partir ? questionne mon frère.

Je n'hésite plus cette fois :

– Oui.

Mathis :

On s'est évité quelques temps.
Et puis un jour, elle a disparu. Sa place est vide. Les professeurs ont cessé de dire son nom en faisant l'appel.
Elle ne passe plus devant moi en riant avec ses amies. Elle n'erre plus dans les couloirs.
Le temps passe.
Une semaine. Deux semaines. Trois semaines.
Je cesse de la guetter.
Et puis un jour, quand même surpris, je questionne Georgia.

– Bah... Elle est partie aux États Unis, rétorque-t-elle comme si c'était une évidence.

Je la dévisage, sans comprendre.

–Aux États-Unis, je répète.

Elle mâche son chewing-gum et me fixe, désabusée. Elle m'agace.

Les étoiles ne brilleront pas ce soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant