III. Nox

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Des bruits dans le séjour la tirèrent de ses rêves. Hermione prit le temps de se préparer avant de rejoindre la famille Malfoy pour le petit-déjeuner. La maitresse de maison semblait aussi fraiche que si elle avait dormi une nuit complète, pourtant ils étaient rentrés tard hier soir et il n'était que huit heures du matin. Elle tenait sacrément le choc. Quand elle arriva, Drago lui lança ce même regard qu'il posait toujours sur elle et seulement elle. Ca la rendait toujours aussi confuse, elle ne comprenait pas pourquoi lui adresser un regard aussi tendre. Et le même schéma que le repas de la veille se dessina, un grand silence prit place et Narcissa y mit fin.

- Vous auriez dû venir avec nous hier soir Mlle Granger. La représentation était splendide, des acteurs hors du commun.

Elle se contenta de faire un sourire comme pour approuver. En effet, elle aurait adoré y aller, mais pas avec eux, tout sauf eux. Elle s'attendait à entendre une nouvelle fois la voix fluette de Narcissa, mais à la place, et à son plus grand étonnement, Drago prit la parole.

- Il y aura d'autres représentations, maman. Et je suis sûr que la prochaine fois Hermione se fera un plaisir de se joindre à nous.

Gênée, la gryffondor baissa la tête vers son bol, avala une lampée de lait. Il ne risquait pas d'y avoir de prochaine fois, cela faisait déjà trois jours qu'elle était ici. Dans quatre jours, elle pourrait donc enfin retourner auprès de ses vrais amis. Il serait fort étonnant qu'une autre représentation de Shakespeare ait lieu d'ici la fin de semaine.

- Eh bien, j'en serai effectivement enchantée mais d'ici dimanche, ça m'étonnerait que l'occasion se présente de nouveau.

- Elle se présentera peut-être après ce dimanche. Tu sais, tu auras l'autorisation de nous rendre visite aussi, après cette semaine.

- Drago !

Le ton du jeune homme était devenu ironique et moqueur, Hermione mettait ça sur le fait qu'elle l'avait un peu provoqué, en refusant son invitation. Le regard noir que lui avait lancé son père après avoir stoppé l'échange avait en tout cas fini de faire taire le garçon. Il n'attendit pas une minute de plus et se leva, disparaissant dans le couloir. Lucius ouvra la bouche, comme pour dire quelque chose mais se ravisa et quitta aussi la table, Hermione en fit de même. Elle alla directement se réfugier dans la bibliothèque, le seul lieu où elle savait que Malfoy ne mettrait pas les pieds. Elle tourna la poignée de l'immense porte en bois renfermant son sanctuaire. Un manque de discernement de sa part, Hermione réalisa qu'étant donné que c'était le seul lieu où elle se rendait, Malfoy l'y avait attendu. Il était assis sur la chaise du bureau où était posé, ouvert, le journal de Jedusor. Elle s'apprêta à ressortir et refermer la porte derrière elle, mais le blond se leva pour l'en empêcher. Le simple fait qu'il ne veuille pas qu'elle parte la poussa à rester, il l'intriguait. Elle se demandait encore comment le Drago Malfoy qu'elle avait connu, froid et narcissique, avait pu devenir ce garçon si mystérieux et avenant.

- Je ne veux pas de tes sarcasmes Malfoy.

- Ca tombe bien, je ne comptais pas ouvrir la bouche.

- Alors qu'est-ce que tu fais là ?

Il avait toutes les raisons du monde de pouvoir être dans cette pièce. Tout d'abord, parce que c'était son manoir, et qu'il avait plus de droit ici qu'Hermione n'en aurait jamais, même si, au fond, elle s'en fichait pas mal, ce n'était pas un endroit où elle désirait passer le restant de ces jours. Aussi, parce qu'il y avait là le journal, objet pour lequel il l'avait réveillée au beau milieu de la nuit, preuve qu'il s'en intéressait. Hermione avait commencé à se rapprocher, faisant craquer le vieux parquet sous chacun de ses pas. Elle lui tourna le dos et fit mine de chercher un livre, elle espérait qu'il prendrait la parole pour lui répondre, mais il n'en fit rien. Commençant à perdre patience, elle lui fit face, mais il était plongé dans sa lecture du journal. Elle ne l'avait jamais vu aussi sérieux, aussi attentif. Il tournait délicatement les pages, prenant soin de ne pas abimer les pages fragiles du manuscrit. La pièce était silencieuse, seul le frottement de ses mains contre le papier perturbait l'atmosphère. Elle n'avait jamais eu l'occasion de l'observer comme il fallait. Il était de dos, mais Hermione pouvait imaginer ses sourcils froncés, tous ses traits tirés et sévères, comme tout homme concentré. La lumière réfléchissait sur le blond de ses cheveux.

Elvis (Tomione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant