Chapitre Trente-Quatre

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     Alyssa

Les jours se ressemblent de plus en plus. J'ai l'impression de revivre éternellement les mêmes scènes. Certes, tout n'est pas exactement pareil en approfondissant dans le détail mais cela s'en approche. Et contrairement à ce que certains pourraient croire, cette routine est loin de m'assommer ou bien de m'ennuyer. Bien au contraire. Elle me garde éveillée. Il faut dire que les conflits ne cessent de fuser ces derniers temps. La tension s'alourdit de jour en jour au fur et à mesure que les Démons se rapprochent de nous. Par conséquent, l'ambiance en devient facilement chaotique.

Cela va faire sûrement plus d'une semaine et demie que je sens constamment la présence de Maxence derrière moi. A tout moment de la journée. Je me sens épiée. J'ignore si parfois je deviens paranoïaque mais cette impression en est presque constante.

En plus de ça, j'ai l'intime conviction que Lucas a décidé de placer une certaine garde personnelle derrière moi. A croire qu'il a bel et bien mis ses paroles en œuvre. Il compte réellement garder un œil sur nous et moi tout particulièrement.

Les yeux clos, je serre mes doigts autour du gobelet chaud qui retient mon chocolat chaud tandis qu'un livre est disposé sur mes cuisses. Je ne sais pas comment je me suis retrouvée là. Toujours est-il que je suis dans le bâtiment principal et que ma garde personnelle est située autour de moi à un périmètre d'une bonne dizaine de mètre. Histoire de me laisser respirer un minimum me dira-t-on. Et malgré cette distance, je n'en demeure pas moins agacée.

«Tu es sous la protection officielle des Anges maintenant ?» Souffle une voix devenue bien trop familière à mon oreille dernièrement.

«Il semblerait bien oui.»

Je rouvre mes yeux et découvre sans l'once d'une surprise mon interlocuteur. Ses entrées théâtrales ont commencé à m'habituer. Tout comme sa présence. J'ai beau ne pas l'apprécier, j'arrive à prendre sur moi dans ces moments difficiles. Je n'ai pas vraiment le choix après tout.

Du coin de l'œil, je constate que mes gardes ont pris un air assez offensif, comme s'ils étaient prêts à agir à n'importe quel moment. De ce que j'avais pu comprendre, ils n'étaient pas chargés d'agir directement. Non. Ils se devaient simplement de me surveiller quand ce démon serait présent et d'intervenir en cas d'extrême danger. Autrement, il serait bien trop dangereux de créer de nouveaux conflits pour une vulgaire affaire de bavardage. Résultat, les choses se jouaient principalement entre le Démon et moi à l'heure actuelle.

«Tu n'es pas censé travailler un peu ?»

«Je t'en pose des questions ? J'étais en pleine pause et je suis tombé sur toi. Certains de mes subordonnés m'avaient informé que tu étais protégée maintenant alors je voulais voir ça de moi-même.»

«Attends, tu me surveilles toi aussi ?» Lançais-je en me redressant un peu.

«Ce n'est pas un fait qui devrait te surprendre désormais. Je surveille toujours mes proies mon petit Ange.»

Je ne pus retenir un air légèrement estomaquée suite à ses mots. Un sourire carnassier venait de se dessiner légèrement sur ses lèvres. Et comme à chaque rare fois que je le voyais sourire, cette expression à son visage n'avait rien de rassurant ou de chaleureuse. Il semblait tel un animal prêt à bondir sur sa proie à n'importe quel moment, guettant le moindre faux pas. Je le voyais même entrain d'imaginer abattre cette pauvre bête sans cœur. Le corps parcouru de frisson, je contenais de mon mieux ma stupeur. Mieux valait-il éviter de montrer cette peur qu'il instaurait en moi.

J'optais rapidement pour changer le sujet de la conversation.

«Je ne te comprendrais jamais.» Lâchais-je finalement.

Ne te brûle pas les ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant