Partie 2 - Chapitre 7 : Les Smith s'agrandissent

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C'était une belle histoire d'amour comme seul Hollywood savait les faire. Un film de romance à gros budget et de beaux acteurs narrant l'histoire d'une femme carriériste qui se mariait avec son chauffeur à la fin. Un beau navet selon l'avis de Romane qui avait fini par s'endormir devant dans l'avion qui l'amenait à Omsk, là où sa nouvelle entreprise reprenait enfin du poil de la bête. L'été n'étant pas terminé, il faisait encore chaud et elle regretta de n'avoir apporté de vêtements plus légers.

Cela faisait un an qu'elle faisait des aller-retour constants entre cette ville et New York où Jason était resté. Il était en vacance et profitait de son absence pour rénover la salle de bain dans leur superbe appartement de l'Upper East Town. Elle s'était persuadée que Jason avait plus de goût que lui et lui avait donné carte blanche. Son nouveau travail dans un lycée public d'Harlem lui causait beaucoup de stress et elle aimait le voir s'éloigner un peu de tous ses problèmes. Néanmoins, il semblerait qu'il aimait tout de même son nouveau travail, rempli de bagarre en tout genre pour un mauvais regard et d'histoire de gamine de 14 ans mise enceinte par le fameux copain qu'elle ne reverrait jamais. Comme il le disait, il ne s'ennuyait jamais dans ce lycée et dit qu'il le préféra même au bon lycée privé catholique dans lequel il avait enseigné à Princeton. Romane trouvait cela étrange, mais tant qu'il était heureux, elle l'était aussi.

Et oui, Romane était heureuse à nouveau. Il y a trois mois, la clinique avait enfin réussi à la mettre enceinte et Jason était bien le père. Cela avait mis près de neuf mois pour que l'insémination fonctionne, mais elle avait enfin un petit enfant dans son ventre. Mis à part les nausées matinales, l'envie constante de faire pipi, ses bons aléatoires d'hormones colériques, ses jambes gonflées, le goût infect de certains aliments et le manque de vin, elle le vivait plutôt bien.

— Bonjour, Miss Smith, fit un garçon.

Une fois entrée dans les locaux de la Charon Tech, Romane ôta son manteau et serra la main du jeune homme. C'était son traducteur. Elle arrivait maintenant à se débrouiller en russe, mais elle se disait qu'il était préférable d'avoir quelqu'un qui pouvait traduire tous les mots, sans faute, pour que ses employés, un peu machistes il faut le dire, ne se moquent pas d'elle.

— Bonjour, Evguenij. J'ai entendu dire que les membres de l'équipe 4 avaient pris du retard ?

— Une histoire de canalisation qui a inondé le serveur. Ils vous en parleront dans la salle de réunion.

Il lui indiqua le chemin à suivre et elle se retrouva dans une salle, sans fenêtre, remplie de jeunes gens gringalets et pâles, plutôt bien habillés. Elle prit le siège en bout-de-table et s'assit tranquillement.

— Je vous écoute, leur dit-elle.

Un des managers prit la parole et lui expliqua en russe les divers retards pris dans le projet.

Le nouveau logiciel sur lequel ils travaillaient reprenait en tout point ce que Romane et le département de Princeton avaient réalisé, sauf que cette fois, elle avait amélioré cette histoire de « système à multiples soleils » pour ne se retrouver qu'avec un seul élément central. La collecte de données avait été elle aussi améliorée via l'idée de l'équipe d'ingénieure qui a réussi à diminuer le temps de réalisation des simulations par trois. Cette fois, ils ne travaillaient pas sur les prédictions de guerre et se sont surtout orientés vers des simulations d'inflation et de déflation pour les traders et les compagnies bancaires.

— Finalement, tu es bien retournée au monde bancaire, avait ri Jason. Je te l'ai dit, tu as la « fibre » Leroy.

Il aimait la taquiner sur le fait qu'elle ressemblait finalement de plus en plus à sa famille. Romane détestait cela et se promit de bien élever son enfant, mieux que les Leroy ne l'avaient élevée, à défaut de vouloir changer de cible pour sa clientèle.

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