Dimanche

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Dimanche, 22 h.
J -7

Violet marchait vers la colline d'un pas résolu. Comme tout le monde, elle avait entendu la nouvelle. L'astéroïde. La chose qui détruirait la terre, ainsi que tout ce qui se trouvait dessus.

Quand elle avait vu ça, Violet était avec sa famille. Chacun avait eu des réactions différentes. Son père était resté stoïque, mais la jeune fille avait bien vu qu'il tremblait. Sa mère s'était mise à pleurer doucement, sans un bruit. Sa petite sœur Rose n'avait pas vraiment réagi, elle ne devait pas se rendre compte de ce qu'il se passait. Dans un sens, Violet non plus n'avait pas réalisé. Elle était juste partie. Alors que tout le monde chez elle s'étreignait, la jeune fille était sortie, et avait marché jusqu'à la colline derrière son jardin. C'est ce qu'elle faisait toujours lorsqu'elle avait un problème, ça l'aidait à réfléchir. Évidemment, vu la taille du problème en question, elle n'était pas sûre que ça change quoi que ce soit. Mais elle avait ressenti le besoin d'être seule.

Arrivée au sommet, elle se laissa tomber dans l'herbe sèche. La nuit était en train de tomber, et les étoiles commençaient à apparaître. Malgré l'heure tardive, la chaleur était étouffante. Comme toujours l'été en Floride. Violet se demanda un instant ce que les gens pouvaient bien apprécier dans cet état. Puis elle arrêta, en se disant que cela n'avait aucune espèce d'importance, puisque de toute façon, ils allaient tous mourrir sous peu.

La jeune fille soupira. Plus qu'une semaine à vivre... Que pouvait-on faire dans ces conditions ? Réaliser ses rêves ? C'était idiot, pourquoi aurait-il fallu un astéroïde pour comprendre que la vie est précieuse ?

Un bruit tira Violet de ses pensées. Un jeune homme l'air hagard arriva alors sur la colline. Lorsqu'il aperçu la jeune fille, il s'arrêta un instant, puis s'allongea à ses côtés.

— Salut.

Violet se tourna vers lui.

— Salut.

Ils restèrent un moment sans parler, puis le garçon reprit :

— Je m'appelle Peter.
— Violet.
— Je t'aurais bien répondu "enchanté", mais vu les circonstances, je ne le suis pas.
— Dans ce cas on est deux. Tu n'as qu'à dire "navré".
— Je m'appelle Peter, navré.
— Violet, horrifiée.

Ils éclatèrent de rire.

— Alors, que fais-tu ici, Peter navré ?
— Je viens toujours là quand j'ai besoin de réfléchir, d'être seul.
— Moi aussi, ce qui signifie que je viens souvent. Je ne t'ai jamais vu ici.
— Je suis stagiaire à la NASA, on a des horaires de dingue.
— À la NASA ? Donc tu es bien informé à propos de...
— De la fin du monde ? Ouais, je le suis bien. Il y a pas grand chose de plus dans le dossier, la terre se trouve dans la trajectoire d'un énorme astéroïde, qui va nous percuter dimanche prochain à dix heures du matin.
— Et on ne peut rien n'y faire ?
— Oh, tout le monde bosse non-stop sur la question, à peu près tout les scientifiques du monde sont en train d'y réfléchir à vrai dire. Mais c'est inexorable.
— Alors pourquoi vous travailler dessus, s'il n'y a rien à faire ? C'est idiot.
— Parce qu'il y a 0,5% de chance que l'astéroïde se désintègre dans l'espace. Ce que tout le monde essaye de faire, c'est d'augmenter cette probabilité.
— C'est ridicule. Ça veut dire que tu vas passer la dernière semaine de ta vie à travailler sur un truc sans espoir ?
— En gros c'est l'idée. Tant qu'il y a une chance de survie, on doit essayer d'après le président.
— Il n'y a même pas une chance, il n'y en a qu'une demie, tu viens de me le dire.
— C'est mieux que rien.
— C'est plus proche de rien que d'une vraie chance.
— Et c'est comme ça. Je vais passer la dernière semaine de ma vie à bosser pour une cause perdue.
— T'auras peut-être le sentiment du devoir accompli ? Ou alors t'auras juste l'impression d'avoir perdu ton temps.
— Ça me remonte vachement le moral, merci Violet...
— De rien, c'est normal.
— Et toi, tu comptes faire quoi pour cette dernière semaine ?
— Vivre.

Avant la finWhere stories live. Discover now