Phone Dating Game #Wattys2016

1. Au septième ciel

Dix-neuf heures passées. Je suis de nouveau seule. Chez moi, c'est le calme plat. Mais qu'importe ; la journée d'aujourd'hui a été la plus belle de toute mon existence. Si je pouvais remonter le temps et revivre ce moment de plaisir intense une nouvelle fois, je le ferais volontiers. Mais voilà, ce n'est malheureusement pas possible, hélas ! Rien est perdu : je pourrai retenter l'expérience d'ici peu, enfin je l'espère. Allongée sur mon lit, je fixe mon portable pendant un long moment. Mais rien. Aucun message, aucun appel. Peut-être est-il occupé... ? Je ressens le besoin de lui parler. J'aimerais qu'il fasse le premier pas pour une fois mais j'ai le pressentiment qu'il ne le fera pas. Comme toujours. Je ne peux plus attendre. Tant pis si je passe encore pour LA fille désespérée. Je saisis mon portable puis le repose.

Non, je ne dois pas céder à la tentation ! Oh et puis flûte, je tacherai de faire mieux la fois prochaine. Qu'est-ce que je pourrai lui dire ? C'est bien beau de vouloir lui parler mais si c'est pour ne rien dire, autant ne rien envoyer. Je vais lui dire que je suis bien rentrée, ce serait déjà pas mal ! Et hop, message envoyé. Et maintenant ? Eh bien, il ne me reste plus qu'à attendre gentiment qu'il me réponde. Vibreur. Ca y est, il me répond ! Pour une fois qu'il ne mets pas quinze plombs à me répondre... J'ouvre le message, brûlante d'impatience. Celui-ci ne contient qu'une seule syllabe. Deux lettres pour être plus précise : un « o » et un « k ». « Ok ». Génial. Ca lui est complètement égal de savoir que je vais bien. Je dis n'importe quoi. S'il s'en fichait, il ne m'aurait même pas répondu. Peut-être qu'il sera un peu plus bavard dans ses prochains messages...

Il faut que je mange un bout. Cela doit faire plus de dix heures que je n'ai rien avalée. C'est normal, je ne pouvais pas aller le voir, le ventre tout bedonnant. De quoi aurais-je eu l'air ? En tout cas, je ne regrette pas de l'avoir recontacté. Cela ne fait que trois mois que je ne l'avais pas revu mais ça m'a paru être une éternité. Trois mois sans voir son regard ténébreux, sans entendre sa voix envoutante, sans sentir sa peau douce et brûlante. Je soupire. Est-ce qu'il pense à moi en ce moment ? Est-ce qu'il pensera à moi, ce soir, avant de se coucher ? Pourquoi faut-il que je me pose toujours un tas de questions inutiles. Je secoue ma tête comme pour chasser ces multitudes d'interrogations.

Je regagne ma chambre après ce repas frugal. Je me rallonge sur mon lit. Sur mon portable, aucun message. Il doit être occupé (pour changer). Je cache mon portable sous mon oreiller. Peut-être que demain matin, quand je me réveillerai, il m'aura envoyé un petit mot doux. J'éteins la lumière, je me couche. Lendemain matin. Dix heures du matin. Je me réveille de bonne humeur. J'ai pensé à lui toute la nuit. Son regard scintillant, son merveilleux sourire. Je veux le revoir, j'ai besoin de le revoir. Je sors mon portable de sa cachette. Aucun message. Peut-être est-il encore en train de dormir. Je saute de mon lit et vais dans la cuisine. Je me sers un grand bol de céréales, avec beaucoup, beaucoup de pépites de chocolat. J'ai une de ses fringales ! Le petit déjeuner englouti, je file dans la salle de bain. Une bonne douche bien chaude me fera le plus grand bien. Je prends mon temps ; je me mouille, je me savonne, je me rase, je me rince. Mon corps est impeccable. Prêt à une nouvelle entrevue. Je reste un moment sous l'eau. Je chantonne, je souris, je m'amuse avec l'eau ; J'en mets dans ma bouche, puis je laisse tout dégouliner. Je pense à lui, encore et encore. Je l'ai dans ma tête, il envahit toutes mes pensées. Comme une de ces chansons dont on n'arrive plus à se débarrasser et qui trotte dans la tête pendant minimum trois jours d'affilée.

Il est dix-huit heures. La journée est passée au ralenti. Je ne me souviens d'ailleurs plus exactement de ce que j'ai fait pour tuer le temps. Mon portable en main, je pianote une phrase anodine : « Tu as aimé ? ». Nul besoin d'en dire de trop, il comprendra. Réponse quasi immédiate : « Oui ». Génial, on est passé de deux lettres à trois. Demain ce sera quatre lettres ! « Quand est-ce qu'on se voit ? ». Pourquoi lui ai-je envoyais ça ? Maintenant il va croire que ma vie se résume à lui... C'est le cas. Mais il n'est pas censé le savoir. Mais qu'est-ce que je raconte ? Il s'en doute déjà vu que c'est sûrement la raison pour laquelle il a cessé de répondre à mes messages pendant trois longs mois... Mais c'est du passé. Il ne me refera pas une chose pareille après ce qu'il s'est passé hier, il ne peut pas. Je fixe mon portable. Dix minutes, trente minutes, deux heures. Toujours rien. Les heures défilent et rien ne se passe. Je reste sur mon lit, je m'endors. Je me réveille en plein milieu de la nuit. Mon premier geste est de consulter mon portable. Il n'y a rien ; bien évidemment. A quoi je m'attendais ? Qui enverrait un message à quelqu'un à une heure aussi tardive ? Il me répondra demain, sans faute. Nous sommes le lendemain. Mon moral est au plus bas. Une journée entière est passée et aucun signe de vie de lui. J'essaie de rester calme. Il n'a peut-être pas eu le temps de me répondre. Il le fera prochainement, très prochainement.