Ne te brûle pas les ailes

Chapitre Soixante-Cinq

     Alyssa

Une expression idiote trône sûrement sur mon visage en ce moment-même. Nous avons beau avoir pénétré dans la salle depuis quelques secondes, je suis complètement immobile. Mes yeux parcourent l'ensemble de la salle avec admiration et surprise. Bien que j'ai aidé à sa préparation, je ne peux m'empêcher d'être éblouie par le résultat. La décoration est bien à l'image de notre Académie, mêlant nos deux univers à la perfection. C'est bien la première fois que j'assiste à ce genre de scène.

La pièce s'étend sur plusieurs mètres dont on ne semble pas apercevoir la fin. Pour l'occasion, j'aurais presque l'impression de me retrouver dans la fameuse Galerie des Glaces de Versailles devant la beauté des lieux. Lumières et lustres en tout genre ornent le plafond tandis que des rideaux aux aspects sombre barrent la vision du monde extérieur. Plusieurs tables sont disposées de part et d'autre de la salle. Sur celles-ci, un banquet s'étend sans fin. Je n'ose imaginer le nombre de plats qui s'y trouvent mais mon estomac sera ravi de faire lui-même la constatation.

Une bonne partie des élèves sont déjà présents. La plupart avec une coupe de ce que je devine être du champagne à la main. Tous sont vêtus de robes et de costumes comme nous l'avions prédit. Et malgré l'assurance que je possédais jusqu'à maintenant, je ne peux m'empêcher de jalouser la beauté de certains. Il ne faut pas l'oublier. Ces êtres ont une beauté supérieur à la normale. Et je me retrouve perdue parmi eux, devant sûrement me considérer comme leur appartenant également. C'est assez déroutant d'avouer que nous sommes tous pareils et que je ne suis plus cette humaine invisible aux yeux des autres.

«Tu rêvasses ? Crois-moi tu ferais mieux de te réveiller avant de te faire rentrer dedans.»

La remarque de Nelly me sort de mes pensées tandis qu'elle me lance un regard amusé. Mélina ne tarde pas à en faire de même, se moquant discrètement de ma personne. Reprenant conscience, je fais mine de rien et poursuit mon ascension en tentant de faire abstraction des quelques regards planant dans mon dos. Moi qui ait horreur qu'on me porte autant attention, me voilà servit.

Je ne tarde pas à remarquer que certains élèves de mon camp m'accordent quelques salutations d'un mouvement de tête. Quant aux Démons, ceux-ci se contentent de m'observer attentivement ou de m'ignorer avec arrogance. Il semblerait bel et bien que les derniers événements aient influé sur ma réputation dans cette Académie. Il est trop tard pour faire marche arrière de toute évidence.

«Les filles !»

«Ah Benjamin tu es là !» S'exclame joyeusement Mélina en le regardant venir vers nous.

Un sourire ne tarde pas à prendre forme sur mon visage en le voyant approcher. Pour l'occasion, Benjamin a préféré revêtir un costume gris foncé avec une chemise bleu foncé par dessous. Visiblement, la cravate ne semble pas son fort puisqu'il n'en porte pas. Je ne peux m'empêcher de lui trouver un certain charme. La couleur de ses vêtements fait sortir ses tâches de rousseur et son sourire chaleureux.

Apparemment ravi de nous voir, il ne tarde pas à nous gratifier d'une accolade amicale. Ses yeux nous inspectent comme des radars tour à tour. Bien que je ne me serais pas passée de l'envie de le frapper s'il aurait s'agit de quelqu'un d'autre, je le laisse faire. Je suis consciente que contrairement à d'autres, ses intentions ne sont pas impures.

«Vous êtes sublimes toutes les trois ce soir. Je vois que vous avez fait du bon travail Nelly et Mélina. Tu es splendide Alyssa.»

«Je te remercie du compliment mais qu'est-ce qui te fait dire que je ne me suis pas préparée toute seule ?»

«Peut-être bien parce que je te connais et que j'ai aussi participé au choix de la tenue. Et je ne suis pas déçu du résultat. Il faut croire que ça en valait largement le coup. Par contre, pitié, la prochaine fois épargnez moi cela. Je vais finir par me féminiser à force de traîner avec vous trois.» Ricane-t-il.