Les trois mondes 1 : Healsia

Réveil d'une nouvelle réalité ~ 3

Il faisait une chaleur épouvantable là où il se trouvait. Il sentait la sueur ruisseler sur son corps, ainsi qu'une aveuglante lumière traverser ses paupières. En plein milieu du désert, la sensation aurait été similaire.

« La mort ? » se dit-il alors.

Il entendait des voix, des paroles floues.

- C'est bien lui, il n'y a pas de doutes. Tous les tests sont concluants pour le moment.

Ces paroles le réveilla davantage et lui permis d'étirer ses bras le long de son corps. Il sentit alors sous ses paumes, le plastique humide et glissant sur lequel il était installé ainsi qu'une couverture rêche et irritante le recouvrant.

« L'hôpital ? »

Sa conscience émergea davantage, lui permettant d'ouvrir les yeux. Deux ronds rougeoyant le fixèrent. Il les referma aussitôt, ébloui par la lumière blanche arrivant du dessus.

- Doucement, fit une voix féminine inconnue, restez calme, les examens ne sont pas encore terminés.

Des examens ? Oui il devait surement être à l'hôpital. Mais que lui était-il arrivé au juste ? Il se souvenait du feu, de l'arbre, du mur, du dragon... du dragon ? Il avait du rêver après avoir été assommé par les briques. Il s'en souvenait pourtant si bien, de cette chaleur ardente, de son rugissement puissant, aussi bien que de la douleur qu'il avait eu lorsqu'une partie du mur s'était effondré sur lui. Tout avait semblé si réel.

Il tenta de nouveau d'ouvrir les yeux, mais fut rapidement aveuglé par la lumière au dessus de lui. Il tourna donc la tête avec difficulté et essaya de déterminer le nombre de personne qui se trouvaient dans la pièce. Tout était si flou et semblait tourner mais il réussit enfin a discerner la pièce au bout de plusieurs minutes. Celle-ci était rectangulaire, à l'ambiance chaleureuse grâce aux couleurs écarlates qui recouvraient les murs, et pourvus d'un carrelage blanc brillant. Les meubles se faisaient rares, laissant place à de nombreuses machines de hautes technologies de part et d'autre de la salle.

Son regard continua son inspection de la pièce lorsqu'il la vit de profil. Le temps sembla s'arrêter d'un coup. Ses yeux, son nez, son visage; il n'y avait aucun doute c'était elle. Mais sa peau rouge et la queue en pointe qui dépassait de sa longue robe noire... était-il en train de rêver ? Il devait être bien amoché et dans un état second pour recevoir une telle vision.

Son interlocuteur fit un signe en direction d'Owl et la jeune fille se retourna. A peine eu-t-elle posé son regard sur lui que ses yeux s'écarquillèrent. Il la sentit paniquer puis elle se dirigea à grand pas vers la sortie la plus proche. Son cœur fit un bond ; elle était bien réelle.

- Heasie ! appela-t-il vainement en essayant de se relever.

- Calmez-vous je vous pris, il ne faut pas que vous bougiez lors du test, sinon, les résultats risquent d'être faussés et dans le pire des cas vous pourriez y passer.

Son pouls s'accéléra subitement. Sa vie était à ce point en danger ? Il alla demander plus d'informations à ce sujet lorsqu'une voix grave résonna dans la pièce.

- Madame, je crois qu'il serrait plus judicieux de le rendormir, il n'est pas encore prêt à affronter ce qu'il a vécus.

L'homme qui avait parlé était plutôt grand, à la peau rouge lui aussi et avait d'étranges yeux jaunes. Il le fixait, le regard tranchant, et semblait tenir un rang supérieur aux autres.

- Seigneur Fear, ne croyez-vous pas que cela augmenterait le traumatisme ? Un changement de monde est très difficile à vivre pour un humain, même pour lui.

Un changement de quoi ? Owl n'eut pas le temps de se pencher plus sur la question que l'homme rouge prit une seringue, s'approcha de lui et la lui planta dans le bras.

***

Il était assis sur un large lit à baldaquin, sous les draps doux et moelleux, et ne cessait de fixer la seule fenêtre de la chambre. Owl ne savait pas où il se trouvait et s'était réveillé là quelques heures plus tôt. Son bras droit le faisait souffrir et était recouvert de nombreux pansements. Il ressentait de multiples brûlures dans son bras, sur ses jambes ainsi qu'à son épaule droite qu'il n'arrivait plus à bouger.

La lumière qui filtrait dans la pièce l'emplissait d'une douceur intemporelle. Les murs étaient déjà pâles mais les lueurs extérieures l'apaisaient davantage. L'adolescent avait l'impression de se retrouver au beau milieu d'un rêve, où toutes les images obscures qui lui venaient à l'esprit n'étaient que le souvenir d'un lointain cauchemar.

Une voix familière le tira alors de ses penser.

- Owl ?

L'adolescent tourna la tête ; elle était là, à l'entrée de la pièce. Il n'avait même pas entendu la porte s'ouvrir. Sa peau rouge flamboyant sous une longue cape noire. Son regard sombre habituel gravé dans ses yeux le fixait. C'était bien elle, mais en même temps... elle était différente. Comme dans les rêves qu'il faisait parfois, où des personnes qu'il connaissait était présentes mais n'avaient plus du tout la même personnalité, la même vie, le même rôle. C'est ce qu'il pensait d'ailleurs à ce moment même ; qu'il était dans un rêve et qu'elle lui apparaissait sous cette forme étrangère.

Il l'a regarda alors s'approcher de la table de nuit, à l'opposer du lit, et y déposer un flacon contenant un étrange liquide bleu.

- Cela t'aidera à t'accommoder à cette dimension, expliqua-t-elle sans aucune émotion dans sa voix. Les humains ne sont pas faits pour être ici tu sais.

Il ne répondit pas tout de suite, l'observant, intriguée. Ses longs cheveux noirs ondulant sur son visage lui rappelaient celle qu'il connaissait mais il ne pouvait le nier ; sa peau était bien rouge et une queue en pointe dépassait du bas de sa cape.

Owl était totalement déboussoler, tout était si irréel et pourtant... Il ne pouvait pas être dans un rêve. Il ressentait tout ce qu'il se trouvait autour de lui, il arrivait à réfléchir, et il la voyait bel et bien, là, à un mètre de lui à peine.

- Et on est où au juste ? finit-il par demander sans être certain de vouloir connaitre la réponse.

Son regard se posa alors sur lui, et elle lui lança un sourire amusé. Elle fit lentement demi-tour puis, arrivée à la porte, annonça par-dessus son épaule :

- En enfer.