Partie 1 - Chapitre 1 : Le Système Leroy

660 63 14
                                    

Voilà enfin ma nouvelle histoire. J'essayerai de sortir un chapitre par semaine, mais comme j'ai tendance à ne pas tenir mes promesses... :/ Bref, Bonne lecture. :)


Note : "Leroy" se prononce "Le-roi". À la française donc. Mais dans "Leroy Bank", ça se prononce "Li-roï". Cette fois à l'anglaise. C'est pas important, mais bon ^^.


Une femme mit au monde deux garçons. L'aîné s'avéra être un grand bosseur, doté d'une âme charitable et bonne. Il était intelligent et beau comme un astre. Le second, en revanche, était un hideux idiot, vil, fainéant, et on aurait pu lui trouver tous les défauts de la Terre. Un jour, tandis que le premier fils travaillait aux champs et que le cadet dormait sous un saule, la mère reçut la visite du Diable qui vint frapper à sa porte. Ce dernier lui tint alors ce discours : « Je suis venu te prendre un fils, mais je te laisse le choix duquel. » La femme lui répondit alors : « Écoutez, ce que vous me demandez est impossible, mais mon mari est derrière la maison. Prenez-le. »

Une mère, ça aime. D'un amour inconditionnel, paraît-il. Lorsqu'elle a un enfant, toutes les autres choses de sa vie lui semblent insignifiantes. Mais quand un nouveau venu arrive, une seconde fille par exemple, alors leur amour est divisé équitablement entre les deux, peu importe le caractère de l'enfant. Ils graviteront ainsi autour d'eux, telles deux planètes autour de leur soleil, et ceci jusqu'à la fin de leur vie.

Cela, c'est la théorie. Dans la pratique, la vie de Romane Leroy ne ressemblait pas à cette utopie. En fait, elle était persuadée que si le Diable était venu chez elle, sa mère lui aurait immédiatement donné sa tête. La raison ? Céline Leroy, sa sœur et principale actrice de ses maux.

Lorsqu'elles étaient jeunes, leurs parents semblaient les avoir aimées chacune autant que l'autre. Quelque part, l'amour qu'ils portèrent à Romane s'estompa pourtant, afin de se focaliser sur Céline, grande virtuose maniant le violon comme personne. Une fille donc égoïste, pourri gâté, égocentrique, tyrannique, mais indéniablement douée. Quant à Romane, elle n'était rien de tout cela. Elle n'était pas bête, or rien d'aussi extravagant que sa sœur, juste normale, comme elle se plaisait à le dire.

Même leur physique était aussi différent que possible : Céline était grande aux longs cheveux blonds bouclés, les yeux bleus et la mâchoire carrée ; un petit nez retroussé ; une forte poitrine et des jambes à faire pâlir de jalousie le stéréotype nordique ; et encore bien d'autres caractéristiques physiques entrant dans le champ lexical de la femme parfaite. Romane, en revanche, était petite et brune, aux yeux marron clair tirant vers l'orange. Ni grosse ni maigre, elle pouvait être considérée comme mignonne, si la beauté de sa sœur et sa personnalité ne l'éclipsait pas entièrement. Et c'était cela le problème : au fil des ans, Céline avait fini par totalement dissimuler Romane, qui n'était devenue que l'ombre d'elle-même dans sa famille, mais également pour le reste du monde.

Si on se souvenait de Céline la virtuose, on oubliait totalement « la sœur de Céline », puisqu'elle avait perdu le droit qu'on l'appelle par son prénom.

Tout ceci n'était pas de la faute de la prodigieuse sœur — pas en totalité en tout cas. Romane incombait surtout la responsabilité à ses parents qui avaient, à un moment de sa vie clairement, choisi leur préférée. Elle leur en aurait certainement moins voulu s'ils l'avaient fait de façon plus subtile. Ce n'était pas qu'ils l'avaient maltraitée, physiquement ou moralement, simplement qu'ils l'avaient oubliée. Elle se rendait bien compte que ce manque d'amour avait beaucoup pesé sur son épanouissement. Ses anciens petits copains le lui répétaient souvent, Romane avait besoin de bien plus d'attention qu'ils ne pouvaient alors lui donner et ils finissaient par se lasser avant de se séparer d'elle.

SystèmeWhere stories live. Discover now