1. « Tu es en train de te tuer petit à petit »

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La rue est sombre. Il est près de minuit et demi et la nuit est tombée depuis un moment déjà. Les mains dans les poches de ma veste, je rentre chez moi après avoir passé la soirée chez une amie avant qu'une dispute éclate entre nous. Les écouteurs dans les oreilles, je marche d'un pas décidé vers la maison familiale où je vis avec mon père, ma belle-mère, mes deux grands frères et ma demi-sœur plus jeune que moi. Tournant à droite, je sens un regard brûler ma peau. L'impression d'être espionnée et suivie se fait de plus en plus présente. J'accélère le pas et resserre ma veste autour de mon corps. Alors que je me rapproche de plus en plus de la demeure familiale, une emprise autour de mon poignet m'arrête. Je me retrouve plaquée contre le mur d'un immeuble, une main posée sur ma bouche. Mes yeux sont ronds tels des orbites plongés dans ceux de la personne qui vient de m'arrêter. Un homme âgé de la trentaine se tient devant moi, les sourcils froncés, un sourire plaqué au visage. Sa main baladeuse passe sur ma joue et je tourne vivement la tête. Je ne veux pas de ses sales pattes sur mon visage, ni même sur mon corps. Son visage s'approche du mien et je tente de me défaire de son emprise, en vain. Ses lèvres ne sont qu'à quelques centimètres des miennes quand je lui crache au visage. Il se recule légèrement et ses yeux deviennent noirs. Sa main entre en contact avec ma joue, me faisant vaciller à cause de la force qu'il a mis. Je tente de m'échapper de ses griffes, mais il est bien plus fort que moi et je me sens tomber au sol lorsque son poing entre en contact avec mon ventre. Les larmes me montent aux yeux et je ne peux m'empêcher de les ravaler. L'homme continue de me frapper et je crie de toutes mes forces, espérant que quelqu'un vienne me sortir de là.

Je me réveille en sueur. Je passe automatiquement ma main dans mes cheveux devenus trempés. Je me lève de mon lit et me dirige dans la salle de bain. Je me pose devant le lavabo et allume le robinet. Je passe mes mains sur mon visage, fermant les yeux, tentant d'oublier cet horrible cauchemar. Je croyais m'en être débarrassée. Apparemment, ce n'est pas le cas. Je relève le visage et découvre mon reflet dans le miroir au-dessus du lavabo. J'ai une mine horrible qui pourrait en faire peur à plus d'un. J'ai d'énormes poches sous mes yeux. Ces derniers sont devenus rouges. Des gouttes d'eau perlent le long de mon visage se mélangeant avec la sueur.


— Bordel Maggie, reprends-toi. Ça fait trois ans.


Je retourne dans ma chambre après avoir passé de longues minutes dans la salle de bains. Je tente de retomber dans les bras de Morphée, en vain. Je me tourne et retourne dans mon lit, ne trouvant plus le sommeil. Je me lève et quitte ma pièce personnelle. J'entre dans la chambre en face de la mienne et laisse mon regard se balader sur les meubles. Les souvenirs remontent à la surface et je me retrouve au milieu de la chambre, les genoux au sol, les larmes coulant abondamment le long de mes joues. Pourquoi ? Pourquoi tout ça m'arrive à moi ? Je n'ai rien mérité de tout ça. La seule chose que je me souviens est de m'être allongée sur le sol et de m'être endormie.





18 février 2016


C'est le bruit de la porte qui claque qui me réveille brusquement. Des pas se font entendre puis plus rien. Je me lève afin de sortir de la chambre, mais la porte s'ouvre brusquement. Audrey se tient devant moi. Je passe à côté d'elle sans lui adresser la parole. Tout a changé... Je m'étais remise de mon traumatisme et tout s'est effondrée en un instant. Il a suffi de quelques secondes avant que mes démons reviennent me hanter. Je me dirige vers la cuisine et sors de quoi manger. Ma meilleure amie s'installe sur une chaise et me fixe, regardant mes moindres faits et gestes. Je hais quand elle fait ça. J'ai l'impression d'être une handicapée qu'on doit constamment surveiller de peur qu'elle fasse quelque chose qu'il ne faut pas. Je m'installe à table et bois une gorgée de mon jus d'orange.


— Quand est-ce que tu vas te reprendre en main, Maggie ? Ça va faire deux mois. Je sais que ça a été compliqué, mais tu es en train de te tuer petit à petit. Regarde-toi, bon sang ! Tu es hideuse.

REVIVAL » a.griezmannOnde as histórias ganham vida. Descobre agora