Epilogue

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Parfois quand je repense à celui que j'étais il y a seulement un an, j'ai un peu honte. Ma faiblesse me fait honte. Me rappeler que je pleurais sans cesse me fait honte. Quand je baisse les yeux sur mes cuisses, de temps en temps, j'ai honte aussi. D'avoir été cette personne là. Et sans doute, de l'être encore un peu.


Et puis, juste après, je me souviens que ça ne sert à rien, d'avoir honte de ce qu'on a été. Au contraire, de plus en plus souvent, je me surprends à en être plutôt fier. Pas fier de mes blessures, mais fier d'y avoir survécu. Et fier de savoir de mieux en mieux les guérir.


Je suis heureux parce que dorénavant, je sais qui je suis. Je sais que je suis important moi aussi, et pas totalement nul et incapable. Je sais que je suis moins résistant que les autres gens, et que, c'est vrai, j'ai cette capacité à me rendre triste pour des choses infimes. Mais maintenant, je sais aussi réussir à surmonter ça tout seul, sans m'y engluer.


Je veux vivre.


Je veux vivre la tête haute.


Je veux vivre, empli de toutes les sensations du monde.


Je veux vivre, et ça, je le dois à beaucoup de personnes, mais surtout à Harry.


Il est celui qui m'a redessiné une nouvelle peau. Il est celui qui a su colorer à nouveau mon monde. Il est celui qui a réchauffé ma peau gelée. Il est celui qui a calmé mes angoisses. Il est le seul à m'avoir écouté. Il est le seul à m'avoir laissé me débattre contre moi même, sans chercher à me couver, juste en étant là, silencieux mais attentif. Il est celui qui m'a rendu important.


Il est celui qui m'a rendu amoureux.


Il est aussi celui qui est parti.


Et qui m'a prouvé que oui, j'étais capable dorénavant, d'aller de l'avant. Seul. De ne pas me laisser couler.


On dit que l'amour donne des ailes. Les miennes sont sûrement bien petites et fragiles, et je me fous de voler bien haut. Mes ailes à moi, il doit leur manquer des plumes, elles sont sûrement de travers et disloqués, mais j'ai tout de même réussi à les déployer.


Pour pouvoir voler vers Harry.


Je tourne dans la rue. Il fait un peu gris, c'est le début de l'automne. Le mois d'octobre vient à peine de faire brunir les feuilles des arbres. Devant moi, il y a un grand bâtiment, qui devait être blanc il y a plusieurs années, terni par la pollution parisienne. Je m'adosse à un arbre et j'attends.


Il me semble que je pourrais attendre des heures. Mon coeur résonne lentement dans ma poitrine. Je me sens léger.


Et puis, des étudiants se mettent à sortir.


Je ne le cherche pas des yeux, je sais qu'il me verra.


Plusieurs minutes passent.


Une porte s'ouvre et mes mains se mettent à trembler légèrement dans les poches de ma veste. Harry dévale les escaliers. Il y a plus de deux mois que je ne l'ai pas vu et que je ne lui ai pas parlé. Les seules nouvelles que j'ai eu m'étaient fournis par Angelo, qui m'a aussi expliqué tout ce que cet idiot m'avait caché. Ses doutes. Sa peur de me forcer à le suivre. Sa tristesse et sa colère.


Maintenant, plus rien de tout ça n'a d'importance.


Parce que Harry m'a vu. Il s'est figé sur le trottoir. Je lui souris. Il a coupé ses cheveux, finalement. Mais son visage est toujours le même. A la seule différence que pour une fois, j'arrive à y lire un océan de sentiments mélangés. Et puis, il traverse la rue en courant. Ses yeux couleur printemps se remplissent de larmes et en quelques secondes, il est à nouveau dans mes bras. Alors mon monde se remet à tourner normalement.


La même odeur. La même chaleur. Les mêmes bras. La même peau. Le même coeur battant contre le mien. Les mêmes mains froides. La même bouche. Les mêmes sensations.


Mon amour,





" Je suis là. "








FIN.








(N'oubliez pas de lire la note qui va suivre, il y a des choses assez importantes dedans – et plein d'amour.)

Sensations - Larry StylinsonWhere stories live. Discover now