chapitre 2 : les frontières

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- Je ne m'attendais pas à ce que vous reveniez avant la nouvelle année, confessa Thranduil. Les nains auraient-ils manqué d'hospitalité ?

Sa remarque railleuse fut accompagnée d'un léger sourire.

- Au contraire, ils nous ont très bien accueillis, rétorqua Legolas.

Le rictus condescendant sur le visage du roi elfe disparut. Thranduil, qui était assis sur son trône, vêtu d'une tunique argentée et d'une cape pourpre satinée, fronça les sourcils.

- Voilà qui est inattendu... je ne pensais pas que l'héritier de Dain Ironfoot serait capable de se montrer courtois vis-à-vis de mon héritier. Je n'ai pas le souvenir que son père avait de très bonnes manières, susurra-t-il. Sa grossièreté est tout ce dont j'ai pu retenir de lui.

Même après toutes ces décennies Thranduil n'avait pas oublié la mauvaise expérience d'avoir rencontré Dain Ironfoot au pied d'Erebor. Elanor avait entendu dire qu'ils ne s'appréciaient pas beaucoup. Bilbo avait été clair sur ce sujet.

Mais elle songea que Thranduil exagérait en accusant le fils d'être le portrait craché de son père. Thorin avait certes un caractère bien trempé, mais il n'avait jamais été insultant vis-à-vis d'eux durant leur séjour. Les nains s'étaient montrés exceptionnellement accueillants, surtout en ce qui concernait Legolas.

Même si Gimli avait plaidé en sa faveur, Thorin avait laissé un elfe rester dans son royaume plusieurs mois et lui avait même permit de visiter la salle aux trésors. A l'évidence, c'était Thranduil aujourd'hui qui prouvait son intolérance.

Cette déduction sembla aussi traverser l'esprit de Legolas, qui ne parvint pas à contenir son mécontentement dans l'expression de son visage.

- Pourquoi n'avez-vous pas ordonné à la garde de nettoyer la forêt ? demanda-t-il, en changeant complètement de sujet.

- Cela a été fait, répondit Thranduil.

- Pas assez bien, à ce qui semble. Vu que les orques parcourent encore librement nos terres.

Son père balaya sa réflexion d'un geste de la main.

- Ce n'était qu'une bande isolée. Dans quelques mois, ils n'existeront plus Legolas.

- Deren m'a dit que les orques se multiplient et qu'ils continuent de parcourir librement certaines régions. Le seigneur Celeborn a nettoyé le Sud, mais qu'en est-il du Nord ? répondit Legolas.

Un silence pesant s'en suivit. Thranduil tourna le regard vers son capitaine de la garde et ce dernier baissa la tête, honteux.

- Elanor et moi avons été attaqués sur le chemin de retour. Nous serions morts si Deren n'était pas arrivé.

Cette dernière déclaration sembla profondément troubler Thranduil. Son regard bleu resta braqué sur Legolas, comme s'il pensait à quelque chose, mais son expression resta indéchiffrable.

- Nous devons les chasser d'ici définitivement, reprit Legolas. Ou bien Dol Guldur renaîtra de ses cendres.

- C'est impossible. Dol Guldur a été détruite, tout comme Sauron, répliqua Thranduil. Nous ne sommes plus menacés.

- Dans ce cas, pourquoi notre peuple se terre-t-il toujours dans ces cavernes ? Pourquoi restez-vous ici ? s'exclama Legolas.

Thranduil parut prit au dépourvu par la question de son fils, mais il cacha vite ses émotions derrière un masque d'indifférence.

- Nous avons toujours vécus ainsi, et toi le premier, rétorqua-t-il.

- Et je le regrette aujourd'hui.

L'envoyée des Valar - livre  V (LOTR /Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant