Chapitre Cinquante-Cinq

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     Alyssa

L'agitation bat son plein ces derniers jours à l'Académie. Trois jours. Trois jours que mon dernier entraînement en compagnie de Maxence a eu lieu. Depuis, le Démon est resté complètement inconnu au bataillon. Selon les sources de Zack et Hugo, leur délégué se serait soudainement volatilisé peu après mon évanouissement. Impossible de retrouver sa trace.

Bien évidement, la nouvelle n'a pas tardé à se répandre dans l'Académie comme une traînée de poudre. Et la plupart des réactions se sont tournées vers un seul et même sentiment : la stupéfaction. Il fallait bien avouer que moi-même j'avais encore du mal à réaliser ce qui avait pu se produire. Tout me semblait si irréel. Pourtant, la douleur à mon aile m'avait bel et bien ramener à la réalité. Tout était vrai. J'aurais réellement pu y perdre la vie durant ce combat. Et cette constatation n'avait pas pour effet de me réjouir.

«Tout va bien ?»

La voix de Benjamin me sort bien assez vite de mes pensées. Clignant à plusieurs reprises des yeux, j'hoche faiblement mon visage avant de lui accorder un sourire crispé. Il m'observe quelques instants, peu convaincu mais garde tout commentaire pour lui. Il semble que l'habitude le prenne quant à ce sujet.

N'ayant pas cours pour cette heure-ci, il a décidé de passer un peu de temps en ma compagnie. Il faut dire que ce genre de moment est devenu assez rare vu l'agitation en ce moment. Bien que contrairement à lui, je ne doive pas tarder à retourner à mes entraînements. Encore. Nelly et Mélina sont quant à elles en cours comme assez souvent ces derniers temps. Il semblerait que la formation de Sorcier soit bien remplie.

«Je suis rassuré qu'ils aient pu te donner quelques jours de repos. Tu en avais bien besoin après ce dernier combat. Cet imbécile n'assume même pas ses actes. Il préfère se cacher comme un lâche. C'est bien un Démon.»

«T'énerver ne servira à rien Benjamin. On n'y peut rien. Je vais parfaitement bien. Regarde-moi. Je suis complètement rétablie.»

«Arrêtes de me mentir. On ne peut pas nier le fait qu'il aurait très bien pu te tuer en un claquement de doigt. Cette histoire est complètement folle quand même ! Jamais ils n'auraient dû te faire entraîner avec lui. C'est irresponsable.»

«Tu te trompes.»

Intercepté par mes paroles, je remarque du coin de l'œil que mon camarade vient de se stopper. La bouche entrouverte, il m'observe plusieurs secondes sans rien dire. Ses lèvres se referment et il semble comme hésitant, pensif. Je constate bien qu'il fait des efforts pour contenir son calme. On m'a déjà bien assez fait la morale ces derniers jours. Lindsay et Keith étaient presque prêts à se charger personnellement de mon cousin quitte à y laisser quelques plumes. Encore une chance que Mélina, l'innocence incarnée, se soit montrée la plus normale possible contrairement aux autres. Les tempêtes sont bien trop fréquentes ces derniers temps.

«Qu'est-ce que tu veux dire par-là ? Tu te rends compte de la gravité de la situation quand même ?»

«J'en suis parfaitement consciente Benjamin. Pas besoin de me faire à nouveau la morale sur ce point-là. Pourtant, je suis sûre que ses entraînements ne sont pas vains. Je n'ai pas voulu en parler parce que mes souvenirs étaient trop flous mais... Je me suis sentie puissante à ce moment-là.»

«Puissante ? Comment ça ?» Lance-t-il en haussant un sourcil.

«Lorsque la rage m'a envahi, j'ai senti cette chaleur grandir en moi. Elle m'envahissait complètement. J'avais presque l'impression que ce feu me parlait. A moi seule. C'était comme une voix familière tout au fond de ma tête. Tu ne peux pas savoir à quel point je me sentais comme en symbiose avec ces flammes. Elles me reflétaient parfaitement. Tu dois le comprendre toi aussi, non ?»

Ne te brûle pas les ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant